Ane-Marie Fortin – Espace de réfection. Rencontre festive le dimanche 1er octobre à 14 h

Ane-Marie Fortin – ESPACE DE RÉFECTION

RENCONTRE FESTIVE
Dimanche 1er octobre 2006 à 14 h
Sur le terrain du 339 rue Reynolds, Granby

INTERVENTION ÉPHÉMÈRE visible à partir du 1er octobre jusqu’à ce que la neige la recouvre.
Lieu: Une partie des rues Papineau, Reynolds, Saint-Viateur et Roy (nord-sud) entre les rues Lafontaine et Bourget (est-ouest), à Granby

Ane-Marie Fortin est en résidence du 5 septembre au 1er octobre 2006 dans le cadre de la programmation Champs d’intérêt : infiltrer, habiter, spéculer

Par son travail, Ane-Marie Fortin veut semer le doute, remettre en question l’acuité de nos perceptions et nous
amener à adopter face à celles-ci une attention nouvelle. Elle souhaite principalement libérer de ses limites la
perception que nous entretenons à l’égard des objets du quotidien. Selon l’artiste, c’est hors du joug contraignant
qui lie ceux-ci à leur fonction dans un rapport obligé que nous découvrirons tout leur potentiel sensible. Son
entreprise, comme celle de nombreux artistes contemporains, vise à réactiver le regard et souhaite déconditionner
celui-ci de ses réflexes étriqués. Pour y parvenir, il faudrait se concentrer sur nos sensations et faire l’effort de les
découvrir « comme si c’était la première fois qu’elles étaient vécues ». De cette façon seulement pourrions-nous
nous soustraire de nos préjugé perceptuels. Ainsi, comprendre sa propre perception conduirait à se comprendre
soi-même. C’est dans cette visée que l’artiste s’affaire à transfigurer le banal et cherche à créer l’événement au
sein de l’ordinaire. Elle entreprendra donc, dans le cadre de la programmation Champs d’intérêt, un projet
d’infiltration à même l’espace public d’un quartier ciblé de Granby. D’un point de vue technique, son projet opère
simplement : il s’agit d’insérer l’empreinte d’objets de petites dimensions dans les crevasses de trottoirs effrités de
ce quartier. Ces artefacts seront d’abord recueillis auprès de citoyens propriétaires pour être ensuite moulés et
dupliqués dans un plâtre doté d’une durabilité spéciale. Si d’emblée la copie implique les notions d’unicité et de
rareté de l’original, la démarche d’Ane-Marie Fortin adopte à cet égard une posture tordue, en s’intéressant
davantage à la contrefaçon d’objets anodins, issus du monde de la production industrielle de masse, qu’à ceux
jouissant de l’aura particulier de la préciosité et de l’exception.

C’est lors d’un repérage préparatoire à sa résidence au 3e impérial, qu’Ane-Marie Fortin a choisi le Chantier Saint-Joseph comme contexte d’intervention pour son projet ESPACE DE RÉFECTION. Elle a su trouver à cet endroit un environnement qui fait résonner pertinemment ses préoccupations artistiques liées aux notions de copie, de série et de banalité. Le Chantier Saint-Joseph est un projet de coopérative d’habitations initié à la fin des années 1940 par un groupe de citoyens de Granby. Ce développement résidentiel est principalement caractérisé par la grande uniformité typologique de ses habitats (dimension, forme, modénature). Cependant, sous cette apparente conformité, on arrive à déceler une certaine tension. C’est sans doute le décalage entre cette extrême régularité formelle et le besoin manifeste d’individualisation transcrit dans de multiples variantes de décoration et d’aménagement paysager qui a su intéresser l’artiste. Il y a là comme un désir réitéré de faire sa propre « maison modèle » et de rompre avec le moule.

Ane-Marie Fortin prépare actuellement un doctorat en études et pratiques des arts à l’Université du Québec à Montréal. C’est principalement par le biais de la sculpture et de l’installation qu’elle poursuit une réflexion sur la perception, la subjectivité et le potentiel sensible inscrit dans la matérialité des objets du quotidien. Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions individuelles et collectives, au Québec et en France, notamment à Montréal lors des évènements Espace Émergent, tenu à l’ancienne usine de l’American Can (2003) et La Sporadique, organisé par le collectif Pique-Nique (2005).

Remerciements : Les résidants du quartier no. 6, Gérard Mercier, René Daunais, Gabriel Hébert, André Tétreault, Jean-Guy Arbourg, Léon Côté, Rolland Quintal, Lise Thibault, Rita Sylvain, Jean Durocher, Alice Lussier, Thérèse Durocher et plus particulièrement Thérèse Mongeau. Richard Racine de la Société d’histoire de la Haute-Yamaska et la Ville de Granby.

Le 3e impérial est un centre d’essai en art actuel qui allie à la résidence d’artiste, la production, la diffusion et la mise en contexte de l’art sur un territoire signifiant tout en favorisant l’émergence de nouvelles pratiques d’art public qui infiltrent l’environnement géographique et social, urbain et rural. Depuis sa fondation en 1984, le 3e impérial loge dans l’ex-usine Imperial Tobacco au coeur d’une région caractérisée par le dynamisme des échanges féconds entre agriculture et industrie. C’est dans ce terreau que se conjuguent les processus d’un art public tout terrain qui se téléscope dans les espaces urbains et ruraux.

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