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Carol-Ann Belzil-Normand et Marie-Laure S. Louis + Audrey Beaulé

Vernissage le vendredi 20 janvier à 17h30 à Arprim

Oraisons jaculatoires

« Le cri peut emprunter différentes modulations. Il peut être bref et aigu, ou, au contraire, s’allonger en un hululement sans fin. Une chose demeure certaine : passé l’enfance où il est toléré — bien que parfois avec agacement, voire un certain épuisement — le cri est pathologisé, associé à la violence ou la folie. Il est ce qui déborde du cadre, ce qui refuse d’avaler la pilule de la normalisation. Il appartient à quelqu’un qui ne sait pas se (con)tenir. Face au cri, on détourne la tête, on grince des dents, on exige le silence. Or, qu’arrive-t-il si on invite le cri à sa table, qu’on accepte ses virtualités au lieu de tenter de calmer son insubordination ? Peut-on apprivoiser le cri des autres, et en même temps, le sien ? Pour cette exposition, c’est plutôt à une hospitalité du cri qu’invitent les deux artistes, Carol-Ann Belzil-Normand et Marie-Laure S. Louis.»
-Extrait du texte d’exposition de Chloé Savoie-Bernard

« Est-il possible de dissocier le cri féminin de la colère? Dans la littérature féministe, les voix retentissantes revendiquant le personnel comme politique ont avant tout exprimé la consternation face à l’oppression et sont devenues symboles de protestation. À l’opposé, est-il possible d’imaginer l’expression de notre allégresse et de nos plaisirs comme vecteurs d’affranchissement du pouvoir? L’idée porte en elle une certaine agentivité, puisque si nos cris sont inlassablement relayés au silence, la prospection de nos voix coïncide avec la réappropriation de nos corps. C’est dans cette optique que l’installation Oraisons jaculatoires, du duo d’artistes Carol-Ann Belzil-Normand et Marie-Laure S. Louis dresse un parallèle entre l’exploration des signifiants visuels et gutturaux et de l’espace privé intime. Leurs œuvres, comme les voix de leurs points de vue situés, trouvent leur lieu commun sur l’expérience du corps dans l’espace, la recherche de l’exaltation et la censure de la sensualité féminine.»
– Extrait du texte d’exposition de Marie-Hélène Toutant-Gauthier

Carol-Ann Belzil-Normand vit et travaille à Québec. Elle poursuit ses études au doctorat en littérature et arts de la scène et de l’écran à l’Université Laval. Dans sa recherche, elle s’intéresse au concept de frivolité comme approche méthodologique sensible et humoristique à travers le cinéma d’animation. Belzil-Normand a effectué des résidences de création et participé à des expositions collectives dans plusieurs centres d’artistes au Québec. Son travail a été mis à l’honneur lors d’expositions individuelles à Arprim, l’Atelier Presse-Papier, La Bande Vidéo, Caravansérail, la Galerie R3 et l’Oeil de Poisson. Elle a diffusé ses films d’animation lors de nombreux festivals locaux et internationaux. De plus, elle est l’autrice de deux recueils de poésie, soit Sanités (Moult Éditions, 2020) et PUSSY GHOST (Écrits des Forges, 2021).

Marie-Laure S. Louis vit et travaille à Montréal. Louis est née et a grandi à la République de l’île Maurice. Elle fait ensuite ses études supérieures en France où elle résidera une dizaine d’années. Louis s’aventure par la suite au Canada où elle poursuit un doctorat en études et pratiques des arts (UQAM). Son parcours personnel la mène à s’interroger sur le (son) corps, à ses identités et ses expériences en relation, au travers d’une pratique de l’image photographique particulièrement. Récemment, avec l’organisme Nigra Iuventa, elle a participé aux expositions collectives Subalternes à la galerie du CEDEx et Respiration du projet QUADdrature à la Galerie de l’UQAM. Les créations de Louis ont été présentés au New York Times Annual Portfolio Review (USA), au Prix Mentor Freelens Arles (France), aux Nuits Photographiques de Pierrevert (France), dont des expositions individuelles à la Galerie du Carré d’Art (Rennes, France) et à l’Institut franco-américain (Rennes, France) pour sa série LLBTR. Louis a fait des résidences de recherche à LA CHAMBRE BLANCHE (Canada) et à PARSE NOLA (USA).

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Si le livre sait se fermer,
ce n’est pas parce qu’il
ne peut pas s’ouvrir

Si le livre sait se fermer, ce n’est pas parce qu’il ne peut  pas s’ouvrir est une expo-vente regroupant trois projets d’autoédition. Agissant comme une salle de lecture sensorielle, elle appelle aux actions de s’asseoir, de manipuler, de lire, de penser, de ressentir, de prendre un temps et de faire place aux marges.

L’artiste propose des prises de positions tantôt vulnérables, tantôt queers, tantôt puissantes, pour réfléchir à nos systèmes qui cadrent nos existences. Que ce soit par le rapport au travail, à nos sexualités, au relationnel, à nos institutions ou encore à notre éducation, comment déployer nos manières de vivre ? Est-ce possible de (re)trouver une puissance en combattant nos systèmes ? Est-ce réellement possible de s’émanciper ? De quoi ? Comment ?

Quelles perspectives sont envisageables pour les prises de paroles marginales aujourd’hui ? Pour Audrey Beaulé, sa réponse réside dans l’autoédition. Ce médium dissémine les marges —– de la société, de la page. Des enluminures du Moyen Âge, en passant par l’imprimerie de Gutenberg, jusqu’à la photocopieuse XEROX, à la culture punk et à la bande dessinée jusqu’à l’impression telle qu’on la connaît aujourd’hui, les publications ont toujours cherché à laisser des traces, comprendre ou se raconter de manières plurielles. Par la production de publications, Audrey Beaulé a le sentiment de mieux habiter ses propres marges, à se décentrer, à inviter au déplacement. Ce médium offre cette possibilité de décloisonner l’art tout en entrant en contact avec divers publics, diverses personnes —– initiées ou non —– aux perspectives marginales et au milieu des arts, du livre ; il peut proposer un discours alternatif. Pour iel, l’espace du livre —– de son idéation à sa fabrication —– est vecteur de moments remplis d’une vive lucidité, d’une liberté incomparable, d’affirmations multiples et d’une plénitude menant constamment vers de nouvelles transformations de soi. L’autoédition dans laquelle s’inscrit l’artiste reste une activité marginale où laisser une trace en défiant la représentation par l’abstraction —– textuelle, dessinée —- est une résistance à notre société d’information et d’images. S’opacifier, brouiller, tordre le réel et l’imaginaire sont des méthodes actives hors des représentations. C’est un processus qui oscille entre se fermer et s’ouvrir, vers une recherche constante à incarner davantage sa vie, sa pensée, son corps et son temps.

Audrey Beaulé est finissant-e à la maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’UQAM. Iel est récipiendaire de la bourse François Xavier Marange en arts d’impression (2021-2022). Observant depuis la marge, Beaulé s’intéresse à l’abstraction queer dans l’optique d’une relecture féministe et indisciplinée de systèmes. Son travail a été présenté à Espace Projet (2016), à la Cinémathèque québécoise (2017) et aux îles de la Madeleine pour AdMare (2022). Son travail en arts et en design a été récompensé par la bourse Daniel Langlois (2019) et le prix Réal Fillion (2021).