Une ville riche d'histoire qui ose en mariant l'art contemporain à un patrimoine imposant
2016 Crédit photo : Acapulco

STATUER. Les figures du socle (Partie I), vernissage le jeudi 2 février à 17h à Action Art Actuel

– Action Art Actuel vous invite à venir découvrir l’exposition collective « STATUER. Les figures du socle (Partie I) » initiée par le commissaire invité Emmanuel Galland. Le vernissage aura lieu le jeudi 2 février à 17h en présence de plusieurs des artistes et du commissaire.

Réponses à la pensée unique du piédestal, les « œuvres-socles » valorisent l’intégration, la fusion, l’hybridation dans une esthétique plurielle qui s’est émancipée de la sculpture classique et de son support depuis plus d’un siècle. Contesté, écarté voire débauché par les artistes de la modernité et par leurs héritiers, puis en alternance marqué par une présence forte assumée ou un dédain éclairé, l’emploi du socle a connu moultes turbulences. De surcroît, l’art de l’installation – et d’autres médiums apparus au cours du XXe siècle – a fait déchoir la sculpture de son perchoir. La Partie I de la série* d’expositions « STATUER. Les figures du socle » est présentée chez Action Art Actuel.

Deux collectifs de Québec, Acapulco et BGL, les artistes montréalais Annie Descôteaux, Jacinthe Loranger et Nik Mirus exposent des œuvres pré existantes s’intéressant à la sculpture, à la statuaire, au monument et au socle. Ils le font au travers de l’installation, de la photographie, d’assemblages et de collages.

Acapulco déboulonne la notion de monument et par là même les questions entourant le mémoriel : célébration, commémoration, architecture, archéologie. Ici ils excavent l’œuvre de l’artiste français Jean Pierre Raynaud Dialogue avec l’histoire subitement disparue en 2015 de la Place de Paris à Québec. Quel est l’objectif des artistes ? Rendre hommage à une figure emblématique de l’art ? Déterrer un trésor dans un chantier abandonné ? Ou bien, via cette pièce-maquette, marquer le désir de faire renaître l’œuvre défiguée ? Un pied dans l’Histoire et le patrimoine, un pied dans la société contemporaine, l’ambiguïté est une valeur ajoutée chez Acapulco.

De son côté, le collectif BGL est réputé pour ses installations in situ autoréférentielles qui prennent possession de l’espace et interagissent avec son architecture. Invité à représenter le Canada à la 56e Biennale de Venise en 2015, BGL échafaudait l’installation titrée Canadissimo, un environnement débordant d’accumulations. Dans un Dépanneur simulé, des montagnes de cannettes de peintures dégoulinantes remplaçaient les Can’ de lait. Métaphore du pouvoir transformateur de l’art et de l’artiste alchimiste ? Ni sculpture noble ni peinture sur toile, les artistes prêtent – comme un concentré – un extrait de l’installation pour les fins de la présente exposition. Fragile équilibre entre socle de bois, boîte de plastique et canettes de métal.

Annie Descôteaux travaille généralement des œuvres de papier. Collagiste confirmée, elle pervertit ses découpes de couleurs monochromes dans des compositions perspectivistes insoupçonnées. Cette fois, la vitrine de la galerie déploie son nouvel univers en 3D. Deux parallélépipèdes occupent l’espace tels deux bases parfaites prêtes à mettre en valeur tel ou tel objet. Que nenni. De multiples éléments épars aux couleurs primaires bouleversent l’agencement attendu par tout(e) pratiquant(e) du lèche vitrine.
Jacinthe Loranger occupe généreusement l’espace à l’entrée de la galerie avec l’installation Bananapocalypse Now! 3. Elle est constituée d’une variété de sculptures sur socle, d’animaux sur le plancher, d’anneaux de chaîne surdimensionnée, etc. Tout cet environnement est recouvert – à la manière d’un All Over – de morceaux de papiers sérigraphiés colorés et déchirés. La picturalité suinte de partout, l’artiste fait œuvre de peintre dans un chaos ordonné entre folie douce et folie meurtrière (relire le titre de la pièce). Mais c’est la sculpture classique qui est citée, en silhouettes, en ombres : mythologies anciennes certes mais côte à côte avec des représentations plus contemporaines. Formes cultes Pop Chic bling-bling, High & Low Culture se tutoyent et font bon ménage. L’artiste ose un Mash up grandiloquent. Superposés, enveloppés de papiers peints : à la fois cachés et révélés, tous les éléments nous confondent comme une crème à glace.

Nik Mirus est un amateur du bricolage. C’est à la même enseigne que se définit sa pratique de photographe : mises en scène en studio, natures mortes. Plutôt que de capter un hypothétique instant décisif, il organise son propre monde. Mais à contrario du bricoleur dans un garage, son atelier a plutôt les allures d’un laboratoire scientifique. S’il récupère des objets du quotidien, c’est pour éliminer toute impureté, toute poussière ingrate. Les enfants aiment jouer avec des blocs, Nik Mirus pousse le plaisir jusqu’à emmagasiner des blocs de bois peints (une charte de couleurs relativement vaste) dans des caisses de lait. Collection de mini socles parqués ou emprisonnés, sans hiérarchie d’échelle ni de couleurs, ses tableaux photographiques constituent une mise en boîte tout autant sculpturale que picturale. Les trois impressions invitent au jeu des 7 erreurs.

Emmanuel Galland est artiste et commissaire indépendant. Il vit et travaille à Montréal.
Depuis 20 ans, il a conçu diverses expositions dont « PEUT MIEUX FAIRE – Cahiers d’exercices » (2009-2016) présentée au Québec dans onze lieux de diffusion. Il a été impliqué dans plusieurs causes et organismes en particulier à titre de président du Centre CLARK et de MUTEK. On a écrit à son sujet : « Tisser des liens et ne jamais être là où on l’attend caractérisent sa démarche plurielle. »

* La Partie II de « STATUER. Les figures du socle » sera présentée à la Galerie B-312
du 02 mars au 8 avril 2017 – www.galerieb312.ca

– Le commissaire tient à remercier Caroline Hayeur, Debna, Lynn Dagau, lady mcbouth, Phil Tau, Jean Eiffel, Sam Lam et Siphay Southidara.
– Le collectif BGL est représenté par Parisian Laundry et par la Galerie 3. Annie Descôteaux est représentée par la Galerie 3.

Action Art Actuel est un centre d’artistes qui se consacre à la promotion et au développement des pratiques en art actuel. Actif depuis 30 ans dans la région du Haut-Richelieu, AAA agit comme lieu de diffusion et de soutien à la recherche en présentant le travail d’artistes d’ici et d’ailleurs. La galerie est située au 191, rue Richelieu à Saint-Jean-sur-Richelieu, et est ouverte du mardi au samedi de 13h à 17h.
 

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