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Se souvenir, performer, oublier : relier l’espace par l’utopie
a notion d’art public est un concept utopique et contradictoire qui ne peut être concrétisé que dans des circonstances extraordinaires, puisqu’il est destiné à être entièrement public, soit créé par le peuple, pour le peuple, tel que le mentionne Lucy Lippard dans son essai intitulé « Art Outdoors, In and Out of the Public Domain » [L’art extérieur, en dedans et en dehors du domaine public] et publié en 1977. [1] À l’époque, il n’existait qu’un seul exemple de cette forme d’art démocratique, qui sera présenté dans le cadre de ce programme d’événements, dans le film Brigada Ramona Parra (1970). Il encapsule une utopie politique à un moment donné, laquelle servira de fondation pour la représentation du climat politique idéal dans ce projet. L’art s’exerce-t-il mieux à l’intérieur d’un certain contexte politique?
SE SOUVENIR, PERFORMER, OUBLIER: relier l’espace par l’utopie est un programme de rencontres avec Kerstin Honeit, la Société des archives affectives et Rodolfo Andaur ancré dans les références historiques qui problématisent la notion d’endroit et d’art public, particulièrement les enjeux de gouvernance, de liberté, d’inégalité des genres, d’accessibilité, de permanence des objets, d’éphémérité de la mémoire collective, ainsi que de documentation et de préservation d’événements passés. Peut-on immortaliser exclusivement par la performance de la tradition orale? Nous appuyons-nous davantage sur l’objet plutôt que sur la personne pour renforcer un souvenir collectif? Ces références seront examinées à travers la présentation d’une série de vidéos qui combine des œuvres archivistiques et d’art vidéo afin d’articuler l’histoire et la représentation du futur.
Par la présentation d’une série de vidéos et d’une variété d’événements, notamment des conférences d’artistes, des lancements de publication et des activités extérieures, le programme nous invite à envisager la notion d’endroit et le rôle de l’art public tout en nous projetant dans un contexte politique idéalisé au sein duquel nous pouvons évoluer. Les pratiques de la Société des archives affectives, de Kerstin Honeit et de Rodolfo Andaur remettent en question ces enjeux. Chacun·e ancrera sa recherche dans son emplacement respectif – Montréal étant un site charnière pour les trois – ainsi que dans son parcours culturel et artistique. L’endroit se définit par l’usage qu’en fait le public: nous formons, rejetons et créons nos propres libertés et pouvoirs. À travers des récits, mots, gestes et contenus sélectionnés, un échange de points de vue aura lieu sur la façon dont l’écologie et l’économie sont à la fois adorées et démonisées. Ultimement, le programme nous demande: l’art public peut-il appartenir à tout le monde, et comment peut-on occuper l’espace pour se l’approprier?
Commissaire: Victoria Carrasco
1. Lucy R. Lippard, « Art Outdoors, In and Out of the Public Domain », Studio International 193, no. 986 (mars/avril 1977): 84.
Dans son essai, Lippard affirme à plusieurs reprises que l’art public n’existe pas selon la conception de ce qu’est réellement l’art public, puisqu’il est censé remplir en partie les besoins sociaux d’un environnement précis ainsi que l’intention esthétique de l’artiste. De l’exemple le plus réussi, Lippard dit: «Rien n’a mieux répondu à ces besoins dans les villes américaines que le mouvement effervescent du muralisme, né entre autres des brigades muralistes chiliennes, dont l’efficacité fut prouvée par la hâte avec laquelle la junte en effaça toute trace après le coup d’État qui renversa le gouvernement d’Allende.»