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Habiter l’imaginaire de Moridja Kitenge Banza
Le fascinant parcours de vie de Kitenge Banza est ponctué de multiples tournants qui l’ont amené à quitter son pays d’origine, la République démocratique du Congo, pour étudier en France, puis à émigrer à Montréal. Dans sa pratique multidisciplinaire, qui comprend la peinture, la photographie, la vidéo, le dessin et l’installation, Kitenge Banza explore les histoires, la mémoire et l’identité des lieux où il a vécu, en lien avec ses propres expériences. S’inspirant de situations passées et présentes, l’artiste élabore, assemble et trace des figures à la manière d’un géomètre, en se réappropriant les codes de divers milieux culturels, politiques, sociaux et économiques. Entretenant volontairement une confusion entre réalité et fiction, il remet en question les récits hégémoniques afin de créer des espaces où les discours marginalisés peuvent s’épanouir.
Dans le cadre de cette exposition, Kitenge Banza occupe quatre étages de l’édifice de la Fondation situé au 451, rue Saint-Jean. Aux deux premiers étages, il présente deux séries de tableaux qui s’inscrivent dans la continuité du projet Chiromancie, amorcé en 2008, dont le thème porte sur la valeur inégale accordée à la cartographie et à l’art divinatoire de la chiromancie. Dans ces œuvres récentes, Kitenge Banza se penche sur l’histoire de la colonisation et sur son impact sur les plans politique et économique, dans l’exploitation minière en République démocratique du Congo et au Québec. Étonnantes sur le plan formel, ces pièces offrent une réflexion approfondie sur les réalités géopolitiques actuelles et sur les puissances invasives qui déplacent les gens et transforment à jamais les territoires. Au troisième étage se trouve une toute nouvelle installation qui témoigne de l’approche caractéristique de l’artiste, à savoir l’utilisation de l’ironie pour aborder des sujets difficiles. Cycle (2023) prend la forme de la réception d’une société fictive qui propose aux organisations d’éliminer et de recycler le racisme. Le public pourra y visionner une vidéo d’entreprise et consulter des brochures et des présentoirs qui expliquent la démarche de la société en question. La création de cette œuvre a été un moyen pour Kitenge Banza d’aborder sa propre expérience de discrimination raciale et d’en guérir. Reliant l’ensemble de l’exposition est une composition sonore créée spécialement pour l’occasion qui culmine avec la présentation de son œuvre primée de 2009, Hymne à nous. Cette œuvre rassemble des phrases de quatre hymnes nationaux sur l’air de l’Ode à la joie de Beethoven, avec un ensemble de 30 voix, chantées en harmonie à quatre voix par l’artiste lui-même. Pris dans son ensemble, le travail de Kitenge Banza incarne la «sensualité politisée», car il séduit par l’ouïe et le regard, tout en nourrissant l’esprit critique.
Commissaire :
Cheryl Sim