Gaétane Godbout, Nina Vroemen et Stéphanie Matte
L’errance organisée
Pionnière notoire de l’Écart, Gaétane Godbout revient au printemps de sa pratique en larguant le consensus pour accéder plus frontalement à la désinvolture. Alliant dentelles, cordes, collages, peintures et autres matériaux, elle replonge dans le savoir-faire transmis par sa grand-mère à travers le tissage et la dentelle; le lègue comme une exaltation; l’inspiration pour déployer dans l’espace une installation vivante, fruit fusionnel de la rencontre plastique et du souvenir.
L’artiste Gaétane Godbout fomente une installation grand format intégrant la⸱e spectateur⸱rice comme agent⸱e participatif⸱ive. L’errance organisée ou comment se sortir des gestes immuables pour aller à sa propre rencontre est un retour au puit.
Deux grands axes unissent le chemin créatif de l’artiste; la rencontre avec l’autre – l’appétence pour la réverbération des héritages – et l’acte de peindre. La composition picturale de l’artiste est une valse entre précision et intuition; une succession de superpositions de lignes, de points et de formes créent des vecteurs reproduisant les liens interhumains. À travers ses œuvres se déploient des couches de sens exposant la complexité tant humaine que structurelle. Ces symphonies visuelles permettent une interprétation sans cesse renouvelable comme la lecture d’un poème.
(Texte de Janie Lapierre)
________
Nina Vroemen
Ground is the bottom of anything – Le sol est le fond de tout
Ground is the bottom of anything – Le sol est le fond de tout prend comme point de départ la notion de boucle élémentaire, en examinant les récits géologiques, historiques et personnels pour retracer l’héritage des éléments extraits du sol et, finalement, ceux qui y retournent. La toxicité et la contamination ne sont pas perceptibles d’emblée ; ces formes de violence environnementale, qui se produisent plus lentement, sont souvent invisibles et acquittées par la justice. Ces enjeux obsédants requièrent de nouvelles façons de penser pour qu’elles soient remarquées.
L’imagination humaine – et par extension l’art – peut-elle être utile pour réfléchir des futurs alternatifs et d’autres manières d’être au monde ?
Dans une installation pluridisciplinaire où des fontaines anamorphiques annoncent un avenir aquatique, des visages de glace font écho au mythe de Narcisse et des gargouilles de céramique évoquent la chaîne radioactive de l’uranium, des réflexions sur la crise écologique et la violence environnementale émergent.
Ces dernières années, ses recherches se sont concentrées sur la dangerosité des résidus nucléaires, le deuil, la hantise permanente du militarisme et la violence imposée à la nature – la perceptible comme l’imperceptible. Le travail de l’artiste entremêle politique et poésie, réfléchissant à l’impact de la brutalité des systèmes de pouvoir et de domination sur l’environnement.
(Texte de Janie Lapierre)
Ground is the bottom of everything – Le sol est le fond de tout est présenté(e) dans le cadre de Plein solo, une série de six expositions solo est portée par artch en collaboration avec l’Atelier Silex, l’Écart, le Centre SAGAMIE, le Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul, le Musée régional de Rimouski, et le Musée du Bas-Saint-Laurent, pour offrir à six artistes de la relève leur première exposition individuelle. Retrouvez la programmation complète des expositions sur www.artch.org
______
Stéphanie Matte
La forêt qui n’appartenait à personne
La forêt qui n’appartenait à personne nous immerge dans les bois de l’enfance de Stéphanie Matte, monde onirique en constante mouvance. À travers la récurrence de ses passages dans ce lieu fantasmé de l’Abitibi-Ouest, elle analyse depuis plus de vingt-cinq ans la multiplicité des éléments naturels et construits qui jalonnent cette forêt, créant à chaque fois un récit singulier et donnant une vision en marge de la forêt littérale. Composée de photographies, de croquis et de textes dépeignant les rêves de l’artiste, cette installation nous convie dans l’intimité d’une constellation de songes. La transformation inépuisable générée par les épisodes vécus dans cet univers immatériel expose la conjoncture des espaces et des récits.
Guidée par ses sens, l’artiste tente d’être au diapason de ce que le monde extérieur lui offre. En perpétuelle quête d’ouverture, c’est par la rencontre d’autrui que les idées émergent et que de petites épiphanies deviennent matière sensible. Assemblage de récits, phénomènes et souvenirs d’expériences esthétiques sont les inspirations premières de ses œuvres. Cet ensemble sera ensuite remodelé bâtissant ainsi une œuvre picturale épanouie de son processus créatif.