Crédit photo : Bureau des recouvrements
Des œuvres d’art recouvertes pour dénoncer le budget Carney en culture
Fanny Bourrel
Radio-Canada
6 novembre 2025
Des artistes québécois ont temporairement recouvert jeudi des œuvres d’art public à Montréal, à Ottawa, à Saguenay et à Alma pour protester contre la trop faible augmentation du budget du Conseil des arts du Canada (CAC) dans le budget fédéral 2025-2026, dévoilé mardi.
Plusieurs représentants du milieu culturel, comme le Conseil québécois du théâtre et la Grande mobilisation pour les arts au Québec (GMAQ), réclamaient une hausse de 140 millions de dollars du budget du CAC, qui verse des subventions aux artistes et aux organisations culturelles.
En avril dernier, lors de la campagne électorale, Steven Guilbeault, qui était alors déjà ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes, s’était pourtant engagé à agir pour obtenir une telle augmentation.
Toutefois, le budget 2025-2026 du gouvernement Carney ne prévoit que six millions de dollars supplémentaires pour le CAC.
12 œuvres d’art drapées
En réaction, le Bureau des recouvrements a décidé de recouvrir 12 œuvres d’art public québécois, dont la sculpture-fontaine La joute, de Jean-Paul Riopelle, située à côté du Palais des congrès de Montréal.
« Le Bureau veut ainsi souligner et dénoncer la mise à mort de l’art et du bien commun par un budget austéritaire et mortifère, entièrement tourné vers les intérêts immédiats des industries, au détriment de la population et du vivant », a indiqué, par communiqué, ce collectif d’une dizaine d’artistes issus des arts visuels, mais aussi d’autres disciplines.
Cette organisation est une section autonome affiliée à la GMAQ, créée l’an dernier pour réclamer un meilleur financement de la culture. Le Bureau voulant rester anonyme, c’est la GMAQ qui en est la porte-parole.
« Considérant l’inflation, le revenu des artistes a vraiment baissé dans les dernières années, explique l’artiste visuelle et membre de la GMAQ Aïda Vosoughi. Sans cette augmentation de 140 millions de dollars, le milieu des arts au Canada va souffrir plus qu’avant.»
« De la recherche à la diffusion, on doit faire des demandes de financement [au CAC] et, chaque fois, il y a vraiment très peu de chances d’avoir du financement et ça affecte directement la création, mais aussi la vie des artistes. »
— Une citation de Aïda Vosoughi, membre de la Grande mobilisation pour les arts au Québec
Sensibiliser le grand public
En cachant ces œuvres d’art public des yeux des passants, le Bureau des recouvrements a aussi voulu rappeler aux Canadiens à quel point l’art fait partie de leur quotidien.
« Nous protestons contre le dépérissement du soutien public aux arts et à la culture, et aux personnes qui les font exister. Pas de soutien public, pas d’artistes; pas d’artistes, pas d’art dans la vie des gens », a-t-il écrit dans son communiqué.
« Des fois, on est tellement immergés dans l’art qu’on oublie l’importance d’avoir de la musique à la radio ou l’art public », ajoute Aïda Vosoughi.
Dans son communiqué, le Bureau des recouvrements critique également la décision d’Ottawa d’annuler la taxe sur les services numériques, ce qui laisse « le champ libre aux entreprises américaines pour qu’elles poursuivent leur colonisation du paysage culturel canadien ».
Par ailleurs, le Bureau des recouvrements dénonce les orientations budgétaires du gouvernement Carney en faveur de la « militarisation du pays et [du] soutien au secteur privé, au détriment de programmes sociaux essentiels et d’un engagement réel dans la lutte contre la crise climatique ».
Le ministre Steven Guilbeault donnera une conférence de presse vendredi matin à Montréal pendant laquelle il répondra aux questions des journalistes en lien avec le budget fédéral en culture.
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