

Leisure (Meredith Carruthers et Susannah Wesley) + Stéphane Gilot
Leisure (Meredith Carruthers et Susannah Wesley)
Chrysalis and Butterfly
À la manière des nombreux ruisseaux qui courent dans le sable à la rencontre de l’océan, Meredith Carruthers et Susannah Wesley (Leisure) font ruisseler ensemble de multiples discours sociaux, matériels et culturels pour qu’ils deviennent une ressource synergique. Cette source est une nourriture vivante et dynamique qui soutient et est soutenue tout à la fois, et qui est renouvelée par plusieurs humains et non-humains. Relationnel, intime et vibrant, un modèle d’œuvre d’art émerge de la pratique collaborative actuelle du duo de Leisure, lequel nous est proposé ici avec Butterfly and Chrysalis en tant que possibilité pour des mondes à venir.
L’un des ruisseaux suivis par Leisure, c’est la nature participative de l’art, inhérente à sa fonction sociale. Ce courant redirige le sens de l’art contemporain, le faisant passer d’une expérience essentiellement contemplative à un généreux engagement actif de la part du public. Comme l’envisageait Joseph Beuys, une œuvre d’art requiert l’énergie créatrice de chaque membre du public pour être activée. La société est ainsi transformée et énergisée par la libération du potentiel créatif de chacune et chacun. Pareillement, Leisure construit un espace public pour favoriser ce potentiel de création, utilisant divers matériaux naturels comme des contenants en terre cuite non vernissée dans le désordre, de l’eau, un gros tas de sable, de grands rouleaux de carton, des plantes, des outils domestiques et du papier mâché. En composant un terrain de jeu à partir de ce que l’artiste et éducateur Simon Nicholson (fils de l’artiste Barbara Hepworth) appelle des « pièces détachées » ou des variables avec lesquels on réalise des choses, le duo réagit à cet appel, souvent mentionné, aux artistes, aux architectes et aux urbanistes : « Pourquoi tout le monde ne serait-il pas créatif ? ».
Extrait
Autrice : Andrea Williamson
Traductrice : Colette Tougas
Fondée en 2004, le collectif montréalais Leisure est formé des artistes Meredith Carruthers (1975) et Susannah Wesley (1976). Elles explorent des thématiques tels que l’histoire culturelle féministe, la collaboration en amitié et le droit des enfants à la créativité, en particulier en tant qu’antidote à l’anxiété climatique.
with Magic Forms (VU Photo, Québec, 2017) et Dualité/Dualité (Artexte, 2015).
Andrea Williamson est une artiste, autrice et professeure de Calgary, ville située sur le territoire du Traité numéro 7. Son travail porte sur les relations multi-espèces de la sollicitude, de l’adoration et du devenir mutuel.
Stéphane Gilot
L’orbe dérobé (Atlas des possibles)
30 ans de pratique de dessin, performance, architecture
La pratique de Stéphane Gilot se déploie comme une accumulation de récits parallèles, qui s’entrecroisent, se fusionnent, pour ensuite éclater en une multiplicité de versions possibles. L’artiste ne cesse d’opérer des allers-retours entre la grandeur de l’architecture et de ses implications idéologiques, et la proximité de la maquette et de diverses formes de répertoires. Par le biais d’installations monumentales, mais aussi de dessins, de modèles réduits, de vidéos, d’aquarelles et de sculptures, il explore, souvent par des collaborations, les manières d’habiter des espaces construits, fictifs ou réels. Les approches architecturales liées aux utopies, aux dystopies, aux structures sociales et à des visions du monde qui admettent la pluralité des univers sont au cœur de ses recherches.
L’exposition L’orbe dérobé se présente comme une incursion dans son travail foisonnant, par l’articulation de plusieurs séries de dessins regroupés depuis une trentaine d’années et d’une plateforme centrale accueillant des sculptures. À travers les motifs qui se répètent et se déclinent, on décèle une fascination pour les théories de la couleur, le genre du portrait, les paysages imaginés, le jeu organisé, l’architecture spéculative, les phénomènes naturels énigmatiques, entre autres. Cet inventaire de sujets et d’intérêts met en scène la notion d’atlas, comme s’il s’agissait d’un recueil de cartes pour s’orienter et comprendre les trajectoires et les voies probables dans la pratique de l’artiste. puis resurgissent dans les grands dessins.
Extrait
Autrice : Emmanuelle Choquette
Originaire de Belgique, Stéphane Gilot habite et travaille à Montréal depuis 1996. La pratique multidisciplinaire de l’artiste combine le dessin, la maquette, l’installation architecturale, la vidéo et la performance. Son approche réflexive des contextes d’intervention et d’exposition propose également un ensemble d’expérimentations sur les protocoles de collaborations interdisciplinaires. Depuis 2013, il est professeur à l’École des arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec à Montréal. L’artiste a reçu le 1er Prix de la création de la Ville de Liège en 2022 et a remporté le prix de sculpture de la Fondation Marie-Louise Jacques en 2019.
Emmanuelle Choquette est autrice, commissaire indépendante et travailleuse culturelle. Elle s’intéresse notamment aux pratiques d’appropriation des archives qui visent à réécrire les discours historiques hégémoniques et à examiner de manière critique les formats d’exposition et de conservation.