En résidence au centre SAGAMIE : Louis Fortier

Mon travail de sculpture prend la forme d’un journal documentant mes états d’âme à la lueur des moindres replis de mon crâne. Objet d’étude choisi pour sa faculté à concentrer les traits distinctifs de l’individualité, la tête (en l’occurrence la mienne) est toutefois soumise aux aléas de programmes conçus expressément pour engendrer des refontes et des dérives. Si, au départ, les métamorphoses s’effectuent toujours à partir d’une réplique exacte de mon anatomie, ma perception fuyante a tôt fait de m’éloigner du modèle originel. Je joue à réévaluer, déplacer, recentrer les «fondements» de mon identité dans une tentative de traduire les accidents de la vie courante, la fugacité de l’existence et, plus indiciblement peut-être, les pensées furtives qui jalonnent le temps passé dans l’atelier.

Le procédé du journal m’est apparu comme la plate-forme toute désignée pour présenter mes investigations sur le temps. Dans mon esprit, une adéquation se forme entre le temps, notion élastique s’il en est une, et la cire, matériau que j’utilise pour sa malléabilité. Ainsi, l’instantanéité propre à mes procédés de moulage se confronte parfois à un temps d’ordre projectif dans lequel je vois défiler les étapes qui marquent le passage dans la vie. Cependant, entre ces deux appréhensions du temps, vient le plus souvent s’installer un temps suspendu, celui de la quête d’identité qui agit alors comme prétexte pour interpeller la condition d’errance que nous partageons tous.

Comme un leurre pointant l’éternité, j’introduisais plus récemment la photographie à ma pratique dans le dessein de capturer, avant qu’ils se volatilisent, quelques instants brefs qui avivent mes interminables essais d’atelier.

Louis Fortier vit et travaille à Montréal. Il détient une maîtrise en arts plastiques de l’Université du Québec à Montréal. Il a présenté une vingtaine d’expositions en solo et en groupe notamment au Centre d’art et de diffusion Clark (Montréal), à la Chambre blanche (Québec), à Plein Sud (Longueuil), à la galerie B-312 (Montréal), au Musée d’art contemporain des Laurentides (St-Jérôme), au Centre des arts actuels Skol (Montréal), à L’écart (Rouyn-Noranda) et à la Walter Philips Gallery (Banff). Son travail a fait l’objet d’une résidence au Centre Est Nord Est (St-Jean Port-Joli) en 1995 et à Axe néo-7 (Gatineau) en 2003. Il a participé à l’événement Arboretum qui s’est tenu à l’été 2000 à la Maison Hamel-Bruneau de Québec. Il a également participé à l’édition 1996 de la Biennale Découverte (Musée national des beaux-arts du Québec). Depuis 2000, il est coordonnateur à l’administration du Centre des arts actuels Skol.

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