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Tout ce qu’on savait mais que nous ne pouvions pas exprimer
Tout ce qu’on savait mais que nous ne pouvions pas exprimer
Pourquoi, certains jours, nous sentons-nous en prise sur le monde, et qu’à d’autres moments, rien ne semble fonctionner?
L’exposition Tout ce qu’on savait mais que nous ne pouvions pas exprimer s’articule autour d’un sens commun de la proximité et du désir d’entrer en relation, tout en reconnaissant les barrières qui souvent font obstacle à la communion. Cette proposition artistique découle d’expériences vécues aux deux extrémités du lien qu’on souhaite tisser : découvrir une parenté avec des gens avec qui l’on n’a aucune langue en commun; être incapable de mener une conversation avec quelqu’un qui parle couramment sa langue maternelle; la satisfaction de visualiser des sons, sans toutefois pouvoir se fier à son propre sens de la perception de profondeur; ou, se sentir près de sa terre natale, tout en étant restreint par les frontières politiques actuelles.
Cette exposition est le résultat d’un stage international d’un an en commissariat – entre la Galerie FOFA et SOMA México – qui visait à favoriser les échanges culturels entre Mexico et Montréal. À la suite de diverses rencontres et réunions avec des artistes contemporains à Mexico, la commissaire Ellen Belshaw a élaboré les prémisses théoriques de l’exposition à Montréal. Les cinq artistes choisis ont tous créé des œuvres qui interpellent directement l’observateur afin de mettre en lumière un lien – ou son absence – par des moyens touchant à la fois les sphères personnelle, politique et sensorielle.
L’œuvre Actual State (2018) d’Armando Rosales, une série de souliers moulés en caoutchouc, invite les visiteurs à porter ses sculptures pour déambuler à travers l’espace d’expositions. Réponse ludique au thème de l’exposition, la proposition artistique de Rosales offre aux visiteurs un regard privilégié sur le vertige quotidien avec lequel est aux prises l’artiste en raison du trouble vestibulaire (une affection de l’oreille interne) dont il est atteint.
L’installation de Marcela Armas, Resistencia (2009), et la vidéo de Daniel Monroy Cuevas, New Frontier (2015), abordent un thème commun : les frontières. Dans Resistencia, une série de câbles d’acier retiennent en place un fil incandescent – la frontière. L’œuvre est un rappel de la malléabilité des divisions physiques et politiques qui perturbent grandement la vie des personnes situées de part et d’autre de la frontière. Alors que l’installation de Marcela Armas représente la ligne qui sépare le Mexique des États‑Unis, la proposition vidéo de Monroy Cuevas est moins évidente. Campée dans un ciné-parc abandonné de la San Luis Valley, au Colorado (ancienne frontière entre le Mexique et les États-Unis, et zone de conflit durant la guerre américano-mexicaine), l’action de New Frontier est centrée sur les outils habituellement utilisés pour combler la distance – jumelles; mégaphones; miroirs. Toutefois, tout au long de la vidéo, la distance exacte faisant l’objet d’une compression demeure imprécise.
Les œuvres Acústica Concreta (2018), de Lorena Mal, et Nodal (2015), de Rogelio Sosa, invitent toutes deux à une expérience sensorielle en faisant appel à des procédés de visualisation du son. Nodal est composée de quatre cordes motorisées oscillant au rythme de compositions sonores créées par l’artiste, que le visiteur peut à la fois entendre et voir dans l’espace. Propre au lieu, l’installation de Mal, Acústica Concreta, convertit en formes linéaires concrètes des ondes sonores réfléchies dans l’espace d’exposition. Tandis que Nodal permet de visualiser des sons en temps réel, Acústica Concreta solidifie des sons qui existaient autrefois, mais qui subissent maintenant les contraintes de l’installation elle‑même. Les œuvres de Lorena Mal et de Rogelio Sosa font s’entrecroiser les sens et établissent des relations entre ceux-ci, brouillant ainsi la frontière entre les expériences de visionnement et d’écoute.
Tout ce qu’on savait mais que nous ne pouvions pas exprimer tente de jeter des ponts entre la galerie, l’université et la ville, tout en tissant des liens et en estompant les frontières entre le Mexique, le Canada et le voisin que ces deux entités politiques ont en commun.
Cette exposition a été rendue possible grâce au soutien du Conseil des arts du Canada, de la galerie FOFA, de SOMA México, l’Association des diplômés de l’Université Concordia, de Fondo Nacional para la Cultura y las Artes, de Jeunesse Canada au travail, et du Consulat Général du Mexique à Montréal.