Judith Bellavance

C’est en m’intéressant aux détails et à la matérialité des objets que j’en suis venue à la photographie que je pratique avec mon expertise de peintre. Collectionnant, classant et archivant tant les objets que les images, je me suis constitué une banque de « mémoire matérielle » que j’approvisionne, tel un répertoire du quotidien et du désir.

Rapprochant ces objets, les détournant de leur fonction première, je souligne la charge mnémonique qu’ils portent. Dans mes œuvres, ils sont vecteurs de mémoire et de sensations. Je leur assigne un rôle soit de sujets, voire de personnages, soit d’éléments métaphoriques pour composer mes histoires photographiques. Telles des natures mortes du XVII siècle, ils y incarnent des protagonistes ou suggèrent des actions tout juste survenues pour constituer les composantes des fictions que je crée. Mon travail photographique relève d’un processus consistant à collectionner, à archiver puis à rapprocher pour enfin raconter.

Avant de procéder à ce travail de fiction, j’oriente mes observations autour de l’expérience de la perte et de la disparition. Depuis plusieurs années, je m’intéresse à ce qui nous échappe : mémoire, sensations, capacité… Pour m’approcher de ces territoires sensibles, j’ai complété des études en thanatologie en 2019 et j’exerce depuis le métier de thanatologue en parallèle à mon travail de création. Mon expérience dans le monde funéraire me donne accès à de nombreux rituels à interroger et à reconsidérer, ce qui se perçoit dans mon travail de création, nourri chaque jour par mes réflexions autour de la perte et de la disparition.

Originaire de Rimouski, je vis et travaille à Montréal. J’ai complété un baccalauréat en arts visuels de l’Université Laval en 1989, puis un diplôme d’études collégiales en Thanatologie au collège Rosemont en 2019. Mon travail de création a été appuyé par le Conseil des arts et des lettres du Québec ainsi que par le Conseil des arts du Canada. Mes œuvres font partie de plusieurs collections publiques et privées.