Musée d’art contemporain de Montréal : le RAAV appelle à une consultation publique

Suite à la nomination, le 16 juin dernier, de Mme Paulette Gagnon au poste de Directrice générale du Musée d’art contemporain de Montréal, un groupe d’acteurs importants du milieu des arts visuels, dont plusieurs artistes majeurs, a exprimé de sérieuses préoccupations face au processus de sélection et des inquiétudes quant au rayonnement international de ce musée-phare de l’art contemporain au Québec et au Canada.

Dans une lettre ouverte au président du conseil d’administration du MACM, M. Marc DeSerres, et signée par plus d’une centaine d’artistes, critiques d’art, professeurs et commissaires, les signataires s’étonnent de cette nomination et s’indignent du gaspillage d’argent et d’énergie consacré à un processus de sélection qu’ils qualifient de « leurre » et qui a évincé d’importantes candidatures extérieures qui auraient pu signaler un vent de changement pour l’avenir de l’institution.

Dans toute cette affaire, ce n’est pas tant la personne choisie pour remplacer M. Mayer que les failles du processus qui a mené à cette nomination et le déficit en crédibilité de sa gouvernance qui sont épinglés. Comme le disent les signataires:

«Si votre approche déçoit tant, c’est que nous voyons dans le Musée d’art contemporain de Montréal (…) un outil extraordinaire qui ne fonctionne pas à la mesure de son potentiel. Nous trépignons d’impatience de voir ce joyau de la modernité québécoise proposer une véritable vision de l’art contemporain et actuel, entrer en dialogue avec sa communauté immédiate, faire preuve d’audace dans ses réalisations, susciter la réflexion sur la pratique de l’histoire de l’art, du commissariat et de la muséologie, être le fer de lance du mouvement culturel canadien en ce qui concerne les arts visuels et médiatiques, rayonner dans le monde, bref, agir en véritable institution nationale.»

De plus, et cela semble faire consensus, malgré la tenue d’une première édition de la triennale consacrée aux créateurs d’ici en 2008, les signataires jugent le MACM timoré dans sa programmation.

«(… ) le MACM se contente généralement d’accueillir des valeurs sûres de l’extérieur sans y porter un regard précis, ignore sans raison apparente des acteurs essentiels de son milieu (artistes, commissaires, chercheurs, designers, etc.), ne se sert pas de l’exposition comme d’un mode de réflexion, privilégie le plus souvent des pratiques artistiques qui ne posent aucun défi aux règles de la muséologie (au détriment de tout un pan de la création actuelle), voit rétrécir d’année en année son cycle de colloques et de conférences, et ne fait qu’exceptionnellement circuler un artiste québécois vivant sur la scène internationale où le Musée demeure méconnu, voire invisible.»

Le RAAV propose une consultation publique

L’ampleur de la vague de contestation qui s’est développée en un mois, et l’importance des intervenants qui l’ont mise en œuvre, font en sorte que la Ministre St-Pierre ne doit pas faire l’économie d’une consultation publique sur la mission du Musée d’art contemporain de Montréal et sur sa gouvernance.

D’ailleurs, cette consultation devrait aussi concerner l’ensemble des institutions muséales que l’État soutient financièrement, particulièrement celles dont la mission est de présenter les œuvres d’artistes contemporains au public québécois. La culture interne de ce milieu semble propice à des décisions trop souvent défavorables aux artistes d’ici et aux acteurs du domaine des arts visuels qu’il est sensé desservir. À titre d’exemple, à deux reprises au cours de l’année dernière, le RAAV a été confronté à des fins de non-recevoir de la part de conseils d’administration d’importants musées dans ses tentatives de défendre des artistes aux prises avec des situations litigieuses. Dans les attitudes des dirigeants de ces organismes, on sent souvent un relent d’autoritarisme indu de la part de gens rémunérés par l’État, quand on ne constate pas une vision franchement paternaliste de leur approche envers les créateurs d’ici.

Parce qu’il considère que les institutions muséales ne remplissent pas adéquatement leur mission face aux artistes vivants et que leur attitude envers eux laisse souvent à désirer, en particulier en ce qui concerne le paiement d’honoraires professionnels décents et de justes redevances de droit d’auteur, le Regroupement des artistes en arts visuels du Québec est très favorable à la tenue d’une consultation publique sur la gouvernance, la mission et le financement des institutions muséales. En particulier celles qui présentent de l’art contemporain et le MACM en premier lieu. C’est pourquoi le RAAV a émis un communiqué de presse afin d’interpeller la Ministre et de lui demander la tenue d’une consultation publique.

Christian Bédard
Directeur général
Pour lire la lettre ouverte au Président du conseil d’administration du MACM, M. Marc DeSerres, suivre ce lien: http://www.ledevoir.com/2009/07/04/257765.html

Pour lire l’excellente intervention de M. Maurice Forget, Membre à vie du Musée d’art contemporain de Montréal, Ancien administrateur du musée (1992-96) et Ancien président de la Fondation du musée (1991-96), suivre ce lien: www.ledevoir.com/2009/07/27/260538.html

Pour lire le communiqué de presse du RAAV, suivez ce lien.

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