Baigné dans ta couleur, tu me nourris, m’enveloppes et me protèges. En toi se cristallise et se conserve la mémoire d’un processus collectif, d’un environnement, d’une adaptation.

Et si la corespiration avait une couleur? L’exposition Jaune corespiration approfondit les recherches en cours de Julie Roch-Cuerrier en lien avec le concept de la corespiration, explorant cette fois-ci par l’intermédiaire d’une lentille chromatique les relations entre l’individu et le collectif à travers notre rapport à la nature.

Expérimentant avec de nouvelles matières comme le pollen, le miel et la cire d’abeille, Roch-Cuerrier s’intéresse à la manière dont les matériaux peuvent être porteurs d’interactions sociales. En intégrant ces dernières à ses œuvres en verre soufflé et en bronze, elle réfléchit au potentiel de ces substances à transmettre les histoires environnementales et transgénérationnelles dont elles sont empreintes. La conception des œuvres est intimement liée aux recherches de l’artiste sur les propriétés des flavonoïdes, soit les pigments qui donnent leur coloration au pollen. Antibactériens et antiviraux, ils ont aussi une fonction protectrice pour les plantes contre les rayons UV. Leur absorption dans l’ultraviolet, perceptible par les insectes, guide ces derniers vers le nectar, leur donnant un rôle clé dans le processus de pollinisation. En référant à la couleur jaune, Roch-Cuerrier souligne ainsi la capacité de certains éléments à garder en mémoire la trace de processus environnementaux, collectifs et adaptatifs. Chaque composition se présente enfin comme une transposition poétique de notre contact à l’autre et au territoire, proposant un portrait intime et singulier des multiples relations qui composent notre environnement.

Prenant la forme d’infusions, de fermentations ou de teintures médicinales intégrées aux corpus de l’exposition, cette transformation digeste des matières est une invitation à soigner notre corps et notre esprit. Face à la précarité et aux conflits qui bouleversent notre planète au quotidien, Roch-Cuerrier tente d’imaginer, à travers ce nouveau corpus, des remèdes collectifs pour une meilleure corespiration.

Entrée libre