Coupures budgétaires aux Affaires étrangères : Le Mouvement pour les arts et les lettres émet une déclaration pour lecture publique

Coupures budgétaires au fédéral
Les membres du Mouvement pour les arts et les lettres interviendront publiquement

Le Mouvement pour les arts et les lettres manifeste publiquement sa profonde inquiétude devant les réponses laconiques, voire erratiques, du ministre Peter MacKay et de la ministre Bev Oda aux questions soulevées par les médias et à la Chambre des Communes, la semaine dernière, à propos des coupures de 12 millions de dollars dans le budget des Affaires étrangères du Canada pour la Diplomatie ouverte. Ces coupures font partie d’une vaste opération de compressions annoncées dans le dernier budget du gouvernement Harper et qui s’élèvent à plus de deux millards de dollars sur deux ans. Cette » stratégie budgétaire » affectera tous les ministères, y compris celui du Patrimoine canadien.

Pour tenter de ramener à la raison un gouvernement qui, de toute évidence, coupe à l’aveugle et use, pour se justifier, d’arguments aussi fallacieux que celui de vouloir assurer une meilleure utilisation des fonds publics, le Mouvement pour les arts et les lettres invite tous les artistes, artisans, écrivains et travailleurs culturels à profiter des occasions qui leur sont offertes, cette semaine et dans les semaines à venir (spectacles, expositions, salons du livre et des métiers d’art, colloques, forums, lectures publiques, entrevues, etc.), pour communiquer à leurs publics le texte de la présente déclaration :

» Si je m’adresse à vous, c’est pour vous faire part de l’inquiétude profonde dans laquelle est plongé le milieu des arts et des lettres depuis plusieurs semaines.
Nous sommes ébranlés par l’annonce de la réduction du budget des Affaires étrangères du Canada pour la Diplomatie ouverte, enveloppe dont dépendent l’aide aux tournées internationales et les missions culturelles canadiennes à l’étranger. Cette réduction de 12 millions de dollars sur deux ans fait partie des coupures de deux milliards de dollars annoncées au dernier budget fédéral.

Le milieu culturel a vivement réagi à cette annonce de coupures pour une raison bien simple : une part importante, voire essentielle, de la diffusion de nos créations québécoises s’exerce hors frontières, qu’il s’agisse de danse, de théâtre, de musique, d’arts du cirque, de cinéma, d’arts visuels, d’arts médiatiques ou de métiers d’art. Couper l’aide aux tournées et à toute autre forme de diffusion de nos oeuvres québécoises sur la scène internationale, c’est menacer l’existence même de la création artistique! Suite à la mobilisation du milieu, le gouvernement a finalement fait savoir que le programme Promotion des arts, qui soutient la diffusion internationale, serait maintenu… mais la question demeure quant à la hauteur des crédits qui seront alloués puisqu’ils étaient déjà insuffisants.

Par ailleurs, les médias confirmaient la semaine dernière des coupures importantes aux budgets destinés aux actions culturelles dans les ambassades, centres culturels et Hauts-Commissariats canadiens. Des postes de représentants culturels à Paris, Londres et Berlin sont menacés. Ces centres, effervescents et intéressés à accueillir nos artistes québécois, toutes disciplines confondues, se voient ainsi privés des moyens pour promouvoir les arts et la culture canadienne et pour accompagner nos créateurs, sur le plan stratégique et opérationnel, dans leurs activités de diffusion et de rayonnement sur la scène internationale.

Enfin, le gouvernement a aussi annoncé, pour cette année, des coupures de l’ordre de 32 millions de dollars au budget du ministère du Patrimoine canadien. Comme on le sait, ce ministère intervient de multiples façons dans le domaine des arts, en soutenant des projets d’infrastructures, des écoles professionnelles d’art, des équipements de création, de production et de diffusion, des musées, des diffuseurs spécialisés répartis sur l’ensemble du territoire, etc. Sabrera-t-on dans des programmes essentiels à la pratique des arts et à la vie culturelle de nos villes et régions? Devant le silence de la ministre Oda, on appréhende le pire…

Si nous voulons que notre communauté artistique continue à créer, à produire, à diffuser ici et à l’étranger; si nous voulons que la présence du Québec et du Canada dans le monde ne soit pas que militaire ou utilitaire, mais hautement représentative de notre identité et de notre vitalité artistique et culturelle, nous devons agir maintenant. Tous ensemble, solidaires, faisons savoir à Peter MacKay, ministre des Affaires étrangères et à Bev Oda, ministre du Patrimoine canadien, qu’ils ne peuvent impunément sabrer dans les budgets alloués aux arts et à la culture sans porter une atteinte grave à tout un pan, voire à l’ensemble, de notre communauté.
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Le Mouvement des arts et les lettres regroupe huit organisations nationales et treize conseils régionaux de la culture du secteur des arts et des lettres, qui représentent près de 14 000 artistes professionnels, artisans, écrivains et travailleurs culturels. Le Mouvement pour les arts et les lettres est constitué du Conseil québécois du théâtre, du Conseil québécois de la musique, du Conseil des métiers d’art du Québec, du Conseil québécois des arts médiatiques, du Regroupement québécois de la danse, de l’Union des écrivaines et écrivains québécois, du Regroupement des centres d’artistes autogérés du Québec, d’En Piste – le regroupement national des arts du cirque – ainsi que des conseils régionaux de la culture de l’Estrie, de l’Abitibi-Témiscamingue, de la Montérégie, du Saguenay, de la Mauricie, du Centre du Québec, de l’Ouatouais, des Laurentides, de Lanaudière, du Bas-Saint-Laurent, de la Côte-Nord, de la Gaspésie et de la région de Québec-Chaudière-Appalaches. La mission des conseils régionaux de la culture est d’appuyer le développement des arts et de la culture dans leur région.

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