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Laisse-le comblé + Le zine dans les cantons
Dans Laisse-le comblé, Aurélie Blanchette Dubois explore les pulsions d’accumulation et de contention, où le désir de se remplir devient synonyme d’une stagnation oppressante. Ses sculptures, disposées dans une scénographie inspirée d’une cave de fermentation ou d’une chambre des secrets, mettent en scène des bassins en textiles imprimés remplis de liquides indéfinis, rappelant un univers décoratif passé. Ce liquide, figé, contenu, est condamné à la putréfaction.
Les textiles imprimés, par leur matérialité et leurs motifs surannés, conservent dans une inertie silencieuse ce qui devrait se mouvoir. Ils deviennent les témoins d’une retenue délibérée, d’un désir de comblement et de plénitude, mais qui se dénature par l’enfermement. Les sculptures d’Aurélie Blanchette Dubois, par leur forme et leur disposition, illustrent cette tension entre la volonté de conserver le consommable et l’inévitable dégénérescence de ce qui ne circule plus.
Le poème de Laurie Bédard, rédigé sur invitation de l’artiste, accompagne cette exposition et renforce l’atmosphère de contenance et l’inéluctable dualité du langage. Échappant à la ponctuation, les mots coulent sans frein tout en menaçant à chaque instant de déborder :
ça y est je le sens ça va encore foirer c’est joué d’avance le secret finira par être dévoilé je le sais je vais l’échapper et je tuerai ce qui devrait être tu c’est toujours comme ça et pourtant je ne sais pas comment l’aborder…
D’entrée de jeu, l’accumulation des pensées reflète à la fois l’impossibilité à contenir comme à exprimer l’indicible, à empêcher la fuite de ce qui devrait rester dissimulé. La parole, comme les sculptures de Blanchette Dubois, est un moyen de préserver l’essence du réel, mais aussi une force qui menace de le corrompre. Chaque mot exacerbe le poids de ce qui est retenu, tandis que la tension entre dire et taire devient insoutenable. La substance liquide ne peut être contenue ; elle pourrit, s’évapore, et la rétention elle-même se transforme en une forme de puissance inquiétante.
Les œuvres, tout comme le texte qui l’accompagne, laissent au visiteur l’impression d’être témoin d’un processus qui résiste au contrôle. Ce qui devait être maintenu, protégé, finit inéluctablement par s’échapper.
– Texte d’exposition de Laurie Bédard
Aurélie Blanchette Dubois est une artiste multidisciplinaire née à Montréal, QC, en 1988, elle vit et travaille entre Genève et Montréal. Diplômée de la Haute école d’art et design de Genève (2019) et de l’Université Concordia à Montréal (2013), elle expérimente avec les formes picturales telles que la peinture et le collage numérique, la vidéo, le textile et la fabrication de scénographies. Sa pratique est guidée par un désir d’étudier les dynamiques d’autorité et d’aliénation qui s’établissent au sein des relations entre les humains, les objets et les images. Ceci permet de faire hybrider les paysages du politique avec ceux de la domesticité. Son travail a été présenté dans des expositions au Canada, en Suisse et à l’étranger. Récipiendaire du HES Excellence Award 2019 et lauréate des Bourses Déliées 2019 du FCAC, elle a notamment exposé à Mala à Lisbonne (2021), au Centre d’Art Contemporain Genève (2021), au Kunstverein de Nuremberg (2024) et dernièrement au Centre des arts actuels Skol à Montréal (2024).
Le zine dans les cantons
France Bessodes, Guylaine Couture, Faustine Escoffier, Fauve Jutras, Denyse Lamontagne ,Alexandra Legault, Frank Poule, Axel Roy, Gabrielle Schloesser, Karolann St-Amand, Ponk, Caroline Vaillancourt, Sébastien Trahan
LE ZINE DANS LES CANTONS avec France Bessodes, Guylaine Couture, Faustine Escoffier, Fauve Jutras, Denyse Lamontagne, Alexandra Legault, Frank Poule, Axel Roy, Gabrielle Schloesser, Karolann St-Amand, Ponk, Caroline Vaillancourt, Sébastien Trahan
Les Cantons-de-l’Est, c’est une nature toujours à portée de main. On en profite pour sa vie culturelle, sa beauté et son histoire. On choisit d’y vivre pour son rythme et ses possibilités. Mais qu’en est-il de l’art dans les Cantons ? Le zine en région est-il différent ? C’est la question soulevée par l’exposition.
En revenant s’installer dans la région, l’artiste Guylaine Couture a découvert un univers du zine bien réel, mais où les artisans n’étaient pas encore rassemblés. Depuis 2022, elle organise imazines, un événement annuel qui en sera à sa troisième édition en avril 2025 à Magog. Cette petite foire stimule les échanges entre artistes et le public curieux de l’univers du zine et de l’art imprimé. Des liens durables ont émergé, notamment par la création d’un Club de zines à Sherbrooke.
Le zine dans les Cantons présente une grande variété de profils d’artistes. Ici, les zines et l’art imprimé sont créés par des personnes de tous âges qui utilisent ces formes artistiques pour partager leur point de vue et leur créativité, tout en explorant le papier, les arts imprimés, le pliage, la reliure, etc. Existe-t-il alors une forme de zine régional ?
Liste des exposant·e·s
+ France Bessodes retraitée • multidisciplinaire • passionnée
+ Guylaine Couture café • marée • livres
+ Faustine Escoffier papetière • estampière • végéphile
+ Fauve Jutras douceur • lumière • vintage
+ Denyse Lamontagne artiste • globe • trotteur
+ Alexandra Legault art • crafts • tatou
+ Frank Poule poète • trickster • art cheap
+ Axel Roy lumière • vulnérable • queer
+ Gabrielle Schloesser poésie • nature • reliance
+ Karolann St-Amand doctorante • photographe • autrice
+ Ponk beauté • fragile • étrange
+ Caroline Vaillancourt simple • spontanée • sensible
+ Sébastien Trahan farfouillard • charlatan • cabochon