Julie-Isabelle Laurin

Mollusque est un projet de performance auto-documenté donnant lieu à un film processuel, où le corps devient matière d’exploration : lent, gluant, vulnérable, glissant. En m’incarnant dans un devenir-mollusque, je cherche à délier les frontières entre nature et culture, à glisser entre les strates du vivant et de l’artefact, à m’engluer aux monuments traditionnels pour y injecter des récits autres – non humains, inadaptés, informes. Le projet s’inscrit dans une perspective natureculture où l’humain n’est plus au centre, mais devient un organisme parmi d’autres, affecté et affectant, au cœur d’un monde en bouleversement.

Dans ce contexte de crise climatique, le mollusque devient un partenaire de pensée et de sensation. Il incarne une temporalité autre, lente, précaire et résiliente. Certains bivalves du fleuve Saint-Laurent vivent jusqu’à 500 ans. Le nautile, seul céphalopode à coquille encore vivant, trace une lignée ininterrompue depuis plus de 400 millions d’années. Leur coquille agit comme une archive biologique : elle conserve en couches les marques des bouleversements environnementaux passés. Les huîtres cimentent les fonds marins, purifient les eaux, participent activement à l’équilibre des écosystèmes. Ces formes de savoirs écologiques – silencieuses, effacées, mais essentielles – rappellent que d’autres intelligences coexistent avec la nôtre.

Par la performance, je m’hybride à ces existences marines. Je me décompose, je glisse, je me désarticule, je me fais coquille. Je propose un corps poreux, qui refuse la verticalité des hiérarchies humaines pour habiter l’espace public autrement – en humanimale, en trace, en lenteur. Mollusque est une tentative d’habiter l’histoire en dehors de sa forme rigide : sans colonne, sans socle, sans squelette. Un récit qui ne s’érige pas, mais qui rampe, se dissout et s’accroche, fragile et tenace, au temps présent.

Performance : Samedi le 20 septembre, 15h