Nadia Myre. Crédit photo : Rachel McBrinn.

Nadia Myre remporte le prix Paul-Émile-Borduas 2025

Depuis trois décennies, Nadia Myre enrichit le domaine des arts visuels au Québec grâce à ses œuvres à la fois brillantes et touchantes, qui révèlent un attachement fort à ses racines autochtones et une grande sensibilité aux questions liées à l’identité, au langage, aux rapports de pouvoir, ainsi qu’aux blessures humaines et à leur cicatrisation. Suivant une démarche artistique qui se distingue par son caractère collaboratif et ses formes d’expression novatrices et variées, cette artiste multidisciplinaire de la Première Nation Kitigan Zibi Anishinabeg a contribué significativement à faire évoluer les perceptions de l’art autochtone contemporain.

Recevoir le prix Paul-Émile-Borduas à ce moment-ci de sa carrière « est un grand honneur », mentionne Nadia Myre. « Cela reconnaît non seulement le parcours de ma pratique, mais aussi les racines qui l’ont nourrie. Je pense en particulier à mon père, Robert Myre, dont la profonde conviction à l’endroit de la culture et l’engagement politique ont contribué à façonner la personne et l’artiste que je suis devenue. Je sais qu’il serait fier de voir cette reconnaissance, qui honore le travail que j’ai accompli – et que je poursuis – pour maintenir une pratique qui rassemble mes héritages algonquin et québécois. »

Dès ses premières œuvres au début des années 2000, Nadia Myre développe un langage visuel et conceptuel très personnel, mêlant habilement l’intime et le politique. À travers sa production artistique, elle suscite le dialogue et la réflexion sur l’identité autochtone et la transmission culturelle, comme dans History in Two Parts (2000) et la vidéo Portrait in Motion (2002), où l’artiste fait du canot un symbole de sa double identité algonquine et québécoise. En parallèle, elle propose, avec son projet Indian Act (2000-2003), rien de moins qu’une réinterprétation des 5 premiers chapitres de cette loi canadienne datant de 1876au moyen de la technique du perlage. Cette œuvre colossale et percutante, réalisée grâce à la contribution de quelque 250 personnes, est considérée comme 1976 une référence incontournable en arts visuels au Québec comme à l’international.

Après cette période d’exploration de sa culture traditionnelle, Nadia Myre s’engage dans une réflexion sur la mémoire et la guérison collectives, notamment dans sa série The Scar Project (2005-2013), pour laquelle elle sollicite de nouveau la collaboration de participantes et de participants. Ce projet de longue haleine a mené à la couture de près de 1400 cicatrices, comme autant de témoignages de douleurs individuelles, déployées dans une perspective universelle. L’installation est exposée en permanence au Musée national des beaux-arts du Québec.