© ADM8 - Trading Bot Performance, 2011

Rybn Adm8, exposition du 14 mai au 11 juin à 12h à la Galerie B-312

Dans le cadre de la Bian 2016, Automata, l’art fait par les machines pour les machines, la Galerie B-312 a invité le collectif RYBN à présenter ADM8, un projet d’envergure s’articulant autour de la spéculation boursière. Conçu à l’aide d’algorithmes sophistiqués, ADM8 s’immisce dans le marché boursier en effectuant en temps réel des transactions spéculatives automatisées en ligne. Lancé en 2011 avec un investissement initial de 12 000 $, le programme, disponible en source libre, demeurera en fonction jusqu’à ce qu’il fasse banqueroute. Vous pouvez suivre les transactions qu’il opère depuis son lancement à l’adresse : www.rybn.org/ANTI/ADM8

—L’usage de tels programmes automates est largement répandu sur les marchés financiers. Le défi est de concevoir des algorithmes qui permettent d’analyser le flux de données disponibles et de procéder, en l’espace de micro-secondes, à l’achat et à la vente de titres afin d’en maximiser le rendement. Ces transactions à haute fréquence (THF ou high-frequency trading) amènent de nouvelles problématiques règlementaires et éthiques. On se rappellera entre autres le krach de mai 2010, surnommé le Flash crash, qui provoquait, en l’espace de quelques minutes, la dégringolade puis la remontée du Dow Jones, le plus vieil indice boursier de New-York.

ADM8 est le huitième projet de Antidatamining, une série d’investigations et de propositions qui, depuis 2006, ausculte, met au jour et commente le phénomène du data mining 1. Le data mining est un processus d’analyse de données visant à extraire, à même une imposante cueillette d’informations, des schèmes ou des relations systémiques dynamiques, tentant d’en dégager une compréhension prospective afin d’optimiser l’impact d’actions ultérieures à mener. Cette connaissance expectative peut ensuite être appliquée à des besoins spécifiques : elle est souvent destinée à l’industrie et à la finance, mais également à la science, à la recherche, à la sécurité, aux études comportementales ou de marché. Cette technique s’est énormément développée compte tenu des outils technologiques actuels, de l’avalanche des données disponibles sur Internet et de la capacité de stockage massive de ces informations

.—Or, ce phénomène d’extraction de « connaissances » à partir d’amalgames de données soulève plusieurs problématiques : perte de contrôle, surveillance, vie privée, éthique, impact politique, social et économique. Si l’exploration statistique permet de prédire ou d’anticiper des phénomènes complexes permettant un éclairage inédit sur la connaissance humaine, le miroir qu’elle tend ne constitue-t-il pas un nouvel aveuglement ? En nous confrontant à la réalité désincarnée des actions transigées, ADM8 en soulève quelques aspects troublants.

— MARTHE CARRIER

1. Le data mining est souvent traduit par prospection ou fouille de données, ce qui n’est pas sans rappeler la terminologie associée à l’exploration minière, trahissant peut-être, au-delà des vocables langagiers, des affinités plus souterraines.

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