Dans le cadre du projet «Friches», quatre artistes sont invités à explorer une facette méconnue du territoire régional. Au fil des résidences in situ sur des terrains en friche, les artistes enrichiront l’exposition et alimenteront la discussion tout l’été. L’exposition, accompagnée d’ateliers et de plusieurs activités, est présentée au Centre d’art Jacques-et-Michel-Auger jusqu’au 2 septembre.

La friche est une portion de territoire dont l’exploitation humaine a été abandonnée et qui est laissée à elle-même. L’expression « laissé en friche » évoque la désaffection et le déclassement. Le langage technique des agronomes, des forestiers et des aménagistes du territoire reflète bien la logique productiviste qui détermine la valeur foncière. Qualifiées de terres « de peu de valeur » les friches forment pourtant une proportion significative des paysages des environs de Victoriaville : terres accidentées et plissées par le choc tectonique qui a vu naître les Appalaches; modestes terres de roches négligées par les agriculteurs dotés de machines toujours plus grosses et performantes. La désaffection de ces terres est accompagnée d’un appauvrissement du tissu social.

Si on percevait la friche autrement que comme un lopin improductif, chaotique et muet en attente d’être exploité on y découvrirait un phénoménal havre de biodiversité, un formidable laboratoire du vivant que nos sens et notre intellect commencent à peine à explorer. C’est ce que ce projet veut amorcer en posant sur les friches environnantes les regards croisés d’artistes, de penseurs et d’acteurs agissants in situ.

Réunis par la commissaire Dominique Laquerre, les artistes Mériol Lehmann, Karine Locatelli, Angela Marsh et Sonia Reboul partagent en amont un intérêt pour le concept de «friche». Leurs pratiques touchent plusieurs disciplines, du dessin à la photographie, de l’installation à l’art vidéo et à l’art relationnel; de même que leurs champs d’intérêt traversent les sciences humaines, la philosophie et les sciences de la nature. L’inventaire, la collecte, l’enquête et l’observation sont des activités qu’ont en commun les artistes et les scientifiques.

Puisque «Friches» est un projet artistique qui mise sur la relation et sur l’interdisciplinarité, le centre d’art veut favoriser les échanges et susciter la discussion. C’est pourquoi le projet s’articule en différents volets : un processus de recherche-création in situ se déroulant entre mai et août; une exposition évolutive en galerie; des rencontres et des ateliers ponctuels. Le projet «Friches» se conclura, les 25 et 26 août, par une table-ronde interdisciplinaire suivie d’une tournée des friches où se croiseront artistes, scientifiques et gens de terrain.