Soirée Powerhouse Performance, le jeudi 3 février 19h à La Centrale

LIGNE, IMAGE, TEXTE : trois tatouages conceptuels
 
MICHELLE LACOMBE & ÉMILIE ROBY, montreal
VINCENT CHEVALIER, montreal
SHEENA HOSZKO, montreal
modératice : ERIN SILVER, montreal

Discussion avec les artistes jeudi 3 février, 19h

Au cours de la dernière année, Sheena Hoszko, Vincent Chevalier et Michelle Lacombe (en collaboration avec Émilie Roby) se sont faits tatouer. Présentés dans le cadre de la programmation 2010 de La Centrale, ces tatouages existent comme gestes conceptuels et comme performances en continu. Ces œuvres, ancrées dans la recherche théorique, se manifestent sur l’épiderme de manière permanente. Elles prennent donc leur sens lors de rencontres intimes ainsi que lors de forums publics.

Powerhouse Performance, la nouvelle série de performances de La Centrale, s’ouvrira avec cet événement discursif élaborant sur ces trois projets d’art corporel et leurs recherches respectives. Le fait de donner un contexte aux marques inscrites sur les corps des artistes permettra à une ligne, une image et un mot de se déployer dans des sites complexes d’expérimentation incarnée et de réflexion critique. Après les présentations, Erin Silver animera une discussion portant d’abord sur chacune de ces œuvres, puis sur les thèmes communs. 

 

Michelle Lacombe & Émilie Roby
The Venus Pose

Cette œuvre existe en tant que reproduction de la Vénus endormie (1510) de Giorgione, tableau réputé être le premier à avoir représenté le nu feminin selon les critères occidentaux d’histoire de l’art. L’influence de cette image continue à caractériser comment l’Occident fait la lecture des corps féminins réels, en particulier dans l’art corporel et les pratiques de performance féministes. Réalisé en octobre 2010, The Venus Pose se compose de sept lignes tatouées sur mon corps par Émilie Roby. Celles-ci recréent les lignes qui fragmentent le corps de la Vénus endormie. Le marquage de mon corps avec des lignes extraites de celui de la figure peinte veut fusionner deux corps contradictoires mais en fait intimement reliés : le représenté et le réel.

Vincent Chevalier
Blank Hanky, Bottom Right

Depuis les années 1970, alors que les membres de la communauté privilégiant les pratiques sexuelles cuir, « kink » et « BDSM » utilisaient des mouchoirs de couleurs différentes pour annoncer leurs préférences pendant la drague, le port d’un mouchoir de couleur dans la poche arrière est un symbole notoire du sexe publique pour la communauté queer. En mai 2010, j’ai fait tatouer le contour d’un mouchoir dépassant de la poche d’un jeans sur ma fesse droite, dans le cadre d’une œuvre de performance intitulée Blank Hanky, Bottom Right. Puisque le mouchoir est non-coloré, ce tatouage peut être rempli à l’aide de marqueurs de diverses couleurs selon le genre d’échange sexuel que moi et mes partenaires sexuels désirons. Ce tatouage est un site performatif sur lequel le geste de marquer mon corps devient une négociation du désir entre moi et l’autre. J’espère ainsi déclencher un dialogue sur l’identité sexuelle et les récits queer, et plus précisément sur comment la communauté se forme autour d’une expérience culturelle partagée.

Sheena Hoszko
Ressentir

Le verbe Ressentir a été tatoué sur le haut de mon bras droit par William HB chez Tatouage Pointe St-Charles, à Montréal, en hiver 2010. En utilisant un mot qui évoque l’acte d’être affectée, je tente de souligner les ressemblances et les différences entre les sensations d’ordre émotionnel et physique par le biais du langage et du geste. Au moyen d’une aiguille qui perce la peau, Ressentir cherche à incarner une sensation affective tout en faisant référence et en rendant hommage aux traditions de tatouage basées sur la commémoration et la dédicace. Ce projet s’accompagne d’un zine retraçant ma compréhension de Ressentir et comment ce verbe se manifeste présentement dans ma pratique artistique.

crédits d’images de gauche à droite : Lorna Bauer, Guy L’heureux, David J. Romero

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