À quelques jours de l’élection, où en sont les partis politiques sur les demandes du Mouvement des arts et des lettres?

Voici, une semaine avant l’élection du 26 mars, les positions des partis sur le financement du Conseil des arts et des lettres du Québec.

Le Parti libéral du Québec n’a promis, dans sa plateforme, aucune augmentation au budget du CALQ. Il a préféré faire état de son bilan en ce qui concerne ce budget, affirmant entre autres que celui-ci a augmenté de 14, 5 millions de dollars sous son administration. Cette affirmation est contestée par le MAL parce que rien n’est allé au fonctionnement des organismes ou aux bourses. En réalité, il s’agit de sommes dédiées ou investies dans le programme Placements Culture. Signalons toutefois cette promesse du Parti Libéral de « négocier une entente relative à la culture et aux communications », avec le gouvernement fédéral, « pour préciser les rôles et les responsabilités de chaque gouvernement dans ces domaines clés ». On peut supposer qu’une telle négociation ne serait pas sans effet sur l’avenir du Conseil des Arts du Canada au Québec et le financement de nos organismes.

Au Parti Québécois, on continue de jouer l’ambiguïté. Dans l’Annexe financière à la Feuille de route (programme du parti), il est écrit que 10 millions vont aller au soutien aux arts et à la culture sans préciser que ces sommes sont réparties sur cinq ans, ce qui nous donnerait deux millions de dollars par année. Or, en conférence de presse, hier au théâtre Espace Go, Monsieur Boisclair a répondu à une question de Bastien Gilbert soulignant la modestie de cette somme, que le PQ investirait 10 millions par année au Conseil des arts et des lettres du Québec pendant trois ans, ajoutant que le total était ainsi de 30 millions. Cette annonce était la bienvenue, sauf que, dans le communiqué émis par le PQ en date du 18 mars 2007, on reprend des termes ambigus et je cite : « Un gouvernement du Parti Québécois investira 10 millions $ par année à terme pour favoriser la création québécoise notamment en augmentant les budgets consacrés aux arts et à la culture. » Qu’est-ce qu’une année à terme ? De toute façon, concluons que la parole de Monsieur Boisclair nous suffira pour le moment. Il a aussi ajouté que cette somme pourrait être revue, si le besoin s’en faisait sentir. Donc, une porte ouverte sur de futures négociations.

L’Action démocratique du Québec fait état dans son programme d’une seule mesure à l’égard de la culture, qui se lit comme suit : Donner un soutien accru à la culture. Reconnaître les grandes réussites du milieu culturel, autant ici au Québec, qu’ailleurs dans le monde, et ce, en apportant un soutien accru au secteur de la culture. Notamment,l’ADQ entend financer directement les créateurs plutôt que la bureaucratie et reconnaître véritablement leur statut. Lorsque nous avons rencontré Monsieur Gilles Taillon, président de l’ADQ, nous avons contesté cette mesure en soulignant que le CALQ accomplissait cette distribution d’argent aux créateurs, en ne prenant que 8% de son budget en frais administratifs. Il s’est rendu à notre raisonnement qu’on pouvait garder le CALQ en vie, vue sa bonne performance ! D’où, peut-être, l’annonce d’hier faite par Mario Dumont que l’ADQ investirait 20 millions de dollars dans la culture. Voici un extrait d’un article du Devoir du lundi 19 mars qui cite Monsieur Dumont : « On veut investir davantage en culture, avec vraiment un souci pour les créateurs », dit-il, en augmentant l’enveloppe globale réservée au ministère de la Culture, en privilégiant le Conseil des arts et lettres. Combien au CALQ ? On l’ignore.

Québec solidaire a annoncé la semaine dernière que 60 millions de dollars seraient ajoutés à la culture, essentiellement des sommes qui iraient au ministère de l’Éducation pour que les étudiants, du primaire au collégial, assistent à quatre manifestations artistiques chaque année. Rencontrée le 9 mars dernier, Madame Françoise David a convenu avec nous que cette façon de distribuer ces sommes aux organismes n’apportaient rien aux centres d’artistes dont les activités sont gratuites. Elle a convenu qu’une telle mesure favoriserait les arts de la scène et que, dans l’hypothèse d’une prise de pouvoir, 20 millions de la somme promise pourraient être redistribuées autrement (les remettre au Conseil des arts et des lettres a été évoqué, mais on est resté dans le flou).

Au Parti Vert dont la plateforme annonce une étrange mesure pour aider à la mise sur pied de coopératives d’artistes amateurs et semi-professionnels ( !), le candidat Olivier Adam a toutefois annoncé, lors d’un débat à la radio de Radio-Canada le samedi 10 mars dernier, que son parti investirait 100 millions de dollars supplémentaires au Conseil des arts et des lettres. « Augmenter le financement du Conseil des arts et des lettres du Québec de plus de 100M $ pour atteindre un budget d’environ 180M $ et ainsi permettre l’épanouissement de nombreux projets dans tous les domaines de créations et de performances. » Ces sommes proviendraient d’une taxe spéciale de 20% sur la publicité nationale ( ?). Cette annonce n’est pas incluse dans la plateforme, mais fait l’objet d’un communiqué sur leur site.

En conclusion, on peut affirmer que les revendications du MAL ont été répercutées pendant la campagne électorale. Et qu’à part le Parti Libéral et Québec solidaire, les partis promettent des mesures d’augmentation du budget du CALQ. Rappelons que, depuis le mois de janvier, le MAL a rencontré les représentants de trois partis (PQ, ADQ et Québec solidaire), écrit des lettres ouvertes, rédigé des communiqués, organisé une conférence de presse à Québec le 13 mars dernier et été présent à plusieurs débats qui mettaient en présence les représentants des divers partis. De même, de nombreuses entrevues aux médias ont été accordées par Stanley Péan et Bastien Gilbert.

Quels seront les résultats de toutes ces actions ? Nous devons conclure que si le Parti libéral est réélu, nous n’obtiendrons rien pour le budget du CALQ. Rien durant les quatre années précédentes. Rien durant les prochaines. Huit ans, c’est long ! Les deux autres partis susceptibles de former le prochain gouvernement, le PQ et l’ADQ, ont tous deux pris des engagements financiers à l’égard du CALQ. Souhaitons-leur donc bonne chance…

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