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David Lafrance, Choux de bruxelles devant le pont Jordi-Bonet, 2023

Huit saisons de David Lafrance

Vernissage le dimanche 1er décembre à 14h à la Salle Alfred-Pellan

David Lafrance – Huit saisons est une production artistique de la Salle Alfred-Pellan de la Maison des arts de Laval. L’exposition sera présentée du 1er décembre 2024 au 2 février 2025. Une exposition commissariée par Bénédicte Ramade, historienne de l’art spécialisée dans les questions environnementales. À noter que toutes les expositions présentées à la Salle Alfred-Pellan ( l’unique institution muséale en art sur le territoire lavallois) sont toujours gratuites.

Installé sur les versants du Mont-Saint-Hilaire, l’atelier de David Lafrance s’étend au-delà de ses murs, se fondant dans le paysage environnant. Cette région, autrefois muse d’Ozias Leduc et Paul-Émile Borduas, est aujourd’hui le théâtre des observations minutieuses de Lafrance, qui capte ses permutations en temps réel. Alors qu’il peignait autrefois des paysages imaginaires, ses œuvres actuelles traduisent une immersion sensorielle totale—un ancrage visuel, sonore, tactile et olfactif dans l’espace qu’il habite.

DÉJARDINER LE PAYSAGE

Peintre, David Lafrance s’est frotté à l’exigeant projet horticole de créer un jardin topographique adjacent à son atelier à partir de 2021. Après ce dur labeur, d’intenses et joyeuses récoltes émaillées du souci permanent de prendre soin du vivant qui ont inspiré une 1re série de toiles et de sculptures, il a confié son projet aux plus qu’humains. Les mauvaises herbes, la faune, le vent, un climat imprévisible ont alors doucement, mais irrémédiablement transformé les lieux et nourri à leur tour l’inspiration de cet artiste qui n’a jamais cherché à marcher dans les traces du Giverny idéal de Claude Monet.

En déjardinant, l’artiste s’est confronté au thème conventionnel des saisons, qu’il a déconstruit et démultiplié, répondant aux contrariétés climatiques et au désir d’ordre du jardinier par de nouvelles configurations picturales. Ses toiles, ses dessins et même des sculptures mettent ainsi en dialogue l’observation des lieux et leur souvenir en constante métamorphose, créant des paysages faits de mille temps.

Une publication comme un carnet de jardinage

L’ouvrage suit le fil de la conception de l’expérimentation jardinière de David Lafrance qui l’a conduit à laisser la nature (dé)faire son projet initial. Depuis, les habitant.e.s des lieux (grenouilles, lapin, plantations et  espèces « indésirables ») ont altéré ce paysage en bonne intelligence, avec l’approbation enchantée de Lafrance.

Le carnet se veut autant un post-mortem qu’une nouvelle source spéculative pour penser le désordre que les saisons subissent avec les changements climatiques, la valeur relative des calendriers, l’histoire des jardins de peintres, les mutations du vivant à l’heure de l’Anthropocène que décrypte la spécialiste des enjeux environnementaux en art, Bénédicte Ramade, commissaire de l’exposition et autrice des textes.

Démarche artistique

L’atelier de David Lafrance s’étale au-delà des murs, à l’extérieur donc, et en pleine nature. Son environnement est aujourd’hui le terreau fertile de Lafrance, qui l’observe à proximité et en temps réel. Si par le passé l’artiste peignait des lieux imaginaires, sans point d’ancrage dans le réel, il illustre aujourd’hui dans ses toiles des espaces dont il fait l’expérience sensorielle – tant au niveau visuel, qu’au plan sonore, tactile et olfactif. Ce faisant, les nouvelles œuvres de Lafrance témoignent d’une nature qu’on scrute de près, accroupi dans le jardin pour en contempler le rythme lent. Assis sur son tabouret, l’artiste découvre ce qui lui est immédiat et à portée de main dans un rapport de réciprocité, voir même de symbiose. Il en résulte des vues en plongée ou à hauteur même des spécimens qu’il peint, où les couches picturales se déposent les unes sur les autres, en infinies palimpsestes, dans une réécriture entêtée du territoire au sein d’un même plan.