Dgino Cantin et Charles Guilbert en résidence chez Sagamie

Le projet qui sera publié au Centre SAGAMIE est autre chose qu’un livre. Il s’agit d’une rencontre, fabriquée. Nous sommes deux artistes aux cheminements différents. Nous ne nous connaissons pas réellement, nous étant rencontrés brièvement lors d’expositions. Cependant, nos pratiques artistiques se rejoignent, justement grâce à cette notion d’association. Pour Charles Guilbert, le dessin permet que «les choses banales et les choses existentielles arrivent à se côtoyer, et qu’elles se superposent même.»  Idée qui fait écho à celle de Dgino Cantin, qui s’intéresse à la «création d’images poétiques par le passage d’une chose à une autre et par le passage de ces choses d’un univers à un autre univers».

Nous avons donc utilisé ce projet de livre comme prétexte à la rencontre et à l’échange. Depuis bientôt deux ans, il est un lieu pour faire connaissance. Afin d’y parvenir, nous avons préalablement formulé et sélectionné vingt-quatre questions auxquelles nous répondons l’un et l’autre par un texte et une image. Cependant, cette conscience de l’autre ne s’exerce pas de manière intimiste, intrusive, mais plutôt de guingois, dans un registre métaphorique; c’est une reconnaissance de la véracité et de la confidence par le détour de l’imaginaire.

Nous voulons construire ce livre comme un chiasme visuel afin qu’un jeu de référents formels en quatre temps s’active, que les sens se croisent et que les lectures foisonnent. Par la disposition de nos réponses respectives, plusieurs tensions agiront : entre l’image de l’un et le texte de l’autre, qui se côtoient verticalement sur chaque page; entre l’image et le texte de chacun, qui se côtoient horizontalement sur la double page; mais aussi, à l’oblique, entre nos deux images et entre nos deux textes.

Charles Guilbert est un artiste au parcours rhizomatique. Intéressé par le quotidien et les rapports humains, il cherche à saisir le réel à travers le langage écrit et parlé. Il a notamment publié Les Inquiets aux Herbes rouges en 1993 et Le beau voyage éducatif aux éditions Dazibao en 2004. Il œuvre aussi en vidéo, individuellement ou avec d’autres artistes; pour son travail en duo avec Serge Murphy, il a reçu en 2004 le prix Bell Canada décerné par le Conseil des arts du Canada. En arts visuels, on a pu voir son travail, entre autres, à la Manif d’art 3 (2005), chez Joyce Yahouda (Duo, 2005), à B-312 (Carrousels, 2002) et au Musée d’art contemporain de Montréal (Les Personnes, avec Nathalie Caron, 1997).

Dgino Cantin dessine, photographie et assemble des objets. Il s’intéresse aux zones de flottement poétique qui peuvent naître de différentes associations. Il présente sa première exposition solo en 2004 (Pour la suite des choses), pour laquelle il reçoit, lors du gala des Prix d’excellence des arts et de la culture de la ville de Québec, le prix Videre Relève. En 2006, il participe aux Inclassables, une résidence de six mois en France. Il y présente une exposition individuelle (Hirondelle à main et autres petits objets) et participe à Itinéraire, biennale d’art contemporain. Au Québec, ses installations ont été présentées lors d’expositions individuelles et collectives, dont la Manif d’art 3 (2005). Récemment, on a pu voir son travail chez VU à Québec (Les Manipulations, 2009).  http://www.dginocantin.com

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