Circuler dans une image. Pénétrer cet espace pour faire l’expérience de la tridimensionnalité. En voir émerger une œuvre aux confins du réel et du virtuel. C’est cela la Chambre matricielle !
Dans cette installation, œuvre de patience et de minutie, Andrée-Anne Dupuis Bourret révèle une cartographie intrigante composée de milliers de petits modules en papier, rouges et noirs. Les feuilles sérigraphiées qui composent chacun des éléments ont toutes été pliées de la même manière ; elles représentent de fines lignes noires sur fond rouge qui dessinent les linéaments de formes dynamiques et abstraites plus ou moins denses. Judicieusement assemblés dans l’espace à la manière des figures fractales, les modules agissent autant comme le pixel d’une image numérique que comme un élément constituant cette unité de base. Dans ce jeu visuel synecdotique, les modules-pixels s’accumulent ; ils recomposent et reconfigurent l’architecture de la galerie pour concevoir ici des régions d’une grande densité modulaire, là des zones plus épurées. La dynamique des nuances chromatiques de cette cartographie crée des rimes et des rythmes formels qui accentuent l’effet de prolifération de ces cellules numériques. Cet effet de prolifération n’est pas menaçant. Il est invitant, presque hypnotisant !
Mais où nous invite-t-il ? Dans un espace liminal qui fusionne, plus qu’il ne juxtapose, deux univers. La dispersion et la dénivellation des formes et des reliefs nous transportent dans les grands espaces, dans une architecture organique de l’infiniment grand qui nous immerge dans sa grandeur et de sa splendeur. Simultanément, les configurations pixélisées nous propulsent dans un espace autre, parallèle : un espace virtuel. Si l’œuvre suggère fortement la dimension virtuelle, elle n’est pas pour autant technologique. Derrière l’exploration des territoires aux limites du réel et du virtuel, on remarquera un subtil pied de nez fait par l’artiste qui, d’une part, simule la dimension tridimensionnelle grâce à des objets bidimensionnels et qui, d’autre part, use de techniques analogues pour suggérer le virtuel. L’imprimé est utilisé comme un média technologique low tech et l’artiste est le programme qui génère l’image par une mise en espace. Ce processus mécanique simule le monde de la programmation et du virtuel. Car en tout temps, on évolue dans un espace tangible et réel fait de modules de papiers disposés sur les murs et le sol de la galerie.
Fondamentalement, la Chambre matricielle va plus loin qu’une simple simulation d’espace, elle offre une réflexion profonde et critique sur la manière dont la technologie modifie notre rapport à l’espace.
Émilie Granjon
Andrée-Anne Dupuis Bourret aborde la création à partir d’une réflexion sur la perception et l’occupation de l’espace. Ses projets s’incarnent sous diverses formes : installations in situ, sculptures, images fixes et animées, livres d’artiste. Ses œuvres ont été présentées dans plusieurs expositions individuelles et collectives (Canada, États-Unis, Israël, Australie). Récipiendaire de la médaille d’or du Gouverneur Général du Canada pour sa maîtrise en 2011, l’artiste poursuit actuellement un doctorat à l’Université du Québec à Montréal portant sur l’installation modulaire imprimée. Elle est également l’auteure de deux blogues de recherche : Le cahier virtuel et Le territoire des sens.
Circuler dans une image. Pénétrer cet espace pour faire l’expérience de la tridimensionnalité. En voir émerger une œuvre aux confins du réel et du virtuel. C’est cela la Chambre matricielle !
Dans cette installation, œuvre de patience et de minutie, Andrée-Anne Dupuis Bourret révèle une cartographie intrigante composée de milliers de petits modules en papier, rouges et noirs. Les feuilles sérigraphiées qui composent chacun des éléments ont toutes été pliées de la même manière ; elles représentent de fines lignes noires sur fond rouge qui dessinent les linéaments de formes dynamiques et abstraites plus ou moins denses. Judicieusement assemblés dans l’espace à la manière des figures fractales, les modules agissent autant comme le pixel d’une image numérique que comme un élément constituant cette unité de base. Dans ce jeu visuel synecdotique, les modules-pixels s’accumulent ; ils recomposent et reconfigurent l’architecture de la galerie pour concevoir ici des régions d’une grande densité modulaire, là des zones plus épurées. La dynamique des nuances chromatiques de cette cartographie crée des rimes et des rythmes formels qui accentuent l’effet de prolifération de ces cellules numériques. Cet effet de prolifération n’est pas menaçant. Il est invitant, presque hypnotisant !
Mais où nous invite-t-il ? Dans un espace liminal qui fusionne, plus qu’il ne juxtapose, deux univers. La dispersion et la dénivellation des formes et des reliefs nous transportent dans les grands espaces, dans une architecture organique de l’infiniment grand qui nous immerge dans sa grandeur et de sa splendeur. Simultanément, les configurations pixélisées nous propulsent dans un espace autre, parallèle : un espace virtuel. Si l’œuvre suggère fortement la dimension virtuelle, elle n’est pas pour autant technologique. Derrière l’exploration des territoires aux limites du réel et du virtuel, on remarquera un subtil pied de nez fait par l’artiste qui, d’une part, simule la dimension tridimensionnelle grâce à des objets bidimensionnels et qui, d’autre part, use de techniques analogues pour suggérer le virtuel. L’imprimé est utilisé comme un média technologique low tech et l’artiste est le programme qui génère l’image par une mise en espace. Ce processus mécanique simule le monde de la programmation et du virtuel. Car en tout temps, on évolue dans un espace tangible et réel fait de modules de papiers disposés sur les murs et le sol de la galerie.
Fondamentalement, la Chambre matricielle va plus loin qu’une simple simulation d’espace, elle offre une réflexion profonde et critique sur la manière dont la technologie modifie notre rapport à l’espace.
Émilie Granjon
Andrée-Anne Dupuis Bourret aborde la création à partir d’une réflexion sur la perception et l’occupation de l’espace. Ses projets s’incarnent sous diverses formes : installations in situ, sculptures, images fixes et animées, livres d’artiste. Ses œuvres ont été présentées dans plusieurs expositions individuelles et collectives (Canada, États-Unis, Israël, Australie). Récipiendaire de la médaille d’or du Gouverneur Général du Canada pour sa maîtrise en 2011, l’artiste poursuit actuellement un doctorat à l’Université du Québec à Montréal portant sur l’installation modulaire imprimée. Elle est également l’auteure de deux blogues de recherche : Le cahier virtuel et Le territoire des sens.