Arts et Vie, mardi 10 mai 2005, p. B3
Un bureau d’audiences pour les arts ?
Lemieux, Julie
Le directeur général de l’OSQ, Michel Létourneau a proposé l’idée. Le peintre Luc Archambault l’a endossée. D’autres décideurs, d’autres artistes pourraient maintenant emboîter le pas. La suggestion de l’ex-directeur du Festival d’été est simple : créer un Bureau des audiences publiques sur les arts. Une espèce de BAPE nouveau genre, qui aurait le mandat de consulter les gens et d’éclairer le gouvernement lorsqu’il doit prendre des décisions affectant la culture québécoise. La première mission de ce nouvel organisme ? Trancher le litige entre les FrancoFolies et le Festival d’été de Québec…
Voilà une idée qui n’est pas bête du tout et qui devrait être envisagée avec sérieux par le gouvernement du Québec. Au lieu de régler les litiges culturels derrière des portes closes, au lieu de laisser les fonctionnaires ou les politiciens prendre des décisions sans connaître tous les tenants et les aboutissants d’un dossier, pourquoi ne pas créer un organisme de consultation indépendant et transparent, à l’image du BAPE ? Le Bureau des audiences publiques sur l’environnement a été formé pour aider le gouvernement à voir clair, à mesurer l’impact de ses décisions sur l’environnement et dépolitiser ce genre de débats. À la lumière des événements des dernières semaines, on peut dire que le domaine de la culture et des arts aurait bien besoin lui aussi d’un tel outil.
Il devient en effet de plus en plus difficile pour le ministère de la Culture de trancher, de prendre une décision éclairée lorsque survient un conflit comme celui opposant le Festival d’été et les FrancoFolies. De toute évidence, les deux parties ont bien des arguments dans leurs manches. Mais qui détient la vérité ? Quels sont les réels impacts d’un déménagement des Franco en juin ? J’ai tendance à prêcher pour ma paroisse et à croire les arguments de Daniel Gélinas. Mais il me semble qu’un organisme indépendant, qui n’est pas celui qui donne les subventions et qui est totalement objectif dans ce dossier, devrait se pencher sérieusement sur la question.
Tout le monde espère que la rencontre qui doit avoir lieu cette semaine entre les organisateurs des deux festivals sera fructueuse. Mais peu importe l’issue de ces négociations, le gouvernement devrait se rendre à l’évidence qu’il n’a pas les outils nécessaires pour faire de la médiation lorsque surviennent de tels conflits. Difficile de trancher lorsqu’on subventionne les deux organismes impliqués, difficile de choisir entre la métropole et la capitale, difficile aussi de résister aux pressions politiques… Michel Létourneau a raison : un BAPE destiné au monde des arts serait le bienvenu.
Car cet organisme pourrait devenir un outil intéressant pour arbitrer dans l’avenir d’autres sortes de conflits entre organismes ou répondre aux questionnements de la communauté artistique et des citoyens. Le BAPE veille à la sauvegarde des ressources naturelles et au respect de l’environnement. Le BAP-Arts ou le BAPA pourrait faire de même avec les ressources culturelles, avec le travail des artistes. Il pourrait se pencher sur le financement de toutes les formes d’arts, il pourrait mesurer l’impact des décisions gouvernementales sur cette industrie très souvent négligée. Il pourrait aussi évaluer les besoins de la relève et voir à ce que le Québec ne néglige pas cette ressource humaine inestimable.
Dans un courriel qu’il a fait parvenir aux médias et à certains membres du gouvernement, le peintre Luc Archambault endosse la création d’un BAPA, mais suggère aussi que la région fasse tout de suite front commun afin de réclamer des audiences publiques sur le conflit entre les FrancoFolies et le Festival d’été. Voilà qui serait une bonne façon de tester l’idée de Michel Létourneau à très court terme… Pour l’instant, ce sont les médias qui jouent aux commissaires et qui tentent de savoir qui dit vrai dans cette histoire. Mais il serait peut-être temps d’élargir le débat et de demander à un organisme indépendant d’écouter et d’approfondir les arguments de toutes les parties.
Cet exercice serait beaucoup plus pertinent que de permettre aux FrancoFolies de transférer ses activités au mois de juin pendant deux ans. Au lieu de réparer ensuite les potentiels pots cassés, le gouvernement pourrait plutôt prendre dès le départ une décision bien mûrie. Et les décideurs verraient par la même occasion si un BAPA aurait sa place sur l’échiquier québécois.
J’imagine que le choix des commissaires ne serait pas de tout repos, mais il existe sûrement au Québec des spécialistes des arts et de la culture qui ne servent pas les intérêts d’un groupe en particulier. Des gens qui n’ont aucun lien avec les FrancoFolies ou le Festival d’été. Des gens qui sont capables d’être objectifs et qui ont simplement la culture à coeur. Suffit simplement de les trouver. Mais chose certaine, il vaudrait mieux prendre encore quelques semaines pour écouter tout le monde et voir plus clair dans ce dossier. Parce que pour l’instant, la population est mêlée et a bien du mal à dire où est la vérité.
Catégorie : Arts et culture
Sujet(s) uniforme(s) : Études d’impacts environnementaux et audiences publiques
Taille : Moyen, 621 mots
Arts et Vie, mardi 10 mai 2005, p. B3
Un bureau d’audiences pour les arts ?
Lemieux, Julie
Le directeur général de l’OSQ, Michel Létourneau a proposé l’idée. Le peintre Luc Archambault l’a endossée. D’autres décideurs, d’autres artistes pourraient maintenant emboîter le pas. La suggestion de l’ex-directeur du Festival d’été est simple : créer un Bureau des audiences publiques sur les arts. Une espèce de BAPE nouveau genre, qui aurait le mandat de consulter les gens et d’éclairer le gouvernement lorsqu’il doit prendre des décisions affectant la culture québécoise. La première mission de ce nouvel organisme ? Trancher le litige entre les FrancoFolies et le Festival d’été de Québec…
Voilà une idée qui n’est pas bête du tout et qui devrait être envisagée avec sérieux par le gouvernement du Québec. Au lieu de régler les litiges culturels derrière des portes closes, au lieu de laisser les fonctionnaires ou les politiciens prendre des décisions sans connaître tous les tenants et les aboutissants d’un dossier, pourquoi ne pas créer un organisme de consultation indépendant et transparent, à l’image du BAPE ? Le Bureau des audiences publiques sur l’environnement a été formé pour aider le gouvernement à voir clair, à mesurer l’impact de ses décisions sur l’environnement et dépolitiser ce genre de débats. À la lumière des événements des dernières semaines, on peut dire que le domaine de la culture et des arts aurait bien besoin lui aussi d’un tel outil.
Il devient en effet de plus en plus difficile pour le ministère de la Culture de trancher, de prendre une décision éclairée lorsque survient un conflit comme celui opposant le Festival d’été et les FrancoFolies. De toute évidence, les deux parties ont bien des arguments dans leurs manches. Mais qui détient la vérité ? Quels sont les réels impacts d’un déménagement des Franco en juin ? J’ai tendance à prêcher pour ma paroisse et à croire les arguments de Daniel Gélinas. Mais il me semble qu’un organisme indépendant, qui n’est pas celui qui donne les subventions et qui est totalement objectif dans ce dossier, devrait se pencher sérieusement sur la question.
Tout le monde espère que la rencontre qui doit avoir lieu cette semaine entre les organisateurs des deux festivals sera fructueuse. Mais peu importe l’issue de ces négociations, le gouvernement devrait se rendre à l’évidence qu’il n’a pas les outils nécessaires pour faire de la médiation lorsque surviennent de tels conflits. Difficile de trancher lorsqu’on subventionne les deux organismes impliqués, difficile de choisir entre la métropole et la capitale, difficile aussi de résister aux pressions politiques… Michel Létourneau a raison : un BAPE destiné au monde des arts serait le bienvenu.
Car cet organisme pourrait devenir un outil intéressant pour arbitrer dans l’avenir d’autres sortes de conflits entre organismes ou répondre aux questionnements de la communauté artistique et des citoyens. Le BAPE veille à la sauvegarde des ressources naturelles et au respect de l’environnement. Le BAP-Arts ou le BAPA pourrait faire de même avec les ressources culturelles, avec le travail des artistes. Il pourrait se pencher sur le financement de toutes les formes d’arts, il pourrait mesurer l’impact des décisions gouvernementales sur cette industrie très souvent négligée. Il pourrait aussi évaluer les besoins de la relève et voir à ce que le Québec ne néglige pas cette ressource humaine inestimable.
Dans un courriel qu’il a fait parvenir aux médias et à certains membres du gouvernement, le peintre Luc Archambault endosse la création d’un BAPA, mais suggère aussi que la région fasse tout de suite front commun afin de réclamer des audiences publiques sur le conflit entre les FrancoFolies et le Festival d’été. Voilà qui serait une bonne façon de tester l’idée de Michel Létourneau à très court terme… Pour l’instant, ce sont les médias qui jouent aux commissaires et qui tentent de savoir qui dit vrai dans cette histoire. Mais il serait peut-être temps d’élargir le débat et de demander à un organisme indépendant d’écouter et d’approfondir les arguments de toutes les parties.
Cet exercice serait beaucoup plus pertinent que de permettre aux FrancoFolies de transférer ses activités au mois de juin pendant deux ans. Au lieu de réparer ensuite les potentiels pots cassés, le gouvernement pourrait plutôt prendre dès le départ une décision bien mûrie. Et les décideurs verraient par la même occasion si un BAPA aurait sa place sur l’échiquier québécois.
J’imagine que le choix des commissaires ne serait pas de tout repos, mais il existe sûrement au Québec des spécialistes des arts et de la culture qui ne servent pas les intérêts d’un groupe en particulier. Des gens qui n’ont aucun lien avec les FrancoFolies ou le Festival d’été. Des gens qui sont capables d’être objectifs et qui ont simplement la culture à coeur. Suffit simplement de les trouver. Mais chose certaine, il vaudrait mieux prendre encore quelques semaines pour écouter tout le monde et voir plus clair dans ce dossier. Parce que pour l’instant, la population est mêlée et a bien du mal à dire où est la vérité.
Catégorie : Arts et culture
Sujet(s) uniforme(s) : Études d’impacts environnementaux et audiences publiques
Taille : Moyen, 621 mots