Le milieu des arts visuels dans l’angle mort

Depuis quelques semaines déjà, le milieu des centres d’artistes et le RCAAQ s’interrogent sur la nouvelle approche que le journal Le Devoir semble avoir adoptée concernant la couverture des arts visuels dans ses pages. Nous constatons que la place qui lui est consacrée rétrécit de plus en plus, et la mention des centres d’artistes est tombée à quasi zéro depuis plusieurs mois. Nous étions déçu.e.s qu’aucun centre d’artistes n’ait été mentionné dans l’article sur la rentrée culturelle de cet automne. Leurs activités n’ont pourtant pas cessé, ni pendant l’été ni à l’automne, et des projets alternatifs sont en train de se créer avec beaucoup d’agilité et de résilience.

Le milieu des centres d’artistes est un écosystème foisonnant, il se consacre à la création, la production et la diffusion de l’art actuel, incluant les arts visuels, les arts médiatiques et les arts interdisciplinaires. Depuis le début de la pandémie, ce milieu prend un dur coup comme tous les autres. Cependant, nous sommes consterné.e.s par le peu d’attention qui nous est accordée non seulement de la part des instances politiques, mais aussi par les médias, et notamment par Le Devoir qui a cessé toute publication de textes d’analyse et de réflexion sur la production des artistes du secteur des arts visuels. Ceci aggrave non seulement la situation déjà subie par les artistes et les organismes en ce qui concerne la visibilité et la viabilité de leur travail, mais agrandit également l’angle mort dans lequel notre milieu se retrouve déjà, face aux programmes d’aide des gouvernements qui visent presque exclusivement les arts de la scène et les grandes institutions. Les organismes de production et de diffusion en arts visuels, à proximité des artistes et des communautés, ont besoin d’être vus et entendus, et nous avons besoin du Devoir plus que jamais. Nous avons besoin de chroniqueurs et chroniqueuses qui apportent des réflexions approfondies et nuancées au travail des artistes, permettant aux lecteurs et lectrices d’en déceler une compréhension du monde qui va bien au-delà du discours dominant qui réduit les arts et la culture à son industrialisation et au divertissement.

Nous avons demandé au journal Le Devoir de nous expliquer la situation et nous espérons faire un suivi avec eux sur l’invisibilité des centres d’artistes dans leurs pages.

Catherine Bodmer
Directrice générale
RCAAQ

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