Image : Julie Chaffort

Vernissage le jeudi 16 octobre à 20h à Clark

Salle 1
GRIER EDMUNDSON
UN SERPENT DANS LA PELOUSE
 
Chaque projet d’exposition de Grier Edmunson devient un nouveau chapitre dans le parcours de l’artiste grâce, entre autres, à la réintroduction d’éléments qu’il recontextualise. C’est le cas, par exemple, des boîtes de savon Brillo d’Andy Warhol. Cette référence a été utilisée par Edmunson dans l’exposition Le texte est pluriel, présentée à la galerie Battat Contemporary en 2013. Pour CLARK, ce sont des boîtes en plâtre aux surfaces blanches et lisses qui évoquent l’œuvre emblématique de l’artiste américain. Ce qui traverse le travail d’Edmunson est sans aucun doute la remise en question des notions d’auteur et de propriété intellectuelle dans un contexte de marchandisation de l’art, mais il souligne aussi la frontière étroite qui sépare l’original de la copie.
 
Avec Un serpent dans la pelouse, traduction littérale de l’expression anglaise « a snake in the grass », une métaphore qui sert à désigner une personne qui prétend être votre ami mais qui fait secrètement des choses pour vous nuire, Edmunson se penche sur l’économie en tant qu’élément qui s’immisce dans différentes sphères de nos vies et, intrinsèquement, dans celle de l’artiste. En tant que producteur d’œuvres, donc d’objets ayant une valeur marchande, comment l’artiste se positionne-t-il dans ce système? Comment attribuer une valeur économique à une œuvre? Qui a le pouvoir de le faire?
 
Pour illustrer son propos, Edmunson a réalisé une série de sept toiles reproduisant des cartes de Monopoly, jeu de société portant sur la spéculation immobilière. Ces tableaux lui permettent de faire un contrepoint à la reproduction mécanique des cartes en misant sur la matérialité de la peinture. L’artiste propose également une contrefaçon du bonhomme Monopoly, les poches vides. Cette image est répétée sur un des murs de la galerie de sorte à créer une tapisserie. L’artiste rendra ce motif disponible sur son site Internet, détournant ainsi l’idée de profit par une libre utilisation par le public. L’artiste a aussi reproduit le portrait de Thomas Malthus (1766-1834), économiste anglais connu pour ses écrits sur le contrôle des populations dans un contexte de plein développement économique. C’est ce dernier qui a mis de l’avant le principe que toute activité économique est stimulée par la demande et non par l’offre.
 
L’usage de l’installation, dispositif employé de façon récurrente par l’artiste, permet à Grier Edmunson d’aborder différentes questions à propos du rôle de l’économie dans la société. L’artiste parle de sa propre condition et de ce que tout cela représente en matière d’investissement (en argent, en temps, etc.) par rapport à ce que cela rapporte. L’artiste critique ainsi toute forme de spéculation, en particulier artistique et immobilière.
Manon Tourigny
 
BIO
Né à Memphis, au Tennessee, Grier Edmundson est diplômé du Maryland Institute College of Art à Baltimore, et détient une maîtrise du Glasgow School of Art. Ses expositions personnelles récentes ont été présentées à Kendall Koppe Gallery (Glasgow), Fourteen30 Contemporary (Portland), Battat Contemporary (Montréal), et PowerHouse (Memphis). Son travail a également été présenté dans de nombreuses expositions de groupe, y compris la Triennale québécoise 2011 (Montréal), I’m Not Here: An Exhibition without Francis Alÿs, à de Appel Arts Centre (Amsterdam), Samedi, Samedi, à la Galerie Art Concept (Paris), The State avec A. Vermin, à Glasgow International 2008, ainsi qu’une exposition en duo avec Julie Favreau à Erin Stump Projects (Toronto). Il vit et travaille à Montréal.
 
J’aimerais remercier l’équipe de CLARK pour cette opportunité, Daisy, Joe et Erin, Luc et Suzanne, Luke Collins, Louise et Paule, ainsi que mes parents Steve et Cathy. Plus que tout, je voudrais remercier Amélie, je serais perdu sans tes conseils et ton soutien.
 
Salle 2
JULIE CHAFFORT
JOUR BLANC
CLARK accueille la première exposition personnelle de l’artiste et cinéaste bordelaise Julie Chaffort. Jour blanc est le résultat d’une résidence réalisée en partenariat avec l’organisme Zebra3/Buysellf de Bordeaux. Cette période de recherche a permis à l’artiste de réfléchir à la mise en espace de ses œuvres dans le contexte d’une galerie alors qu’elle présente généralement ses films lors de festivals. Au cœur de sa démarche, il y a un intérêt soutenu pour l’enfance et les souvenirs qui reviennent par bribes, qui perdent de leur exactitude ou qui disparaissent avec l’âge. Pour l’artiste, un « jour blanc » – une référence au poème du même titre d’Arseni Tarkovski – est ce qui permet de repartir à zéro, d’effacer tout pour revenir à la page blanche.
 
C’est par le paysage que tout prend forme. C’est dans un décor naturel que l’artiste met en scène ses tableaux surréalistes. Le court- métrage de fiction Pas un bruit, réalisé en 2014, est une œuvre qui oscille entre réalité et onirisme. Présenté sur un moniteur, ce film permettra au visiteur de découvrir le travail antérieur de l’artiste, qui, dans ce cas-ci, est empreint de nostalgie. Au cœur de l’installation, il y a aussi les images tournées par Chaffort lors de sa résidence et qui peuvent être considérées comme des tableaux qui se répondent. Une des projections montre la disparition du paysage derrière une fumée noire et dense. Les effets de la lumière sur celui-ci le transforment, et le mouvement de la fumée agit comme une sorte de respiration. Un autre tableau montre une table-tournante déposée dans différents paysages. L’appareil diffuse des hurlements de loups, ce qui rend la scène incongrue mais tout de même amusante puisque l’artiste semble vouloir faire écouter la musique au paysage. Enfin, l’artiste met en scène le vent dans toute sa puissance, et les acteurs, dont le corps est mis à l’épreuve, doivent lutter contre cette force invisible.
 
Le visiteur sera fortement sollicité sur les plans non seulement visuel, mais aussi auditif grâce à une installation sonore. L’artiste fait intervenir un drone dont le bruit répétitif et aléatoire produit un effet physique chez le visiteur. Chaffort s’amuse à éprouver notre endurance, à l’image des acteurs qu’elle dirige et qui doivent se produire devant la caméra. Ici, le visiteur devient un acteur dans l’installation. Chaffort construit des scénarios qui se transforment au moment du tournage, selon la posture adoptée par ses acteurs ou par les hasards qui surgissent. L’artiste pose la question : comment peut-on faire durer un plan? Elle joue donc sur l’attente que quelque chose se passe dans des œuvres qui invitent à la contemplation, à la rêverie.
Manon Tourigny
 
BIO
Diplômée de l’École des Beaux-Arts de Bordeaux en 2006, Julie Chaffort s’est consacrée à la pratique cinématographique dès la fin de ses études. Elle a écrit, réalisé, produit, monté et diffusé Some Sunny Days et Wild is the Wind, deux longs-métrages de fiction, avant de suivre et d’obtenir en 2010 le Werner Herzog’s Rogue Film School Diploma à New York. Elle travaille ensuite avec le réalisateur Roy Andersson à Stockholm, puis est sélectionnée en tant que cinéaste au Centre International d’Art et du Paysage sur l’île de Vassivière où elle réalise son nouveau film Hot-Dog. Son travail, orienté vers le cinéma, comprend également une dimension plastique où se mêlent installations et performances. Sa dernière œuvre BANG !, est une installation monumentale composée d’une trentaine de pianos effondrés les uns sur les autres, scène de désolation spectaculaire, presque burlesque.
 
Je remercie le Parc de la forêt Ouareau – particulièrement M. Lapointe et André Paquette, l’équipe du film: Myriam Allard, Christophe Ballangé, Hugolin Chevrette, Claudette Lheureux et Agathe Herrmann, MFX Productions, Yann Pocreau, Olivier Villanove, Jean- Philippe Thibault, Sébastien Cliche et l’équipe du Centre CLARK.
 
 
RENCONTRE AVEC LES ARTISTES
SAMEDI 18 OCTOBRE – 15h
CLARK vous invite à une rencontre privilégiée avec les artistes Grier Edmundson et Julie Chaffort dans le cadre de nos activités de médiation culturelle, animée par Pascale Tremblay avec l’appui du Programme montréalais d’action culturelle.
 
Poste audio
CATHERINE BÉCHARD ET SABIN HUDON
1207 000 000 000
 
Le matériel sonore utilisé pour composer les pièces « collagiste » de 1207 000 000 000, provient des performances Éclaboussements Publics, Réseaux avec fils et Sous-sol, ainsi que de nos installations à la fois performatives, visuelles et sonores La Circulation des fluides et La Chute des potentiels. Ce regroupement de pièces sonores « remodelées » conjugue manipulations d’objets acoustiques, mouvements mécaniques, bruits électroniques et différents sons subaquatiques qui se juxtaposent et se mélangent. Un témoignage de nos recherches sonores hybrides qui s’attarde au potentiel « organique » de certains bruits mécaniques et, à l’inverse, au caractère « mécanique » qui se dégage parfois de divers sons naturels.
 
BIO
Catherine Béchard et Sabin Hudon forment un tandem d’artistes depuis 1999. La matière sonore et le mouvement sont au cœur de leurs champs d’investigation. Ils s’intéressent aux sons/ bruits générés, entre autres, par des sources acoustiques, à leurs propagations, aux impressions qu’ils procurent ainsi qu’aux « choses » et aux « silences entre les choses » qui composent nos champs perceptifs. Leur démarche s’actualise autour de propositions intégrant la sculpture, l’installation cinétique, l’art audio et la performance. Leurs réalisations ont été présentées lors d’expositions individuelles et collectives dans de nombreuses villes du Canada, en République tchèque, au Brésil, aux États-Unis, en Allemagne et en Chine.
 
 
 
Salle 1
GRIER EDMUNDSON
UN SERPENT DANS LA PELOUSE
 
Salle 2
JULIE CHAFFORT JOUR BLANC
CENTRE CLARK
 
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