Bulletin : l’arca dans la poche

 

Prise de risque artistique sans prise de risque organisationnel?

Par Anne Bertrand
Directrice, ARCA
 

Ces derniers temps, des événements – certains publics, d’autres non – ont secoué la communauté des centres d’artistes autogérés et sont venus rappeler le rôle crucial que jouent, au Canada, les conseils d’administration (CA) des organismes à but non-lucratif en autogestion artistique et des membres, en général. Les membres des CA sont responsables de voir à la santé organisationnelle, même s’ils sont souvent les personnes les moins en contact avec les activités quotidiennes. À lui seul, ce paradoxe inhérent au fonctionnement des organismes à but non-lucratif représente souvent la plus grande source de tensions au sein des organisations.

Dans une organisation gérée par ses propres membres, quel est le rôle des administrateurs si ce n’est d’assurer que cette tension intrinsèque, fondamentale reste productive en mettant et en maintenant en place les processus essentiels à la gouvernance même des plus petites démocraties? Aussi imparfaite soit-elle, la démocratie reste l’espoir de faire en sorte que les usagers – les parties prenantes de tout projet de société – ont des occasions clairement déterminées et délimitées d’exprimer leur point de vue sur les décisions qui pourraient mettre leur organisation en danger : autrement dit, des assemblées des membres régulières ou spéciales, conformément aux règlements et aux pratiques exemplaires qui ont cours. Quand on prend le temps d’examiner nos structures, nos contrats d’embauche, nos politiques et nos processus décisionnels, on prend soin de notre organisation et, du même fait, on réduit les risques liés à ses responsabilités.

Le rôle de l’administrateur, en fin de compte, pourrait se résumer à quelques points fondamentaux. Ça veut dire, notamment, assurer la stabilité financière et le bien-être général de l’organisation, embaucher les bonnes personnes, superviser et évaluer l’équipe de gestion et le personnel. L’administrateur doit aussi mettre en place un plan de transition pour minimiser la perte de savoir organisationnel et atténuer d’éventuels risques financiers. Autre tâche capitale, compte tenu du roulement important de bénévoles dans les centres d’artistes autogérés, l’administrateur veille à ce que l’organisation soit dotée de politiques pour gérer la planification, le recrutement et l’orientation de la relève du CA. Aucune de ces responsabilités n’est hors de portée, même pour les structures les plus petites et les plus inexpérimentées, et elles devraient être vues comme des occasions de consolider l’appartenance à la culture de l’autogestion artistique – son rôle, sa culture et ses méthodes.

Alors, ça fait un moment que vous n’avez pas revu vos règlements ou vos lignes directrices en matière de gouvernance? C’est peut-être le temps d’inviter vos membres à s’investir dans la vie de votre organisation. Pourquoi pas profiter de votre prochaine assemblée annuelle pour passer en revue vos processus décisionnels et les faire connaître aux membres et aux usagers de votre organisation?

> À propos de la responsabilité du CA

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