Grande manifestation pour les arts #5. Crédit photo : Sébastien Goyette Cournoyer

Plaidoyer pour un meilleur financement du Conseil des arts de Montréal

Philippe Renaud
Le Devoir
6 octobre 2025 


Dans une lettre publiée aujourd’hui sur les plateformes du Devoir, des membres de la communauté culturelle et du milieu des affaires demandent aux candidats à la mairie de Montréal de s’engager à hausser le financement du Conseil des arts de Montréal (CAM) de 2,5 millions dès cette année pour lui permettre de remplir adéquatement sa mission et de fixer son budget à 30 millions de dollars par année d’ici 2030. « Pour l’innovation. Pour le vivre-ensemble. Pour l’avenir de Montréal », écrivent les signataires. « Nous avons les talents. Nous avons les idées. Il nous faut maintenant les moyens. »

Les signataires de la lettre joignent leur voix à celle du Rassemblement d’associations disciplinaires du secteur des arts regroupant douze associations d’artistes, dont l’Union des écrivaines et des écrivains québécois, le Regroupement québécois de la danse, le Conseil québécois du théâtre et le Conseil des métiers d’arts du Québec. Le Rassemblement publiait le mois dernier un mémoire dans lequel il déplore que cette année, et pour la première fois depuis 2007, ait été gelé le budget du « principal subventionneur public du milieu culturel » montréalais.

« Le CAM, c’est un pilier du milieu artistique montréalais », explique Jessica Bouchard, vice-présidente, affaires publiques et économiques et initiatives d’impact à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et signataire principale de la lettre. 

« Nous sommes très fiers de pouvoir compter à Montréal sur le Conseil, qui investit directement dans plus de 700 organismes et collectifs artistiques chaque année, de grandes institutions établies aussi bien des compagnies émergentes. C’est un bailleur de fonds essentiel, qui change la vie des artistes et des Montréalais. »

Le Rassemblement réclame « que la contribution de l’agglomération montréalaise au budget du CAM soit portée à 30 millions de dollars d’ici 2030 contre 21,9 millions en 2024 et 2025 » et estime qu’une injection supplémentaire « d’au moins 2,5 millions au prochain budget » est nécessaire pour que le Conseil puisse soutenir les artistes et les organismes culturels dans leurs missions. En mars dernier, le gouvernement provincial a accédé aux demandes du Front commun pour les arts en augmentant le financement du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), un geste salué par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, qui souhaite voir l’administration montréalaise emboîter le pas.

Cette demande est formulée à deux jours de la soirée organisée par l’organisme Culture Montréal à la Société des arts technologiques durant laquelle débattront les candidats à la mairie Soraya Martinez Ferrada (Ensemble Montréal), Luc Rabouin (Projet Montréal) et Craig Sauvé (Transition Montréal) autour du thème « Pour une métropole culturelle ambitieuse ». La lettre cite un récent sondage Léger démontrant que quatre Montréalais sur cinq « souhaitent un meilleur financement des arts et de la culture ».

Jessica Bouchard souligne par ailleurs que le processus de gestion et de décisions du Conseil reçoit l’appui du milieu culturel montréalais ; dans son mémoire, le Regroupement affirme être « à l’éthique du CAM garantie par le processus d’évaluation et réalisé par ses jurys de pairs composés d’artistes professionnels et de travailleurs de la culture, particulièrement au fait des enjeux de notre milieu dont elles et ils font partie. » C’est beaucoup grâce au travail du Conseil que les citoyens découvrent de nouvelles œuvres et leurs créateurs, ajoute la principale signataire.

Près de la moitié des autres signataires de la lettre sont aussi issus du milieu des affaires. « On doit renforcer les ponts entre les arts et les affaires, estime Jessica Bouchard. La culture, c’est tellement important pour notre ville, non seulement pour notre économie, mais aussi pour notre identité, pour la vitalité de Montréal. Ce sont des gens d’affaires qui s’impliquent, souvent dans les conseils d’administration d’organismes culturels. » La Chambre de commerce du Montréal métropolitain travaille d’ailleurs à une initiative pour « encourager la philanthropie culturelle, l’objectif étant que les gens d’affaires investissent encore plus en culture ».