Catherine Bolduc, My Life Without Gravity (détail), 2008 vidéo

Mes châteaux d’air / Monts et merveilles de Catherine Bolduc, vernissage le samedi 6 juin à 15h chez EXPRESSION

Une exposition bilan commissariée par Geneviève Goyer-Ouimette et présentée à EXPRESSION, Centre d’exposition de Saint-Hyacinthe.

Conférence de Catherine Bolduc et de Geneviève Goyer-Ouimette le samedi 6 juin à 14 h.
Vernissage le samedi 6 juin à 15 h.

Mes châteaux d’air est une traduction littérale de Meine Luftschlößer, expression allemande qui évoque le réalisme merveilleux des œuvres de Catherine Bolduc. Depuis dix ans, ses sculptures, vidéos et dessins offrent aux regards des mondes magiques et inaccessibles qui émerveillent et éblouissent tout à la fois. Elle emploie les objets du quotidien — portes, armoires et miroirs — et transcende leur aspect premier, qui passe de commun et industriel à merveilleux et terrible. On nous convie à traverser de l’autre côté du miroir, à remonter le temps et à replonger dans l’enfance, celui de la petite fille qui croit à un univers parallèle. Dans la palette de Bolduc, les lumières ont une place de choix dans le travail de Bolduc. On les retrouve sous diverses formes : scintillantes, reflétées, visibles à travers des trouées ou en giclée, ou sous la forme de papillotements. Elles ajoutent une dimension d’étrangeté à certaines pièces, donnant vie à l’inanimé et permettant, par les jeux d’ombres, de projeter notre propre imaginaire. Ici, la lumière appelle aux univers parallèles, le manque de netteté rendant l’impossible possible, le certain incertain. Les veilleuses surdimensionnées de l’artiste nous transposent alors dans le passé. Ici, éclairer l’espace n’arrivera pas à nous rassurer. Et cette impression est particulièrement forte dans l’œuvre Château d’air composée de multiples portes formant une tour hexagonale. Ces portes, percées de trous lumineux reprenant la Constellation du ciel, ne peuvent point s’ouvrir, obligeant de ce fait le visiteur à s’imaginer ce qui est caché derrière elles.

Ces effets d’inaccessibilité sont présents dans tout le travail de l’artiste. La littérature qui traite de l’étrange, du réalisme magique, voire merveilleux, est d’ailleurs une source importante dans son alimentation créative. Le Château, récit emblématique de Kafka, est à ce titre une œuvre que l’on peut associer au travail de Bolduc comme une métaphore de celui-ci. Dans ce récit, on retrouve le personnage de K qui essaie par tous les moyens d’entrer en communication et de rencontrer les gens qui habitent le château. L’accès lui est cependant interdit et l’imaginaire de K, et surtout du lecteur de ce roman, n’en est que plus stimulé. On se demandera constamment : « Mais qui se cache derrière ces murs et qui a-t-il à l’intérieur? ». Notre imaginaire se déclenchera, et ce, malgré l’écriture descriptive et factuelle de l’auteur. Dans le cas des dessins et des installations de Bolduc, tout ne nous est pas donné. On dissimule aux spectateurs quelque chose dans ces tours, ces châteaux, ces montagnes, un peu comme l’a fait Kafka dans son récit. Mais ses œuvres ne sont pas rebutantes, loin de là. Elles sont plutôt comparables à un cadeau dont l’emballage ne sera jamais mis en pièces et dont le contenu, inaccessible, ne peut que nous faire fantasmer.

Ce projet bilan offre donc la chance de revoir certaines pièces dans leurs apparats d’origines, alors que d’autres sont réactualisées. Cette seconde production sera réalisée par l’utilisation de moyens mnémoniques, c’est-à-dire en conservant l’essence de l’expérience de l’œuvre tout en la réinterprétant. Un peu comme un souvenir qui, plus le temps passe, se fond à d’autres, s’estompe, se reconstruit et se réinvente.
 

Abonnez-vous au bulletin du Réseau art Actuel