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Vicky Sabourin
La nature occupe une place singulière dans la pratique artistique de Vicky Sabourin. À travers l’installation et la performance, l’artiste questionne notre rapport à celle-ci. Depuis plusieurs années, elle s’intéresse aux marchés illégaux liés à la vente d’animaux sauvages. Elle tente de comprendre ce qui pousse l’humain à vouloir collectionner le vivant. Son projet Sugar Cakes consiste en un cabinet de curiosités s’inspirant des spécimens confisqués dans les aéroports.
Tout comme plusieurs, Vicky Sabourin collectionne des objets provenant de la nature; roches, coquillages, lichens. Lors de sa résidence au Banff Centre for Arts and Creativity, elle s’est confrontée au geste de pillage d’espaces naturels. Le centre étant situé au cœur d’un parc national, il y est interdit de toucher, et encore moins de ramasser et de collectionner, tout élément provenant de la nature. Ces gestes qui lui paraissaient anodins prenaient un tout autre sens : ramasser un papillon de nuit mort sur le bord de sa fenêtre d’atelier était illégal même si celui-ci sombrerait tôt ou tard à la poubelle. Puis, lors d’une résidence à Terre-Neuve, elle a réalisé l’impact que peut avoir l’humain sur l’écosystème d’une île. Lors de ses visites des archives du Musée d’histoire naturelle de St-Johns (The Rooms), elle a observé et photographié des spécimens indigènes et étrangers; yeux de baleines, grenouilles, hérons repliés.
Au fur et à mesure qu’elle prenait conscience de l’impact de ses pillages et qu’elle devenait hantée par l’éthique de ces gestes qu’elle pensait banals, l’artiste a été confrontée à son propre désir persistant de collectionner. Petit à petit, en voyageant, en marchant dans les bois, en consultant des archives, elle a rassemblé une collection d’images de référence des objets qu’elle aurait voulu voler. Grâce à des recherches sur le braconnage, elle a également amassé des images de référence comprenant des serpents et des tortues confinés dans des bas comme une chaîne de saucisses, et bien d’autres. Elle est à la fois étonnée par l’ingéniosité des braconniers et dégoûtée par la violence et le manque de respect pour les vivants. C’est cette collection qu’elle présentera dans le cadre de son exposition à AdMare dès le 10 juillet prochain.
Au cours de sa résidence de recherche à AdMare du 1er au 15 mai 2021, l’artiste, inspirée des stratégies de contrebande, va se confectionner des vêtements où elle pourra cacher des pièces de sa collection de spécimens en céramique sur son corps. Elle réalisera des performances sur les rives des Îles-de-la-Madeleine dont la documentation photographique sera ensuite présentée, aux côtés de sa collection, dans l’espace Colis suspect à l’aéroport des Iles-de-la-Madeleine. Cette collection fait référence au fétichisme humain de l’animal sauvage et est reliée à notre désir d’entrer en communication avec les animaux et la nature. L’intention de l’artiste est de souligner le désir propre à l’humain de posséder et collectionner d’autres vivants.
BIOGRAPHIE
Vicky Sabourin vit et travaille à Montréal. Elle détient une maîtrise en arts visuels de l’Université Concordia. Son travail a été présenté dans des galeries, musées et centres d’artistes au Canada, aux États-Unis et en Europe. Ses récentes expositions individuelles incluent, notamment, Les Curiosités présentée au Musée national des beaux-arts de Québec, Devenir invisible à Latitude 53 (Edmonton) et Access Gallery (Vancouver) et Danse Macabre à l’Œil de Poisson (Québec) et Sporobole (Sherbrooke). Warmblood a été présentée d’est en ouest à travers le pays, soit à la Galerie Trois Points (Montréal, Québec), Hamilton artist Inc. (Hamilton, Ontario), Eastern Edge (St-Johns, Terre-Neuve), Struts Gallery (Sackville, Nouveau-Brunswick) et Access Gallery (Vancouver, Colombie-Britannique). Sabourin participe avec son œuvre Lac caché à la Manif d’art 8, Biennale d’art contemporain de Québec, présentée au MNBAQ sous le thème de la joie. Sa première œuvre d’art public The Absent Mountain is my Aching Phantom Limb a été dévoilée en Saskatchewan à l’été 2018 sous le projet Roadside Attractions organisé par la Dunlop Art Gallery. En 2014, elle est nommée artiste émergente de l’année par le journal La Presse et est finaliste pour le prix Pierre Ayot. Depuis 2010, elle est récipiendaire de bourses du FRQSC, du CALQ et du CAC. Vicky Sabourin enseigne au département Studio Arts de l’Université Concordia.