Saon Data II, le mercredi 11 décembre à 19h à Eastern Bloc

 SALON : DATA II

 MICHAEL MERSEREAU
 KATE BOUCHARD

19h – 22h
Pour le deuxième Salon II : Data de la saison 2013 – 2014, les artistes Michael Mersereau et Kate Bouchard présenteront leurs projets, respectivement « Fear Eats the Soul » et « Les filmeurs de Sainte-Cécile ».

« Fear Eats the Soul » est une interprétation électronique du film de Rainer Fassbinder, « Ali: Fear Eats the Soul ». Prenant une nouvelle forme fondamentale de son et de lumière, le film se trouve devenir une autre oeuvre, et une expérience nouvelle pour le spectateur, une nouvelle façon de voir l’original. C’est un jeu sur la perception qui nous donne la possibilité de changer littéralement de point de vue.

Utilisant les deux formes de transmission les plus fondamentales, la lumière et le son, un programme informatique joue les sous-titres du film, les convertissant en code morse entre deux ‘lumières d’obstacles’. Ces lumières servent habituellement à prévenir les avions qu’un obstacle se trouve sur leur chemin en cas de trop grande obscurité. Il n’y a donc plus d’images, mais les deux éléments essentiels d’un film sont toujours là : son et lumière. Et avec le code morse, l’oeuvre prend une nouvelle dimension d’universalité.

La pièce de Michael Mersereau se joue sur 10 heures environ en raison de la durée qu’il faut pour réellement communiquer les dialogues en code morse. Cela lui confère une beauté absurde, puisque le morse n’est habituellement pas utilisé pour transmettre de longs romans ou films. Le travail de l’artiste s’inscrit généralement dans cette démarche de contre-productivité poétique qui flirte avec le non-sens. Le résultat est une incantation numérique d’émissions radiophoniques et de conversations intimes marquées de vulnérabilité dans lesquelles peurs et frustrations sont mises à nu. Les éléments filmiques sont comme vidés de sens, l’ossature fondamentale est retrouvée, pour retourner à quelque chose de presque primitif et d’essentiel.

Michael Mersereau (né en 1977) est un artiste médiatique multidisciplinaire et musicien expérimental. Il est de la baie de San Francisco en Californie du Nord, et détient une maîtrise de Mills College (Oakland, Californie) et un baccalauréat en Peinture / Dessin du California College of the Arts (San Francisco, CA). Mersereau partage son temps entre Oakland (en Californie) et à Montréal (au Québec). Parmi ses performances et expositions récentes, on compte «Haunting», une composition sonore pour le Choreographed Found Object de Molissa Fenley, une participation au Festival du Film Underground de Toronto, une exposition de groupe au avec le Toronto Transit System, The Last Show on Earth MFA pour le spectacle de thèse au Mills College, Monobandes II Exposition de groupe aux Territoires Gallery à Montréal, la 6ème Biennale WTA Textile qui s’est tenue au Musée Diego Rivera Anahuacalli à Mexico.

« Les filmeurs de Sainte-Cécile » est une installation vidéo qui questionne la frontière entre film documentaire et film d’art. Kate Bouchard a proposé à 17 enfants d’une classe d’accueil de l’école Sainte-Cécile du quartier Villeray, à Montréal, de filmer leur environnement scolaire sur une période de 6 mois. Ces enfants, issus de l’immigration, ont des niveaux de connaissance inégaux de la langue française. L’utilisation de la caméra, perçue comme un jouet à utiliser librement par les enfants, permet de dépasser cette barrière linguistique et de créer d’autres situations de communication. Chaque enfant exprime alors une sorte de subjectivité à partir de ses intérêts, ses habiletés, ses intuitions. L’œuvre ainsi formulée explore l’esthétique de l’amateurisme appliquée à une réalité que nous concevons habituellement d’un point de vue adulte, celle de l’immigration.

Traditionnellement, le documentaire est à l’image du discours rationnel : il utilise une rhétorique argumentative pour présenter le réel. L’auteur reste anonyme derrière sa caméra. Il essaie de disparaître selon des techniques et des protocoles bien définis. Quand les caméras sont tenues par les enfants, l’image est marquée de leurs mouvements spontanés, de leur candeur, de leur vitalité. L’image est travaillée par leur présence, leur rapport au monde d’enfants. Un point de vue que le spectateur, place au centre de la classe, peut alors épouser.

Kate Bouchard, montréalaise, étudie la production cinématographique à la Mel Hoppenheim School of Cinema de Montréal et la photographie à l’Université d’arts et sciences sociales de Santiago, au Chili. Elle termine présentement une maîtrise en communication (UQAM) qui porte sur l’exploration de la forme documentaire produite avec des enfants filmeurs issus d’une classe d’accueil aux immigrants. Elle travaille dans un groupe de recherche qui s’intéresse à la médiation artistique comme vecteur de l’innovation et du changement social.

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