Fixer le soleil, de Annie Briard, présenté à la Bande Vidéo, Manif d’art 10. Photo : Charles-Frédérick Ouellet, 2022.

Manif d’art – La biennale 2024

APPEL À CANDIDATURE POUR LES ARTISTES ET COLLECTIFS DU QUÉBEC

En perspective de la biennale de Québec 2024, Manif d’art, la commissaire d’exposition Marie Muracciole invite les artistes ou collectifs du Québec à faire acte de candidature. S’ils souhaitent participer aux Forces du sommeil, son projet décrit plus bas, ils sont invités à déposer avant le 25 septembre 2022, 23h59 au production@manifdart.org, un dossier comprenant :

– un court texte biographique (max 500 signes),
– un bref texte d’intention (max 1500 signes),
– une documentation visuelle tenant sur deux feuilles maximum .

Tous les médiums sont bienvenus : arts visuels, performances, son. Films et vidéos seront représentés par des extraits qui ne doivent pas dépasser quinze minutes au total. Marie Muracciole fera une première sélection en octobre, qui se finalisera à la suite d’un entretien et concernera entre deux et cinq jeunes artistes ou collectifs.

L’événement qui comprendra une quarantaine d’artistes se tiendra de février à avril 2024.

Critique d’art, commissaire d’exposition indépendante vivant à Paris, Marie Muracciole a dirigé la programmation culturelle et éducative du Jeu de Paume avant de prendre, de 2014 à 2019, la tête du Beirut Art Center au Liban. Elle s’intéresse particulièrement aux conditions que les artistes se donnent dans leur pratique de l’art : l’économie de leur travail, les gestes qu’ils mettent en œuvre dans un contexte précis, les formes et les situations ainsi suscitées, quel que soit le médium employé. Sa pratique s’est en grande partie nourrie des collaborations au long terme avec certains artistes, des rencontres engagées par les projets, et de la capacité de l’art à ajouter à la diversité du vivant.

Les forces du sommeil
Cohabitations des vivants.

La biennale de février 2024 s’inspirera de l’hiver canadien et du sommeil de la terre pour s’intéresser à celui des humains et explorer les nuances multiples de l’éveil. La saison froide et le sommeil sont des moments de latence et de transition, de pause. Ils suspendent le principe de l’exploitation et de l’épuisement des ressources. Des alternances saisonnières, des rythmes et des états entre sommeil et éveil, dépendent la régénération, l’écoute, la présence au monde. L’éveil est le moment de l’étonnement, de la recomposition des perceptions, de reconstruction des points de vue, et nous donne accès à la richesse de nos contradictions, à des rapprochements imprévus et des dérives, fructueuses ou pas. En brouillant le partage entre l’inerte et l’animé, les différents stades de l’éveil peuvent mettre nos habitudes en réserve au profit d’expériences sensibles, de visions singulières, de rencontres inattendues.

C’est pourquoi les temps du sommeil nous éloignent des usages et des formats culturels. Ils résistent aux idéologies et au culte de la productivité. Malgré les efforts du capitalisme*, ils nous préservent encore des principes de la consommation constante et du rendement permanent.

Dans cette exposition il sera question de gestes et d’espaces de repli, d’intimité, de résistance. On s’intéressera à la latence et à la lenteur, à l’invisibilité, à l’exil géopolitique ou intérieur, à l’écoute du corps. Il s’agira de lieux « loin du monde » sans lesquels le monde nous ferait défaut – espaces de retranchement féconds comme les chambres et les lits où l’on s’abandonne et se reprend ; les maisons et les terriers où l’on s’abrite et où l’on retrouve les autres ; les caches, les retraites qui conduisent aux explorations, à réinventer des modes de cohabitation avec les autres organismes vivants.

Veilles, méditations, rêveries et errances, mirages et sommeils partiels irriguent nos jours et nos éveils. Ce sont des temps d’inaction constructive et de pensée, de perceptions et de mouvements discordants. Ils nous sont utiles pour imaginer les transformations cruciales à mettre en œuvre afin de donner à notre monde plus de temps.

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