Bilan de la campagne 2004 : Ensemble nous avons réussi!

Ensemble nous avons réussi!
Bilan de la campagne 2004
Mouvement pour les arts et les lettres (M.A.L.)

Reportons-nous à l’automne 2003. Le comité stratégique du M.A.L. se réunissait pour rencontrer un représentant de la ministre de la Culture et des Communications (MCCQ), madame Line Beauchamp. Lors de cet entretien, le représentant de la ministre nous annonçait que l’année 2004-2005 allait être difficile pour le secteur des arts et des lettres et plus généralement pour tout le milieu culturel québécois. Il nous a alors expliqué que le service de la dette du ministère allait croître de près de 30 millions $ en raison des projets de construction et de réfection d’infrastructures culturelles : tous des projets engagés sous le précédent gouvernement dans le cadre du programme Agir. Le budget d’immobilisation du MCCQ allait donc passer de 90 à 120 millions $ au cours de l’année. Sachant que ces projets étaient tous nécessaire au milieu culturel, il était aussi inconcevable de dénoncer ces investissements que de voir le milieu les assumer par des compressions dans les programmes. L’inquiétude était semée : dans le contexte économique difficile, récemment annoncé, d’une impasse budgétaire de près de 3 milliards $ pour le gouvernement du Québec, comment pouvions-nous espérer que notre trou de 30 millions $ anticipé allait être réglé? Si la culture et notre identité figuraient désormais au rang des missions essentielles de l’État, en théorie, au côté de la santé et de l’éducation, qu’en serait-il en pratique? La campagne 2004 du M.A.L. était lancée!

Comme vous vous rappellerez sans doute, cette campagne s’est développée en trois temps : alerte jaune, alerte orange et alerte rouge. L’alerte jaune a donc été lancée au début de février 2004. Cette première étape aura surtout consisté à s’assurer que tous les artistes, artisans et travailleurs culturels comprennent bien l’ampleur du problème qui nous attendait au dépôt du budget 2004. Le M.A.L. a donc dû diffuser plusieurs textes qui permettraient de bien comprendre la situation et surtout de faire circuler cette information. L’alerte orange consistait quant à elle à informer, dans un premier temps, les membres des conseils d’administration des associations nationales et des conseils régionaux de la culture composant le Mouvement. Dans un deuxième temps, le M.A.L a organisé à Montréal et à Québec deux rencontres avec les artistes, artisans et travailleurs culturels afin de porter le message de la catastrophe budgétaire anticipée. Par ailleurs, cette deuxième étape était aussi celle où les artistes ont interpellé en très grand nombre la ministre de la Culture, le ministre des Finances et le premier ministre par l’envoi de près de 4000 lettres réclamant le maintien des acquis en culture. Cette alerte orange permettait donc de mobiliser le milieu culturel en prévision de l’alerte rouge. Cette dernière alerte a culminé le 9 mars dernier alors que plus de 2000 d’entre-vous sont venus à la Place d’Armes à Montréal pour manifester et dire au gouvernement de ne pas mettre la culture dans le rouge.

Le 30 mars dernier était déposé le budget 2004 du gouvernement du Québec et la culture y a été épargnée. Certes, aucune nouvelle somme n’a été injectée en culture et seuls les acquis ont été préservés mais le MCCQ demeure un des seuls ministères à avoir vu son budget augmenter. À la lecture du livre des crédits 2004, on constate donc que hormis les sommes nécessaires pour régler le problème des immobilisations, plusieurs sommes ponctuelles ont été rendues récurrentes au Conseil des arts et des lettres (1,8 millions $ répartis entre l’Orchestre symphonique de Québec, les Grands Ballets Canadiens de Montréal et le volet création de la politique d’aide au cinéma). De plus la politique d’aide au cinéma a été rendue récurrente en accordant 11 millions $ à la Société de développement des entreprises culturelles et à Télé-Québec. Enfin, les bases d’un filet de sécurité sociale pour les artistes ont été jetées avec des mesures telles l’étalement du revenu, la prime au travail, etc.

Il est évident que la revendication du M.A.L demandant que le budget du CALQ soit porté à 90 millions $ n’a pas été entendue, mais la rareté des surplus budgétaires ne nous aura pas rendu la tâche facile. À cet effet, la consultation prochaine de la ministre de la Culture, Line Beauchamp, sur l’investissement en culture sera le lieu idéal pour rappeler au gouvernement que la meilleure façon d’améliorer les conditions de vie et de création des artistes est de leur offrir la possibilité de travailler : en augmentant le pourcentage de bourses accordées de 33% à 50% et en haussant les sommes allouées aux organismes. Cette hausse du budget du CALQ à 90 millions $ est minimale face aux besoins, mais elle peut se transformer en un levier efficace pour générer dans chaque organisme des revenus autonomes deux fois plus importants.

Ce qu’il faut cependant retenir de cette campagne 2004 du M.A.L. est sans nul doute le pouvoir et le poids politique des artistes. La coordination du Mouvement et vos efforts personnels nous auront plus que jamais servi à faire pression sur le gouvernement du Québec. Sans les nombreux artistes, artisans et travailleurs culturels; sans vos lettres et vos courriels, sans votre présence lors de cette manifestation mémorable du 9 mars dernier, rien de tout ça ne se serait réalisé. Grâce à votre concours nous avons su préserver les acquis du milieu culturel.

Le Mouvement pour les arts et les lettres souhaite donc vous adresser ses remerciements les plus sincères pour vos efforts. Vous êtes les 15 000 raisons de notre succès! Merci.

Le Mouvement pour les arts et les lettres

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