

Entre chien et loup
Nicolas Desverronnières, Ingrid Lyons, Jonathan “radbwa faroush” Mayers, Lucie Rocher
La corde est un objet formé de plusieurs brins tressés ensemble pour ne former plus qu’un. Un assemblage de différentes matières textiles qui, sans perdre leur individualité, offrent une nouvelle densité et lecture au tout, une fois liées.
À l’image de celle-ci, Entre chien et loup est une exposition collective qui propose de lier quatre artistes issus de divers horizons géographiques et plastiques dont le point de convergence fut la rencontre. Une rencontre au cœur de l’espace-temps privilégié de la résidence et du narratif qui peut s’écrire entre celles·eux qui expérimentent cette mise en tension du travail et de l’intime ; cette quotidienneté unique qui s’empare des corps individuels pour en faire corps collectif.
C’est au printemps 2022 que Nicolas Desverronnières (FR), Ingrid Lyons (IE), Jonathan “radbwa faroush” Mayers (US) et Lucie Rocher (CA) se retrouvent plusieurs mois résidant·e·s du centre Est- Nord-Est (CA). Y naissent petit-à-petit des échanges fertiles autour des pratiques et des concepts de chacun·e·s, puis le désir de faire perdurer ces conversations et la proximité qui s’est alors créée entre elles·eux, par l’entremise d’une autre forme de faire et de penser ensemble.
Si les pratiques sont bien singulières et propres à chacun·e, une porosité s’opère dans la mise en espace et la volonté de repousser les territoires cloisonnant au cœur de Diagonale. Les œuvres respirent mais s’entrecroisent. Déployées en suspension, au mur et au sol, certaines sont directement issues des discussions collectives de 2022, et d’autres, marquées plus indirectement puisque générées individuellement à huis clos. Bois, peintures, photographies, tissus, récits, post- colonialisme, enjeux environnementaux, traditions… les médiums sont protéiformes tout comme les concepts pluriels, même si certains de ces derniers traversent plusieurs pratiques.
Chaque artiste offre ses familiers à la nouvelle collectivité et, par le fait même, au public montréalais. Le paysage représenté sous les traits de sculptures en bois ou pyrogravées de Nicolas Desverronnières côtoient les photographies d’environnements naturels et construits mis en tension sur soie et verre par Lucie Rocher; le folklore et la filiation emprunts de récits se déclinent dans les propositions picturales et sculpturales de Jonathan “radbwa faroush” Mayers puis sous formes de batiks et d’artefacts chez Ingrid Lyons. Un langage visuel trouvant continuité dans l’oralité puisque Mayers et Lyons donneront deux performances le jour du vernissage. Poèmes en kouri-vini (créole louisianais) et compositions sonores raisonneront alors successivement dans la salle d’exposition pour poser le préambule d’Entre chien et loup qui choisit de donner à voir un dialogue plastique et humain voire amicale entre des artistes, à une époque où les enjeux sanitaires mondiaux ont malmené le vivre-ensemble tangible et où l’immatériel numérique favorise l’entre-soi.
Vernissage + performances, 12.04 de 14h à 17h.