Sueurs de Jean-Benoit Pouliot, exposition du 3 au 27 mars à la Galerie d’art d’Outremont

Jean-Benoit Pouliot est un artiste multidisciplinaire connu pour ses gravures, ses dessins et ses performances au sein du duo L’œil de verre. Depuis 2008, il se consacre principalement à la peinture et au dessin.

Cette exposition présente sous le titre Sueurs une série de tableaux abstraits peints à l’acrylique. Les compositions syncopées et les couleurs vives donnent une impression festive et rythmée à l’ensemble de la production. On découvre une poésie chargée d’humour à travers les titres des œuvres qui évoquent différentes formes de suintements et de taches que chacun peut remarquer dans sa vie quotidienne. Il peut s’agir d’un crayon qui laisse une trace dans la poche d’une chemise ou de salissures provenant de la condensation de l’air ainsi que de la poussière laissée sur les murs d’un édifice. Les titres des œuvres invitent à une lecture en deux temps. Tout d’abord, on voit l’image abstraite, puis le titre suscite une lecture de l’environnement en fonction des taches et des sueurs qu’on rencontre. L’artiste partage ainsi un regard attentif centré sur les détails des bavures qui l’entourent. Il s’agit également d’un procédé permettant au spectateur de saisir le processus de création. On peut parler d’une mise en scène de la pratique qui ne se veut ni austère ni ironique mais plutôt une célébration de l’acte de peindre.

Pour réaliser ces œuvres,  Jean-Benoit Pouliot a utilisé la peinture, principalement sous forme liquide, et il l’a appliquée sur de la toile brute. Dans certains tableaux, la peinture à été apposée à l’endos de la toile pour faire apparaître des taches à la surface. Le titre Sueurs fait aussi référence à cet aspect technique du transfert des pigments à travers la toile.

Cette exposition révèle un changement dans la démarche artistique de Jean-Benoit Pouliot puisque toutes les œuvres sont abstraites. Cette nouvelle orientation s’est imposée dans la foulée des expérimentations menées par l’artiste au cours des deux dernières années. La décision d’évacuer la figuration et de travailler l’image pour ses qualités plastiques affirme un désir de réfléchir sur la matière et l’objet peinture. 

Pour Jean-Benoit Pouliot, la sueur c’est l’effort, la peur, la fièvre, le plaisir exubérant, le corps fougueux qui cherche à se tempérer. C’est aussi tout ce qui, sous forme liquide, traverse et tache les matières, c’est une conséquence du travail fourni par l’artiste. Le peintre observe le chiffon plein de couleurs avec lequel il vient de s’éponger le front et des tableaux prennent alors lentement forme…

 

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