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Moving Through Time and Space
— une sélection d’œuvres vidéos de David Tomas
Moving Through Time and Space* réunit quelques œuvres vidéos de David Tomas, des toutes premières aux plus récentes, et vise à tracer un parcours favorisant une ouverture sur les nombreuses ramifications qui traversent l’ensemble de l’œuvre de l’artiste, sans oublier ses écrits et autres manifestations souvent inclassables. Loin de la rétrospective, les travaux présentés retracent trois axes significatifs de la pratique de l’artiste en se concentrant sur l’image en mouvement. Dans un premier temps, sa relation à l’art conceptuel des années 1970, associée à ses recherches sur l’histoire des sciences, qui se manifestent de manière tangible par deux œuvres plus anciennes, à l’origine tournées en 8 mm. Suivent ses investigations, par le biais d’animations vidéos à double écran, sur le statut documentaire et historique de l’image unique — et de ses manques — qui lui permettent d’envisager la forme que pourrait prendre un nouveau cinéma expérimental dans la poursuite d’un récit non narratif. Un axe de recherche que Tomas explorera en affirmant la photographie comme figure des contradictions et paradoxes de l’histoire, puisque chaque détail révélé par une photographie donnée pointe vers l’absence d’autres détails. Il approfondira encore davantage cette idée sur les mécanismes postculturels et posthistoriques dans sa série des Lots en faisant de l’économie de l’art un nouvel — et vaste — espace de recherches transculturelles.
Le présent projet est ainsi une incursion dans le travail de David Tomas tout autant qu’une reconnaissance de sa pensée singulière et de cette faculté particulière de l’ensemble de son travail à créer de nouveaux paradigmes qui témoignent de changements sociaux, économiques et technologiques significatifs. Le changement, nécessairement, implique un moment de transition qui révèle cet espace mouvant que l’artiste a souvent associé au rite de passage et dont les images en mouvement s’avèrent une transposition éloquente. Car, pour Tomas, bien que l’œuvre prenne une forme arrêtée, c’est au confluent de différents systèmes de représentation qu’elle atteste de son passé, de son histoire, de son futur et même de sa forme anticipée.
Étrangement, la pandémie actuelle, bien que par la force des choses, invite à réactiver certains des leitmotivs ou des postures conceptuels si caractéristiques de la pratique de Tomas. L’exposition risque à tout moment d’être tenue à distance du spectateur, et ne pourra peut-être exister que dans sa médiation, soit par le regard d’autrui ou son export sur une plateforme hors de son lieu d’exposition. Tant l’objet que l’humain occupent ainsi une zone liminaire, hors de leur système de référence respectif. Une invitation donc à examiner l’entredeux, ce lieu de transition, voire de mutation, propice à la création d’un nouvel objet qui, comme le disait Tomas, n’appartiendrait qu’à lui-même, libre, puisque non tributaire de son point initial ou final.
C’est avec cette prémisse que Dazibao a choisi d’adopter pour cette exposition, au-delà du présent contexte, une approche qui nous semble singulièrement épouser une démarche et une attitude qui ont traversé toute l’œuvre — la vie — de Tomas. Une pratique qui s’est affirmée comme indisciplinée et qui, même contrainte par des paramètres institutionnels, technologiques ou socioéconomiques, se manifeste, s’avère.
Moving Through Time and Space existera sous diverses formes. L’exposition sera présentée en nos murs et offrira cette expérience unique de la coexistence des œuvres dans un temps et un espace donné, autant que faire se pourra. Tour à tour, et chacune pour une période limitée, les œuvres de l’exposition seront présentées en ligne. Enfin, l’exposition servira de matière première à une réflexion et à une exploration vidéo réalisée par Catherine Béliveau, Emmanuelle Duret, Rosalie Jean, Manoushka Larouche, Catherine Lescarbeau et Geneviève Massé, membres du dernier groupe de recherche dirigé par David Tomas. L’exposition sera ainsi, en tout temps, potentiellement habitée par le groupe de recherche, et donnera lieu à une visite vidéo performée de l’exposition qui viendra clore le projet.
Repoussant les limites du dispositif d’exposition et de ses réseaux, entre l’erreur et l’errance, le connu et l’inconnu, la structure et l’arbitraire, l’exposition sera examinée sous de multiples durées, temps et espaces. Moving Through Time and Space.
— F.C.
* Le titre cite l’artiste. « Moving Through Time and Space » sont des mots qu’il a employés à maintes reprises lors de nos échanges et même de nos tout derniers échanges et qui ont ponctué l’ensemble de sa pratique. Des mots qu’il associait à différentes facettes de son travail, que parfois il rattachait à une vision anthropologique ou ethnographique, d’autres fois à cette manière qu’il avait de muter un sujet vers une autre discipline et d’en exposer les frontières.