Marc-Antoine K. Phaneuf, Riopelle (détail), 2013, Le Lobe
Photo : Jean-Marc E. Roy

Sightings 9 : Peinture canadienne de Marc-Antoine K. Phaneuf, exposition jusqu’au 12 juin à la Galerie Leonard et Bina Ellen

SIGHTINGS est un programme d’expositions satellites conçu par la Galerie Leonard-et-Bina-Ellen pour réfléchir à notre compréhension de l’espace d’exposition et de la présentation des œuvres. Ce projet fait écho à quatre essais phares écrits par Brian O’Doherty entre 1976 et 1981 – regroupés sous le titre White Cube. L’espace de la galerie et son idéologie (traduction française, 2008) –, où l’auteur et artiste irlandais théorise certains enjeux liés à une conception de l’espace d’exposition moderniste. Une conception de l’espace qu’il qualifie de « cube blanc » neutre et adaptable, et qui est pérenne puisqu’elle définit un grand nombre de galeries actuelles. SIGHTINGS a été mis en œuvre pour souligner la persistance et la fausse neutralité du cube blanc, et créer une plate-forme d’expérimentation pour que des artistes et commissaires invités génèrent de nouvelles stratégies de mise en espace et évaluent les limites de l’adaptabilité d’un véritable cube blanc.

Un premier cycle diffusait des projets réalisés par des étudiants de la Faculté des beaux-arts. Un deuxième cycle, en cours, présente des projets réalisés par des artistes et commissaires de la communauté artistique élargie.

SIGHTINGS est situé au rez-de-chaussée du Pavillon Hall au 1455 boul. de Maisonneuve Ouest.

Sightings 9 : Peinture canadienne

3 mars – 12 juin 2014
Une installation de Marc-Antoine K. Phaneuf

Marc-Antoine K. Phaneuf provoque des rencontres entre deux formes de culture antinomiques en présentant des artefacts issus de la culture populaire, à titre d’œuvres, dans des lieux de diffusion d’art contemporain. Il recourt à des jeux de langage ainsi qu’à la collecte et l’exposition d’objets kitsch pour dépeindre, avec beaucoup d’humour, certains faits sociologiques propres à notre époque et créer des espaces d’identification potentielle où le public est invité à réfléchir, par exemple, à son rapport à la célébrité et à la consommation.

Peinture canadienne lui permet de présenter son impressionnante collection de cartes de joueurs de hockey agencées de manière à évoquer les œuvres picturales d’artistes importants de l’histoire de l’art canadien, tels que Jean-Paul Riopelle, Paul-Émile Borduas et Serge Lemoyne. L’artiste reprend, au sein de cette installation, une méthode qu’il a explorée avec Riopelle, une œuvre de la même série qu’il a produite et exposée au centre d’artistes Le Lobe, à Chicoutimi, en 2013. Or, en investissant le module de SIGHTINGS avec cette nouvelle installation, il radicalise sa démarche et démontre sa rigueur conceptuelle. En rabattant l’espace d’exposition habituel du module à trois dimensions sur ses parois de plexiglas bidimensionnelles, devenues opaques, Marc-Antoine K. Phaneuf aborde plus directement la superficialité liée à l’idolâtrie vécue envers des objets de collection et des sportifs millionnaires. En rendant l’éclairage de son projet impossible, il affirme que l’absence de lumière réfère aux œuvres mal reproduites dans les vieux livres d’histoire de l’art et, par extension, à la piètre qualité photographique d’un grand nombre de ses cartes de joueurs de hockey. Ainsi, chacune des caractéristiques de son installation a été réfléchie pour multiplier et problématiser les rencontres entre la culture populaire et la culture spécialisée.

Possédant une formation en histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal, Marc-Antoine K. Phaneuf est artiste et auteur. Depuis 2006, son travail a été présenté dans plusieurs centres d’artistes autogérés, galeries et musées du Québec, dont le Centre Clark, l’Œil de Poisson, Vu Photo, le Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul, Articule, Le Lobe et le Musée régional de Rimouski. En 2013, il a été nominé pour le Prix Pierre-Ayot, remis par la Ville de Montréal et l’Association des galeries d’art contemporain, célébrant un artiste montréalais en début de carrière. Il a publié trois livres de poésie aux éditions Le Quartanier, dont Téléthons de la Grande Surface (Inventaire catégorique) en 2008, pour lequel il a été finaliste du prix Émile-Nelligan, et Cavalcade en cyclorama en 2013, écrit lors d’une performance d’écriture de huit jours. Il participe couramment à des lectures de poésie qui l’ont amenées, avec les Productions Rhizome, jusqu’en France et en Belgique. Il vit et travaille à Montréal.

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