Du nouveau concernant le boycottage des activités culturelles par les enseignants

Malgré les engagements fermes pris après le premier grand boycottage des enseignants en 1999, le ministère de l’Éducation reconnaît n’avoir rien entrepris, ou si peu que pas, pour mieux intégrer les activités culturelles et sportives à l’école. Il renouvelle tout de même la promesse alors que s’amorce, avec le «grand dérangement» de l’automne, un troisième mouvement de boycottage en six ans.

«Nous n’avons pas travaillé à la suite des engagements de 1999», a reconnu Stéphane Gosselin, porte-parole du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), dans une entrevue au Devoir. «À la lumière de cette situation, le ministre de l’Éducation et la ministre de la Culture s’engagent à mettre sur pied un comité qui va réaliser le travail qui aurait dû être fait.»

Un des négociateurs patronaux de la prochaine convention collective des enseignants du Québec a ajouté que des demandes gouvernementales visent précisément à mieux baliser les sorties culturelles et sportives. «Au delà des bonnes intentions, nous avons des demandes précises pour faire face à ce problème», a révélé au Devoir Bernard Tremblay, directeur des relations de travail à la Fédération des commissions scolaires.

Au Québec, les sorties scolaires des élèves du primaire et du secondaire vers les musées, les théâtres ou les pistes d’athlétisme demeurent optionnelles. Dépendantes du bon vouloir des enseignants, elles varient énormément d’une école et d’une classe à l’autre.

Dès février dernier, la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) avait décidé de boycotter les sorties. La décision a grandement fait diminuer les achats de billets auprès des organismes culturels, qui se contentent des clientèles du réseau privé et de certaines écoles publiques résistantes au mot d’ordre de la FSE. Certaines salles de danse ou de théâtre prévoient perdre plus de la moitié de leur achalandage régulier si la situation perdure.

L’entente collective de 2000-02, en renégociation, ne mentionne pas précisément l’éducation culturelle dans la tâche des enseignants. La clause 8-6.02 portant sur la «tâche éducative» dit simplement que les «activités professionnelles» comprennent les «activités étudiantes».

Bernard Tremblay a affirmé que la négociation collective en cours pourrait permettre de corriger en partie la situation. «Les activités culturelles dirigées par les enseignants se font naturellement en temps normal, mais ces activités deviennent des cibles privilégiées en temps de négociation, a dit M. Tremblay, un des négociateurs gouvernementaux. Par exemple, quand un groupe quitte Trois-Rivières pour visiter des expositions à Montréal et que le voyage dure une dizaine d’heures, il est certain que l’horaire régulier de l’enseignant est perturbé et ne respecte pas complètement le cadre de fonctionnement prévu par la convention collective. Cette situation nous préoccupe et fait partie des enjeux abordés à la table de négociation.»

En clair, mais sans entrer dans les détails, M. Tremblay souhaite «modifier les paramètres de la tâche» pour faciliter les «activités étudiantes» en tout genre. De son côté, le porte-parole du ministère de la Culture avoue qu’il est trop tôt pour parler des objectifs précis du futur comité paritaire Éducation-Culture. «Mais il est clair que l’objectif général sera de définir les moyens pour assurer que les activités parascolaires ne seront plus prises en otage», a résumé M. Gosselin.

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