En résidence au Centre SAGAMIE : Kinga Araya

Ma démarche conceptuelle et mon travail interdisciplinaire abordent les thèmes du déplacement (la marche) et de la communication (la parole). Ces deux formes de narrations que j’utilisent depuis les dernières années, sont liées à la notion de construction d’identité: d’un » soi » individuel et social. Mes sculptures, vidéos, dessins et performances mettent en perspective la problématique de la formation d’une identité reliée à une famille, un groupe, une communauté et une nation. Le mouvement ambivalent entre la dichotomie de l’intime par rapport au social, de l’individu par rapport au collectif et de l’esthétique par rapport au quotidien est vraiment important pour moi. Tout en traversant différents cadres socio-politiques, géographiques et culturels, j’observe le » soi » itinérant; mon identité en devenir. Je pose des questions de forme pure telles que: » qui suis-je ? » et » pourquoi suis-je où je suis ? «

Le phénomène de la marche et de la parole présent dans diverses cultures, pays et langages sont devenues une condition sine qua non de ma pratique artistique. Je remet souvent en question les affinités ressenties avec des groupes de personnes rencontrées durant mes déplacements. Quelle partie de moi est demeurée polonaise et aussi, à quel point suis-je devenue canadienne? Le moteur de mon travail artistique réside dans un désir impossible de créer un » soi » libre et authentique, qui substituerait la notion des origines prothétiques de notre identité socio-politique et culturelle.

Mon processus de création ouvre constamment de nouveaux champs d’indétermination qui traitent non seulement d’esthétique et de beauté mais aussi de relations de pouvoir. Cette volonté d’épuiser, ce besoin d’aller plus loin qu’un status quo, me place au milieu d’un espace hybride et me force à en faire une traduction par le biais des arts visuels. Et comme je travaille avec mon langage visuel, je réalise que je suis simultanément enracinée et déracinée.

Kinga Araya a développé une pratique interdisciplinaire en vidéo, performance et installation où elle explore le phénomène de la marche et de la parole au carrefour de différents langages et cultures. Originaire de la Pologne, elle vit au Canada depuis 1990. Kinga Araya détient un doctorat en arts visuels et histoire de l’art de l’Université Concordia. Elle vient d’obtenir une bourse postdoctorale de l’Université de Pennsylvanie, à Philadelphie, où elle poursuivra ses recherches sur la notion d’exil en relation avec le phénomène de la marche dans les pratiques contemporaines de la performance. Depuis 1996, elle a présenté ses oeuvres dans nombre d’expositions individuelles et collectives, de festivals et d’événements au Canada, aux Etats-Unis, en Pologne, au Royaume-Uni, en Yougoslavie, en Italie, en France, en Espagne ainsi qu’en Australie et au Liban. Araya est co-fondatrice et éditrice de Locus Suspectus, une nouvelle revue d’art et de culture.
http://www.kingaaraya.com

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