Le plus bel ordre du monde de Sameer Farooq
- Lieu: Musée d'art de Joliette
- Ville: Joliette
Dans cette exposition itinérante d’abord présentée dans sa Nouvelle-Écosse natale, Sameer Farooq, artiste originaire du Cap-Breton et établi à Toronto, propose une nouvelle installation qui déploie un espace profondément poétique et propice à une réflexion sur l’histoire chargée et violente des musées d’art et d’anthropologie, ainsi que sur leurs origines, structures et motivations coloniales.
Avec Le plus bel ordre du monde, Farooq sonde les notions de provenance, de rapatriement et de réparation, par le biais d’une série de sculptures et d’images qui articulent des idées uniques sur les manières de donner une nouvelle fonction aux espaces muséaux désormais vidés de leur butin. Explorant les possibilités qui découlent d’une interaction prolongée, Farooq nous invite à envisager ce que le musée pourrait devenir par le mécanisme de la restitution, ce qu’il pourrait collectionner et documenter, et les types d’expériences qu’il pourrait rendre possibles.
L’installation invite le public à s’y attarder, l’incitant à regarder les objets avec intention et de passer du temps parmi eux, à contempler leur présence tant physique qu’émotionnelle, de même que les absences qu’ils évoquent. Les œuvres peuvent agir comme des outils facilitant la méditation, révélant un potentiel plus profond qui transcende leur valeur esthétique. Un environnement sonore créé par Gabie Strong, une collaboratrice de Farooq basée à Los Angeles, instaure un rythme délibérément lent, qui encourage la contemplation sous différentes perspectives à intervalles de six minutes. Des textes lyriques de Jared Stanley, un poète basé à Reno, au Nevada, remettent en question le format rigide des étiquettes didactiques, préférant imaginer ce que diraient les objets eux-mêmes. Enfin, The Museum Visits a Therapist [Le Musée consulte une thérapeute], un film réalisé par Farooq en collaboration avec Mirjam Linschooten (Amsterdam), propose une réflexion sur le trauma et le rétablissement, en personnifiant le musée et en imaginant des stratégies thérapeutiques qui pourraient guérir les blessures résultant de leur histoire coloniale.
Le titre de l’exposition provient d’un fragment de texte d’Héraclite, philosophe de la Grèce antique, qui affirme que « le plus bel ordre du monde est semblable à un tas d’ordures rassemblées au hasard ». Cette dualité renferme l’idée selon laquelle les tentatives les plus justes et organisées de créer un ordre universel sont tout aussi imparfaites – et tout aussi remplies de beauté et d’équilibre – qu’un tas arbitraire de détritus. En considérant ce paradoxe, l’assemblage méticuleusement chorégraphié que propose Farooq nous invite à nous interroger sur notre relation aux objets d’art et aux arrangements muséographiques, ainsi que sur les récits qu’ils sous-tendent.