Tanya St-Pierre, Philippe-Aubert Gauthier et Nelly-Ève Rajotte, vernissage le jeudi 26 mai à 17h chez Action Art Actuel

TÉLÉTOXIE – Tanya St-Pierre, Philippe-Aubert Gauthier

Action Art Actuel présente Télétoxie, une installation multimédia produite par Tanya St-Pierre et Philippe-Aubert Gauthier. Télétoxie est la sixième et dernière  exposition présentée dans le cadre de la série Ondes, immanence ou matérialité, dirigée par Eric Mattson, commissaire pour la programmation 2010-2011. Le vernissage aura lieu le jeudi 26 mai à 17h en présence des artistes et du commissaire.

Télétoxie est telle une concrétion exacerbée des subtils changements culturels qui habitent l’explosion du jeu vidéo militaire. Comme un poison, une arme sournoise, qui opère à distance, comme une télétoxie.

Si, lors du siècle dernier, le développement des transports a grandement participé à la mise en espace et en fonction de la ville comme on la connaît, les techniques de télécommunication poursuivent la transformation du tissu urbain et social en accélérant le processus de déplacement : en abolissant l’idée de distance par la télécommunication instantanée. Et ce, en créant une nouvelle notion d’urbanité associée à l’outillage de la télécommunication et de la virtualisations des échanges.

Parmi ces techniques de virtualisation, on retrouve le jeu vidéo. Joué en réseau, il devient  la mise en scène pour une forme de communication réduite, entre des êtres anonymes. Vu la popularité des jeux de combat, cette représentation implique souvent une militarisation de l’espace urbain et des rapports violents entre les joueurs. Ce projet se pose à la croisée historique et thématique de ces considérations.

Tanya St-Pierre et l’aspect visuel. L’anonymat présent dans le monde virtuel, par exemple dans les jeux vidéo du type FPS («First Person Shooter»), implique la disparition de la première personne réelle au profit d’un personnage principal, unique, mais partagé par des joueurs isolés. La caméra devient les yeux du joueur, représenté par une main armée bizarrement simplifiée. Cette notion d’avatar a inspiré la figure anonyme, élément qui se répète et se multiplie à l’intérieur de l’installation. Les drapés noirs sont une référence directe à la faucheuse, représentation populaire de la mort et de l’image du corps mort gisant sous un drap et rangé à la morgue. Ce corps, habituellement étendu à l’horizontal, est placé debout, à la vertical, à l’intérieur de photomontages, suggérant ainsi que l’ensemble des figurants virtuels qui habitent les jeux vidéo ne sont là que pour se faire abattre. L’évocation de la mort a pour intérêt de susciter une réflexion autour de la violence extrême banalisée à l’intérieur de l’univers des jeux vidéo.

Philippe-Aubert Gauthier et l’aspect sonore. Pour la création d’un paysage sonore, les techniques et les algorithmes de synthèse d’effets sonores utilisés dans les jeux vidéo furent sollicités, puis altérés. L’objectif était de réaliser une composition sonore générative, spatialisée en temps réel et à l’échelle humaine. Pour le spectateur, parcourir cette constellation de sons stéréotypés (feu, armes, machines, robots, etc.) reproduit  un environnement sonore militarisé complet, tout aussi inquiétant que mystérieux et poétique, tel un temple schizophonique du jeu vidéo.

Les artistes remercient : le Conseil des Arts et des Lettres du Québec pour leur support financier en Arts Médiatiques, Oboro pour l’accès à leur studio et leur support, la Ville de Sherbrooke pour leur support financier, Diapason Sound Gallery et Michael F. Schumacher pour un accueil en résidence et Les Productions Recto-Verso pour leur support et un accueil en résidence.

Tanya St-Pierre

Artiste visuelle originaire de Gatineau (Qc, Canada), Tanya St-Pierre vit et travaille actuellement à Sherbrooke (Qc, Canada). Elle obtint en 1998 un baccalauréat en arts plastiques de L’UQTR (Qc, Canada). Depuis 2001, une production en installation visuelle et sonore – dédiée à l’étude et à l’exploration des relations possibles et nouvelles entre l’installation en art visuel (et en art médiatique), l’imagerie numérique et la narration – aborde des thèmes liés à la condition humaine et sociale actuelle. À travers cette production, l’artiste propose un regard sur différents maux sociaux, sur la représentation du corps, du corps malade et défaillant, et cela, en questionnant les modes de représentation issus de deux grands archétypes et antipodes de l’appréhension du monde : la pensée scientifique (ou rationnelle) et la pensée mystique (ou magique, parfois dite archaïque). T. St-Pierre fut récipiendaire de quatre bourses du CALQ (recherche et création en art visuel et en art médiatique) et de trois bourses aux artistes ambassadeurs de la ville de Sherbrooke. Son travail d’installation et d’imagerie numérique fut présenté, depuis 2000, lors d’expositions collectives et deux expositions solo au Québec. En 2009, elle a eu la chance de faire deux résidences d’artistes dans le cadre du projet « Télétoxie ». La première à Diapason sound art gallery, Brooklyn, New York et la seconde au Studio d’Essai, avec le support des Productions Recto-Verso, au complexe Méduse à Québec. Membre du duo de performeurs NOÏZEFER CWU, elle a participé à divers événements collectifs, dans divers contextes : à Rouyn-Noranda, à Québec, à Sherbrooke, à Chicoutimi, à Trois-Rivières et à Montréal.

Philippe-Aubert Gauthier

Artiste sonore, P.-A. Gauthier est aussi ingénieur mécanique junior, maître ès sciences, docteur en génie mécanique et chercheur à l’Université de Sherbrooke. Ses recherches portent sur l’acoustique et la reproduction spatiale du son. En 2007, il remportait le prix de la meilleure thèse de l’Université de Sherbrooke et Sciences et Génie. Depuis 1998, P.-A. Gauthier développe une pratique autodidacte en arts sonores. Les travaux de l’artiste se sont révélés sous plusieurs formes : œuvres pour support fixe, composition générative, installation sonore et spatialisation sonore, performance sonore et performance. Issues d’une autre facette de son travail, ses pièces en musique électronique et expérimentale furent présentées et radiodiffusées au Québec, au Canada, aux États- Unis, au Chili, au Mexique, en France, en Allemagne et en Belgique. Sa pratique artistique et ses activités de recherche se couplent dans une démarche créative et réflexive plus générale, multidisciplinaire, qui explore différentes facettes de la cohabitation des arts, des sciences et des technologies. On peut lire ses écrits dans Inter Arts Actuels, Musicworks, Journal of the Audio Engineering Society, Journal of the Acoustical Society of America, Acta Acustica united with Acustica et Leonardo, The Journal of the International Society for the Arts, Sciences and Technologies.

Eric Mattson est commissaire indépendant dans les domaines des arts sonores, des nouveaux médias et de l’art Brut, il est aussi programmateur pour des événements en arts et musiques numériques. Parmi ses récentes réalisations citons Le Son à des Jambes qui proposait ces dernières années, dans divers centre d’artistes et galeries, des œuvres d’arts sonores et cinétiques ; Études Phénoménales était présenté en décembre 2010, à la galerie Axenéo7 avec les artistes Jean-Pierre Aubé et Mathieu Beauséjour ; les six expositions de la série Ondes, immanence ou matérialité, présentement en cours dans le cadre de la programmation 2010-2011 à la galerie Action Art Actuel ; enfin un cycle de trois expositions commencées en 2009 et commandées par Les Impatients, un organisme qui vient en aide à des personnes souffrant de maladies mentales, se terminera à l’automne 2011 avec une double programmation. Eric Mattson est membre du collectif Minute, un organisme de diffusion des pratiques en arts médiatiques, il est également directeur de l’étiquette de disques ORAL.

 
INVITÉE SPÉCIALE
MUU – Nelly-Ève Rajotte
Installation vidéo et sonore_boucle 10 min, HD 60i

L’installation vidéo et sonore muu, présente des images d’une Amérique désertique mythique sous la thématique de la disparition. C’est à cet égard que les images de l’ouest américain prennent leur sens, le désert étant l’endroit où il y a déjà eu existence mais dont il ne reste que l’ineffable trace. Lieu de perte de repères et de temporalité. L’œuvre s’inspire esthétiquement du genre cinématographique Western Spaghetti, l’utilisation du son lent et rythmé imposant une tension dramatique, des plans de caméra très large sur des paysages imposant et des plans plus subjectifs. Tout comme dans le Western Spaghetti ou la quête violente et funeste du protagoniste se situe entre le son et l’image, muu pose l’interaction du spectateur entre l’espace vidéographique et l’espace sonore. La bande sonore inspirée de Il était une fois dans l’ouest, du compositeur Ennio Morricone, plonge le visiteur dans un univers ambigu, une ambiance déroutante qui infuse une tension faussement narrative à la vidéo révélant l’immensité, la perte et la disparition.

Les images en mouvement de Nelly-Eve Rajotte témoignent d’une recherche autour de la notion du double. Car ce qui y est donné à voir en règle générale se dédouble, se superpose pour se fondre à nouveau dans un autre plan. L’artiste transforme les images qu’elle capte, les réduisant à leurs composantes formelles, les altérant par la modulation des effets de la lumière saisie ou les comprimant parfois dans des bandes horizontales. Un jeu sur la forme s’étend progressivement sur toute la surface de l’écran, faisant en sorte que nous pouvons suivre la modification des images que l’artiste collige du réel. Nous ne discernons parfois plus le motif d’origine, mais notre mémoire le conserve et nous amène à entrer dans le processus sous-jacent de métamorphose. L’architecture de l’image est donc quelque peu visible et la trame sonore qui s’y juxtapose trouve à se loger dans un mouvement similaire. Les sonorités tantôt grésillantes, tantôt sinistres tracent un parcours perceptif déstabilisant et créent une accumulation d’impressions. L’artiste opère donc différentes translations et parvient à transporter d’un espace à un autre ses images – une perspective, un autoportrait, une gare, une ville…

Après un baccalauréat en histoire de l’art, Nelly-Ève Rajotte entreprend un second diplôme de premier cycle à l’École des arts visuels et médiatiques (UQÀM), formation qui se solde par l’obtention d’une maîtrise en 2006. Outre de nombreuses expositions en sol québécois – à la SAT, la Fonderie Darling, Parisian Laundry, Occurrence, Clark et L’Oeil de Poisson, Optica parmi tant d’autres – ses œuvres ont été diffusées dans plusieurs festivals à travers l’Europe, de même qu’en Russie et au Mexique. Ses œuvres ont été diffusées dans plusieurs festivals au Canada (MUTEK, Antimatter Underground Film Festival, Festival International du film sur l’art), ainsi que plusieurs festivals à travers le monde, International short film festival of Berlin and Official Selection Transmedial.08 Berlin,(Allemagne), Otherworldly, Manchester UrbanScreens,(UK), EXiS2007,(Corée), Moscow International Film Festival and Finnish Contemporary Art Fair, Taide08.

 

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