Les lieux invisibles de Andrée Anne Vien installations in situ le mardi 5 février 19 h 30 chez Pho Nam Do

Andrée Anne Vien
Les lieux invisibles
(installations in situ)
du 5 février au 8 mai 2008
dans des restaurants de Montréal:

Pho Nam Do (vietnamien) 7166, rue Saint-Denis avec souper mardi 5 février 19h30
Senzala (brésilien) 177, rue Bernard avec souper dimanche 24 février 18h
La Khaïma (mauritanien) 142, avenue Fairmount Ouest avec souper mercredi 12 mars 19h30
Las Palmas (colombien) 14, rue Rachel Est avec souper mercredi 26 mars 19h
Shambala (tibétain) 3439, rue Saint-Denis avec souper jeudi 10 avril 19h30
Ange & Ricky (haïtien) 195, rue Jarry Est avec souper samedi 26 avril 18h
Bombay Mahal (indien) 1001, rue Jean-Talon Ouest avec dîner samedi 3 mai 13h

Réservez votre place aux repas au www.leslieuxinvisibles.ca (actif 070128). Repas aux frais des participants.

Les métropoles occidentales comme Montréal créent l’illusion d’un accès à toutes les cultures, notamment d’avoir «le monde dans son assiette». «Le cosmopolitisme culinaire est devenu touristique, le cosmo-politisme culinaire est devenu in*» et ainsi avec la popularité des fajitas, kebab, sushi et autres, il est «difficile en effet aujourd’hui d’échapper aux délices de cette globalisation culinaire, que l’industrie touristique a rapidement inscrite à son catalogue d’expériences authentiques*». La richesse de la diversité culturelle montréalaise permet pourtant d’aller au-delà des clichés de la globalisation culinaire. Quelle compréhension du monde offre le tissu social montréalais à ses habitants? Depuis la ville de Montréal comme lieu géographique précis, à quel type de connaissances avons-nous accès, peu importe notre appartenance culturelle? Andrée Anne Vien décide de questionner ces clichés en intervenant dans des restaurants, car ces derniers demeurent des lieux d’affirmation culturelle importants et des lieux de rassemblement pour la diaspora d’un pays.

Par le projet Les lieux invisibles, Andrée Anne Vien aborde deux types de représentation: d’une part le décalage qui s’opère au fil du temps entre la représentation que se donne l’immigrant de la culture de son pays d’origine et les référents culturels actuels du pays; d’autre part, la représentation visuelle que se fait l’artiste de ces cultures par le biais de son imaginaire, d’Internet et du cinéma, mais surtout à partir de rencontres avec des ressortissants du pays, soit les propriétaires et les clients des restaurants participants. Cette double interprétation par le chevauchement de représentations est présentée directement dans les restaurants participants.

Le projet comprend une série de photographies sur lesquelles l’artiste est intervenue par le dessin. Une bande audio accompagne les œuvres et permet aux visiteurs et clients d’entendre les propos captés, laissant aux visiteurs et clients le loisir de se créer leurs propres représentations en marge de celle que l’artiste propose. Le site Internet (www.leslieuxinvisibles.ca) présente l’ensemble des restaurants participants pour suggérer un parcours et inviter le public à prendre le repas avec l’artiste dans chacun de ces restaurants. Le repas deviendra une rencontre ouvrant à une expérience commune de ce que ces restaurants proposent comme lieux de connaissances et rencontres culturelles.

Les lieux invisibles est un clin d’œil au livre d’Italo Calvino Les villes invisibles. L’imaginaire qu’on se crée en tant que lecteur autour de la description des villes éloignées et fictives n’est pas étranger à l’état d’esprit qui guide l’artiste dans l’élaboration de son projet. L’artiste s’est elle-même plongée dans les représentations d’autrui pour organiser sa compréhension des cultures qu’elle ne connaissait pas. Le caractère narratif des entrevues réalisées avec restaurateurs et clients lui rappelle ce langage qu’on utilise pour raconter des lieux qu’on a bien connus et qui sont invisibles pour l’interlocuteur.

«Mon travail s’intéresse à la façon dont je me représente les autres cultures, comment les voyages et les nouvelles connaissances investissent et transforment mon imaginaire et l’image de ma propre culture. S’il m’est impossible de me déplacer, je travaille à partir de ce qui m’entoure pour questionner le type de connaissance que ces environnements me donnent pour comprendre la monde actuel. Je choisis des interfaces soit physiques comme, dans ce cas-ci, les restaurants, soit psychiques, comme la littérature et les récits de voyage. Dans mes projets, je tente de conceptualiser ces représentations à travers le potentiel fictif de l’image photographique, du dessin, de l’espace sonore, de l’installation in situ et de la vidéo. La nature subjective de mes interprétations devient le lieu d’un questionnement sur les représentations de tous et chacun.»

Originaire du Saguenay-Lac-St-Jean, Andrée Anne Vien habite et travaille à Montréal. Elle vient de terminer une maîtrise en arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec à Montréal. Elle a réalisé trois séjours à l’étranger (France, Mexique et Burkina Faso) qui ont été déterminants dans l’évolution de sa pratique artistique.

* Grumberg, Amiel. 2004. «Circonvolusions culinaires» Esse. Dossier Nourritures, no 50 (hiver 2004), p. 14-15.

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