© E. Haram, 2013

Eman Haram et Shyra De Souza, vernissage le samedi 30 janvier à 17h à OBORO

Oumm-aah أمّاه – Élégie pour ma terre

L’expression أمّاه, prononcée oumm-aah en arabe, échappe à toute traduction exacte. Au sens littéral, elle réfère à la figure de la mère, mais englobe aussi le lieu d’origine ou la terre physique.

Faisant appel à un procédé de stratification, technique et métaphorique, Haram traite l’image photographique comme lieu d’archivage d’une conscience personnelle, collective et universelle. En ce sens, son travail est un hommage à une culture, à un peuple et à une terre assiégés depuis de nombreuses décennies. Ses œuvres honorent aussi le sanglot des mères, des enfants et de la terre elle-même. Dans un acte de foi, Haram transforme les quatre murs de la galerie en sanctuaire.

Puisant dans trois corpus reliés, Haram juxtapose ici l’image documentaire à des œuvres mythiques conçues à partir de photographies prises lors d’un séjour en Palestine et d’images issues d’archives historiques, créant un recueil iconographique évocateur. Si chacune des images manifeste un sentiment palpable de perte, ensemble, elles surpassent le désir postcolonial d’accès à un territoire de réparation et de réconciliation. Avec cette élégie à sa Palestine natale, Eman Haram soulève des questions universelles concernant les origines, le déplacement, la dépossession. Elle déconstruit également nos idées préconçues entourant les symboles et l’imagerie photographiques.

Eman Haram est une artiste interdisciplinaire aux origines et aux identités multiples, née à Damas de descendance palestinienne, Libanaise par symbiose après avoir vécu près de vingt ans dans la prodigieuse ville qu’est Beyrouth, Jordanienne par un détour du destin et Canadienne naturalisée. Après ses études supérieures en architecture et en histoire de l’art aux États-Unis, où elle a vécu et travaillé dans de nombreuses villes pendant plus de vingt ans, elle s’est installée au Canada en 2001 et habite aujourd’hui dans le grand interstice qui relie Montréal et Amman. Haram a présenté ses œuvres photographiques, ses installations et ses performances sur la scène locale (Fonderie Darling, Chantier lire, Atelier circulaire) et à l’international (Contemporary Istanbul, Musée national des beaux-arts de Jordanie, Casa Arabe Madrid, Festival international d’art des femmes, Alep, Dar Al Kalima College, Bethléem, Festival Amman image III).

Artiste multidisciplinaire de Montréal, Aaron Pollard créé et présente depuis le début des années 1990 des œuvres vidéo et des spectacles multimédias au Canada et à l’étranger. Il est diplômé de l’Emily Carr University of Art and Design et a obtenu une maîtrise en arts visuels de l’Université Concordia. Il travaille actuellement comme co-fondateur du collectif 2boys.tv et comme chercheur et responsable du secteur multimédia à OBORO.

Évolution du vestige

Je m’intéresse principalement à l’expérience illusoire de l’environnement bâti. Je collectionne et utilise plusieurs des objets et babioles mis à notre disposition par la société de consommation. Ma pratique est engagée dans un processus organique de tiraillement, fait d’ajouts et de retraits, de combinaisons de détails, mélangeant les positions binaires et créant de la dissonance pour faire ainsi douter de tout point de vue unique. Ce processus vise à trouver des manières de situer l’œuvre entre le subjectif et l’objectif, entre le personnel et l’impersonnel; c’est une œuvre dépourvue de récit déchiffrable que le regardeur est appelé à lire de manière purement expérientielle.

Je réaliserai une nouvelle œuvre in situ à l’aide d’objets usagés trouvés dans des boutiques d’occasion sur place. Je serai à la recherche de certains motifs et d’une sensibilité esthétique générale dans le contexte montréalais, dont je m’inspirerai pour élaborer une nouvelle forme sans cesse croissante. Jusqu’au 22 janvier, les Montréalais et Montréalaises sont encouragéEs à interagir en apportant leurs propres objets décoratifs afin qu’ils soient incorporés de manière permanente à l’installation, et jouent ainsi directement sur le sens de l’œuvre.

Shyra De Souza est une artiste interdisciplinaire qui vit à Calgary. Elle a étudié au département de sculpture de l’Alberta College of Art & Design où elle a obtenu un baccalauréat en beaux-arts avec distinction en 2006. En plus de poursuivre une pratique artistique en atelier, elle est active dans la communauté artistique à titre de bénévole et de membre de conseils d’administration, et s’est mérité de nombreuses bourses et résidences. Au début de 2014, elle a participé à la résidence « Re:Making » au Banff Centre, sous la direction de Peter von Tiesenhaussen. Dans son travail, elle se consacre principalement à la sculpture et à l’installation, de même qu’au cinéma d’animation, y compris le collage et le dessin. Ses œuvres ont été présentées au Canada, aux États-Unis et en Europe.

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