Photo : Shuwei Liu

Trilogie bleue et Entre trace et aura, vernissage le vendredi 5 mai 18h à Vu

Il n’est pas nécessaire de s’extraire du monde pour le transformer en rêve. En en faisant la matière de nouvelles constructions, l’artiste chinois Shuwei Liu ainsi que les artistes de Québec Audrée Demers-Roberge, Martin Guimont et Alphiya Joncas, rassemblés par Gentiane La France, offrent des vues quelque peu décalées, voire sublimées, de la réalité. Ils partent ainsi d’un certain état de conscience pour rechercher la contemplation.

Trilogie bleue
Shuwei Liu

Ces montagnes qui se succèdent au loin nous apparaissent de plus en plus bleutées, à mesure qu’elles s’éloignent. Le bleu est ainsi la couleur de la distance, la couleur des choses qui nous semblent étrangères, inatteignables. Mais elle peut aussi être celle d’un monde à construire, à imaginer, à rêver. Dans sa vie comme dans ses photographies, Shuwei Liu prend en chasse la couleur bleue afin d’en imprégner ce qui se trouve autour de lui – qu’il s’agisse de la teinture d’indigo saturant ses vêtements ou de photographies capturant des éléments qui ne se touchent que du regard ou de l’esprit. C’est aussi pour lui une façon de refuser la noirceur et l’aveuglement, de s’abstraire de la réalité non pas en se fermant les yeux mais plutôt en étant à l’affût de moments fragiles et transitoires, là où la lumière fait naître l’imaginaire.

Entre trace et aura
Audrée Demers-Roberge, Alphiya Joncas et Martin Guimont
Exposition commissariée par Gentiane La France

Réfléchie à l’aune de deux concepts benjaminiens à l’ambiguïté fertile – trace et aura –, la rencontre de trois séries photographiques offre une expérience perceptuelle où s’entrelacent le proche et le lointain. Jouant avec des juxtapositions formelles de vues d’îles aux cadrages qui refont parfois l’échelle des lieux, Alphiya Joncas redessine une géographie imaginée avec des fragments de paysages éloignés. Suit une exploration de territoires vastes proposée par Martin Guimont, série où le regard solitaire s’égare dans l’inaccessibilité de l’horizon lointain, parfois occulté. À ces perspectives inatteignables répondent les photographies d’Audrée Demers-Roberge, qui sont floues à cause d’une trop grande proximité, et présentées dans une installation révélant les pauses de la marcheuse dans un trajet continu. Réunies au sein d’une exposition-constellation, les œuvres peuvent être perçues comme un rapprochement des traces de l’émanation lumineuse de trois espaces naturels éloignés.

Abonnez-vous au bulletin du Réseau art Actuel