À la lisière des échos, résidence de l’artiste Annie Baillargeon

À la lisière des échos est un projet de recherche et de création mené par Annie Baillargeon qui propose une réflexion sur les lieux, les gestes et les temps de la régénérescence. Cette démarche s’intéresse spécifiquement aux hétérotopies liées à l’écologie et à l’exploitation des ressources naturelles contre la segmentarisation des espaces de vie. Il s’agit d’aborder les lieux laissés à l’abandon, désaffectés ou en processus d’érosion afin de souligner la vie qui les traverse et les anime. Ces lieux hors de la productivité marchande, des flux commerciaux et de la circulation quotidienne que sont les terrains vagues, les espaces naturels inexploitables et les friches post-industrielles sont aussi des milieux de vie qui abritent un étonnant foisonnement de biodiversité, de récits fabuleux et de beautés inattendues.

Ces habitats à la lisière de la société témoignent d’enjeux affectifs, sociaux et environnementaux que la démarche de l’artiste tente de matérialiser afin de leur donner une existence politique. Ainsi, en les réhabilitant par des performances-rituels, ces lieux limitrophes soumis au cycle d’érosion et de régénérescence deviennent des entités où se tissent des alliances sensibles entre humain et non-humain. Par sa forme et sa manière d’enchevêtrer des préoccupations écologiques et féministes, ce projet s’inscrit dans une démarche qui intègre des stratégies performatives d’auto-représentation dans des environnements photographiques.

Cette résidence sera l’occasion pour Annie Baillergeon de reconsidérer le rapport entre lieu et performance dans la construction de son imaginaire afin de réfléchir aux différentes mutations du corps vivant et de son environnement. Ainsi, de manière plus générale, ce projet permet de relier sa pratique de soin et la convergence entre l’intime et le politique qui ont animé sa pratique des dernières années à des enjeux sociaux, mentaux et environnementaux.

BIOGRAPHIE

Le travail de Baillargeon relate une représentation exaltée et transgressive du corps. Elle conjugue une pratique de la performance avec la photographie, la vidéo et l’installation afin de détourner les injonctions qui pèsent sur les corps traditionnellement féminins et de provoquer la normativité capitaliste. Dans une démarche multidisciplinaire prenant la performance comme moteur principal, elle recourt à des stratégies d’auto-représentation qui relatent un corps en mutation avec son environnement immédiat. Entre les différents médias utilisés et les multiples antagonismes des réalités humaines, féminines, maternelles qui la traversent, elle compose des mises en scène autofictionnelles qui réinscrivent et réinventent sa relation au monde pour y trouver un équilibre. Sans se restreindre à la binarité de genre, elle fragmente, multiplie et disloque l’image de sa personne à travers des personnes qui mettent en lumière des situations politiques, psychologiques et écologiques.

Née à Victoriaville, Annie Baillargeon détient une formation en arts visuels de l’Université Laval, à Québec, où elle vit et travaille. Son parcours comprend des expositions individuelles et collectives en centres d’artistes et dans des musées ainsi que de nombreuses participations à des événements d’envergure au Québec, au Canada, aux États-Unis, en Amérique du Sud et en Europe. Elle a cofondé deux collectifs de performance : Les Fermières obsédées de 2001 à 2015, puis B.L.U.S.H. depuis 2015. Elle est représentée par la Chiguer art contemporain à Montréal et à Québec. Ses œuvres font partie en autre des collections du Musée des beaux-arts du Canada et du Musée national des beaux-arts du Québec.