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© Karen Paulina Biswell, Venacua (ceremony to cure the mother land), de la série Nama Bu, 2014.
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Libertad de Karen Paulina Biswell, Laura Huertas Millán et Ana Mendieta

Vernissage le vendredi 6 septembre à 17h à Dazibao

Commissaire : María Wills Londoño, en collaboration avec Audrey Genois et Maude Johnson

Libertad rassemble des œuvres de Karen Paulina Biswell, Laura Huertas Millán et Ana Mendieta pour examiner de manière critique la chosification du corps des femmes en questionnant la notion même de liberté. L’exposition met en lumière des stratégies où les femmes se saisissent du pouvoir pour devenir sujets plutôt qu’objets de la représentation.

Avec les séries Ellas et Nama Bu, Biswell montre des identités qui ne se conforment pas aux attentes ou aux mœurs convenues et qui défient toute catégorisation pour faire place à l’ambiguïté. Ses sujets expriment une revendication tacite, une volonté ou une intentionnalité qui n’est jamais passive. Ellas présente des femmes dont l’ambivalence des postures et la désinvolture exagérée visent à brouiller toute taxinomie, alors que Nama Bu, par le portrait d’une famille autochtone de la Colombie (communauté emberá-chamí), explore les constructions sociales qui consolident les clichés sur l’autochtonie.

Huertas Millán confronte dans ses œuvres des discours dominants par le biais d’histoires d’aliénation et d’autodétermination. Son travail récuse les binarismes et l’essentialisme pour offrir une vision plurielle de la culture. Avec les films La Libertad et Journey to a land otherwise known, elle sonde les héritages du colonialisme. La Libertad présente un portrait collectif de la famille tisserande matriarcale Navarro et accorde une attention restauratrice aux savoirs et aux pratiques autochtones. Journey to a land otherwise known porte sur l’exotisme et critique les constructions politiques du savoir ethnographique dont les fondements résident, entre autres, dans les expéditions botaniques.

Pionnière parmi les artistes alliant le corps et la terre, Mendieta élabore des modes de (re)présentation performatifs et cérémoniaux. À travers l’acte qui s’estompe et sa trace souvent éphémère, Mendieta explore les concepts de féminité et d’autonomisation (empowerment). Avec les films Burial Pyramid et Alma, Silueta en Fuego, l’artiste met à mal sa propre corporalité. Série iconique, ses sculptures « earth-body » — telles que Mendieta les désignait — esquissent dans le paysage des silhouettes féminines abstraites, multiples figures d’un archétype de déesse façonné par son intérêt envers les religions afro-cubaines. Ses actions autour de l’invisibilité rendent paradoxalement visibles, par l’absence de la chair, les contours d’une violence internalisée.

Les contributions de Biswell, Huertas Millán et Mendieta avivent l’agentivité des femmes, comprise ici en termes de prise en charge, par ces dernières, de leurs potentiels sexuel, politique et économique.