Catherine Lalonde et Roxane Léouzon
Le Devoir
22 janvier 2025
La Grande Mobilisation des artistes du Québec se réunira mercredi après-midi, devant les bureaux du premier ministre François Legault. Le but ? Faire porter à 200 millions de dollars le budget du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ). Et faire en sorte que cette augmentation se répercute sur les programmes en création. Mais de quoi est donc faite la vie d’artiste, au Québec, aujourd’hui ? Le Devoir poursuit ses portraits financiers à visage humain, s’attardant cette fois aux arts visuels.
Les revenus des artistes en arts visuels sont en général très fragmentés, imprévisibles et non récurrents, résume la directrice générale du Regroupement des artistes en arts visuels du Québec (RAAV), Camille Cazin.
Qu’ils proviennent de « ventes d’œuvres, d’honoraires pour expositions, de droits d’auteur, d’ateliers, de commandes publiques ou privées, de subventions, leurs revenus demandent beaucoup de travail invisible, non rémunéré, sans garantie de succès », dit-elle.
Selon le RAAV, la situation s’aggrave depuis 15 ans. En 2022, près du tiers de ces artistes vivaient sous le seuil de la pauvreté. Et beaucoup subissent les contrecoups des compressions qui touchent des lieux de diffusion, des centres d’artistes ou des musées régionaux, qui réduisent à leur tour les possibilités d’exposition rémunérées.
Les arts visuels exigent des matériaux. Un atelier est souvent nécessaire pour la peinture, la sculpture, le textile, et même en performance. L’explosion des coûts touche tous ces éléments. Et depuis la sortie de la pandémie, le marché de l’art au Canada a beaucoup ralenti, rappelle Mme Cazin, ce qui élimine des possibilités de revenus.
Cinq portraits
La Famille Plouffe, artiste à la mi-carrière (multidisciplinaire)
Depuis 2013, Guillaume Boudrias-Plouffe est artiste à temps plein. Mais « à long terme, c’est dur pour la santé mentale ».
Il est de La Famille Plouffe, avec sa conjointe Émilie Levert et leurs Emeline, Léo et Zéphir. On peut voir leurs sculptures et installations dans des parcs et devant des écoles, souvent réalisées dans le cadre de la Politique d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement.
Des œuvres d’art public qui sont choisies par concours. « On a la chance d’être régulièrement finalistes. On est alors rémunérés pour cette partie-là. Si notre projet n’est pas choisi, nos revenus s’arrêtent alors », explique M. Boudrias-Plouffe. Parfois, après avoir dépensé de l’argent pour réaliser la maquette, des échantillons et la modélisation 3D, « il ne nous reste presque plus rien ».
La Famille Plouffe présente souvent des expositions, pour lesquelles elle a plusieurs fois obtenu des bourses du CALQ, du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts de Longueuil.
Mais les revenus familiaux sont maigres, dit l’homme de 40 ans. « Les meilleures années, on n’a pas fait 40 000 $. Et il faut alors s’en garder de côté pour les années suivantes. »
M. Boudrias-Plouffe admet avoir parfois reçu de l’aide financière de proches et des services d’aide alimentaire. « C’est dur, d’avouer ça. »
Il participera à la manifestation mercredi. « Une idée me trotte dans la tête : celle d’un revenu de base pour les artistes — comme les organismes peuvent avoir une subvention à la mission, qui les maintient en vie pendant quelques années. » Une idée que trois autres artistes interviewés évoquent également.
Lire l’article complet du Devoir
Catherine Lalonde et Roxane Léouzon
Le Devoir
22 janvier 2025
La Grande Mobilisation des artistes du Québec se réunira mercredi après-midi, devant les bureaux du premier ministre François Legault. Le but ? Faire porter à 200 millions de dollars le budget du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ). Et faire en sorte que cette augmentation se répercute sur les programmes en création. Mais de quoi est donc faite la vie d’artiste, au Québec, aujourd’hui ? Le Devoir poursuit ses portraits financiers à visage humain, s’attardant cette fois aux arts visuels.
Les revenus des artistes en arts visuels sont en général très fragmentés, imprévisibles et non récurrents, résume la directrice générale du Regroupement des artistes en arts visuels du Québec (RAAV), Camille Cazin.
Qu’ils proviennent de « ventes d’œuvres, d’honoraires pour expositions, de droits d’auteur, d’ateliers, de commandes publiques ou privées, de subventions, leurs revenus demandent beaucoup de travail invisible, non rémunéré, sans garantie de succès », dit-elle.
Selon le RAAV, la situation s’aggrave depuis 15 ans. En 2022, près du tiers de ces artistes vivaient sous le seuil de la pauvreté. Et beaucoup subissent les contrecoups des compressions qui touchent des lieux de diffusion, des centres d’artistes ou des musées régionaux, qui réduisent à leur tour les possibilités d’exposition rémunérées.
Les arts visuels exigent des matériaux. Un atelier est souvent nécessaire pour la peinture, la sculpture, le textile, et même en performance. L’explosion des coûts touche tous ces éléments. Et depuis la sortie de la pandémie, le marché de l’art au Canada a beaucoup ralenti, rappelle Mme Cazin, ce qui élimine des possibilités de revenus.
Cinq portraits
La Famille Plouffe, artiste à la mi-carrière (multidisciplinaire)
Depuis 2013, Guillaume Boudrias-Plouffe est artiste à temps plein. Mais « à long terme, c’est dur pour la santé mentale ».
Il est de La Famille Plouffe, avec sa conjointe Émilie Levert et leurs Emeline, Léo et Zéphir. On peut voir leurs sculptures et installations dans des parcs et devant des écoles, souvent réalisées dans le cadre de la Politique d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement.
Des œuvres d’art public qui sont choisies par concours. « On a la chance d’être régulièrement finalistes. On est alors rémunérés pour cette partie-là. Si notre projet n’est pas choisi, nos revenus s’arrêtent alors », explique M. Boudrias-Plouffe. Parfois, après avoir dépensé de l’argent pour réaliser la maquette, des échantillons et la modélisation 3D, « il ne nous reste presque plus rien ».
La Famille Plouffe présente souvent des expositions, pour lesquelles elle a plusieurs fois obtenu des bourses du CALQ, du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts de Longueuil.
Mais les revenus familiaux sont maigres, dit l’homme de 40 ans. « Les meilleures années, on n’a pas fait 40 000 $. Et il faut alors s’en garder de côté pour les années suivantes. »
M. Boudrias-Plouffe admet avoir parfois reçu de l’aide financière de proches et des services d’aide alimentaire. « C’est dur, d’avouer ça. »
Il participera à la manifestation mercredi. « Une idée me trotte dans la tête : celle d’un revenu de base pour les artistes — comme les organismes peuvent avoir une subvention à la mission, qui les maintient en vie pendant quelques années. » Une idée que trois autres artistes interviewés évoquent également.
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