Mémoire de l’avenir

Habiter l’incertain

Nous habitons encore le monde de manière différenciée, parcellaire¹. Partant de ce postulat, la cinquième itération de Mémoire de l’avenir pose un regard critique sur le territoire, envisagé comme lieu identitaire, affectif et politique. L’exposition interroge les traces persistantes de « l’habiter colonial² », dont les dynamiques contemporaines d’expansion effrénée, d’accaparement et de racialisation des espaces, constituent quelques-unes des manifestations les plus visibles. Ces héritages ne sont pas sans conséquence : notre devenir, à l’ère de l’anthropocène, nous apparaît incertain. En dépit du morcellement de terres disputées par une poignée d’humains, nous souhaitons rappeler que la terre demeure le lieu des jaillissements de possibles, où s’entretissent des relations, des vécus, des poésies et où cohabite l’ensemble du vivant. Tiohtià:ke (Montréal), métropole culturelle, en est le reflet : un fragment du Tout-Monde³. Ce territoire, traversé par des géographies de solidarités, des communautés multiples, nous invite à contempler un « habiter ensemble ». Le duo Andrew Jackson et Sophia Borowska met en lumière, avec des œuvres textiles et photographiques, la manière dont les communautés portent en elles l’histoire de cette ville, dans un contexte où leur présence et leur mémoire sont parfois menacées d’effacement. Florencia Sosa Rey explore, par la performance, les distances émotionnelles et géographiques, tandis que Léuli Eshrāghi, par des gestes sensuels et des mouvements tendres, ouvre l’espace de la relation et de la connaissance incarnée. Enfin, Marwan Sekkat et Lorna Bauer, par le biais du glitch dont iels font un usage symbolique et sensible, dévoilent et déchiffrent les multiples strates visibles et invisibles du territoire.

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