Simon Menner
Top Secret. The Stasi Archives
Le Mois de la Photo à Montréal présente, en partenariat avec OPTICA, centre d’art contemporain,
Top Secret. The Stasi Archives de Simon Menner.
Le Mois de la Photo à Montréal – 14e édition
La condition post-photographique
Commissaire invité : Joan Fontcuberta
Les archives sont-elles la forteresse du pouvoir ? Le 15 janvier 1990, des centaines de citoyens en colère ont pris d’assaut le siège de la Stasi – la sinistre police secrète de l’Allemagne communiste – et sont parvenus à préserver une bonne partie de ses archives. Cette opération a permis de sauver des millions de fiches, de photos, de films et d’enregistrements, qui font encore aujourd’hui l’objet de plus de 5 000 demandes de consultation par mois.
Simon Menner a fouillé dans ces archives qui auraient sans doute fait les délices de Foucault. Pendant deux ans, Menner s’est consacré à la recherche d’images ayant un lien avec les thèmes centraux de son travail : l’observation, la surveillance et le camouflage. Les images trouvées étaient anodines en apparence, mais elles se révélaient hilarantes ou atroces selon l’humeur du spectateur, suivant qu’il ait souffert ou non de la répression exercée par la Stasi et de la terreur qu’elle faisait régner. Il s’agit parfois de photos qui servaient à enseigner divers codes et signaux aux espions, ou encore d’images documentant des opérations secrètes de perquisition montrant l’emplacement des objets dans une scène, de façon à pouvoir les replacer exactement comme ils étaient avant leur inspection. D’autres, enfin, offrent des exemples de déguisement des agents, de leurs costumes et des accessoires utilisés pour passer inaperçu.
Comme Menner les a ordonnées et agencées, les photographies décontextualisées de la série Top Secret: Images from the Stasi Archives (2011-2013) peuvent ressembler à un croisement entre les œuvres de Hans-Peter Feldmann, de Sophie Calle et de Cindy Sherman, mettant en relief les notions d’auteur, de disponibilité, d’appropriation et de récit. Elles démontrent également comment la banalisation du mal – si bien analysée par Hannah Arendt – peut être révélée par la mise en lumière des vestiges négligés d’une mémoire malmenée.
Joan Fontcuberta
Commissaire invité
Roy Arden
The World as Will and Representation
Le Mois de la Photo à Montréal présente, en partenariat avec OPTICA, centre d’art contemporain,
The World as Will and Representation de Roy Arden.
Le Mois de la Photo à Montréal – 14e édition
La condition post-photographique
Commissaire invité : Joan Fontcuberta
En 1818, Arthur Schopenhauer publiait Le monde comme volonté et comme représentation, ouvrage considéré comme la manifestation la plus élaborée du pessimisme philosophique. Pour Schopenhauer, la connaissance du monde et de ce qu’il signifie doit venir de l’expérience esthétique. L’être humain est esclave de son désir, de sa volonté aveugle de vivre : « L’existence n’est qu’une suite de peines et de tourments. » Mais pour les surmonter, nous avons l’art : la contemplation esthétique détourne l’être de la chaîne infinie des désirs et des besoins.
En 2004, Roy Arden a repris le titre de cet ouvrage capital pour présenter à son tour un essai visuel qu’on peut considérer comme précurseur des fondements de la post-photographie. L’œuvre consiste en un diaporama austère, formé d’une succession vertigineuse de 28 144 images trouvées sur Internet, dont l’arbitraire choquant nous hypnotise devant l’écran pendant une heure, trente-six minutes et cinquante secondes. Ces séries d’images devaient servir à l’origine de matériau pour réaliser des collages. À partir de 1985, Arden a réorienté son approche documentaire pour travailler exclusivement avec des images d’archives afin de créer une nouvelle forme de «peinture d’histoire».
Le flux kaléidoscopique de The World as Will and Representation – Archive 2007 (2007) rend compte des manifestations les plus variées de la vie, formant ainsi un répertoire exhaustif basé sur des choix aléatoires qui nous laissent en proie à l’étonnement et à la confusion. Bien que cette œuvre puisse paraître une célébration du savoir encyclopédique et du triomphe de la culture de l’archive, elle révèle plutôt la subordination de toute volonté de classification et de connaissance à l’incontournable poétique du hasard.
Joan Fontcuberta
Commissaire invité
Le Mois de la Photo à Montréal – 14e édition
La condition post-photographique
Commissaire invité : Joan Fontcuberta
Les archives sont-elles la forteresse du pouvoir ? Le 15 janvier 1990, des centaines de citoyens en colère ont pris d’assaut le siège de la Stasi – la sinistre police secrète de l’Allemagne communiste – et sont parvenus à préserver une bonne partie de ses archives. Cette opération a permis de sauver des millions de fiches, de photos, de films et d’enregistrements, qui font encore aujourd’hui l’objet de plus de 5 000 demandes de consultation par mois.
Simon Menner a fouillé dans ces archives qui auraient sans doute fait les délices de Foucault. Pendant deux ans, Menner s’est consacré à la recherche d’images ayant un lien avec les thèmes centraux de son travail : l’observation, la surveillance et le camouflage. Les images trouvées étaient anodines en apparence, mais elles se révélaient hilarantes ou atroces selon l’humeur du spectateur, suivant qu’il ait souffert ou non de la répression exercée par la Stasi et de la terreur qu’elle faisait régner. Il s’agit parfois de photos qui servaient à enseigner divers codes et signaux aux espions, ou encore d’images documentant des opérations secrètes de perquisition montrant l’emplacement des objets dans une scène, de façon à pouvoir les replacer exactement comme ils étaient avant leur inspection. D’autres, enfin, offrent des exemples de déguisement des agents, de leurs costumes et des accessoires utilisés pour passer inaperçu.
Comme Menner les a ordonnées et agencées, les photographies décontextualisées de la série Top Secret: Images from the Stasi Archives (2011-2013) peuvent ressembler à un croisement entre les œuvres de Hans-Peter Feldmann, de Sophie Calle et de Cindy Sherman, mettant en relief les notions d’auteur, de disponibilité, d’appropriation et de récit. Elles démontrent également comment la banalisation du mal – si bien analysée par Hannah Arendt – peut être révélée par la mise en lumière des vestiges négligés d’une mémoire malmenée.
Joan Fontcuberta
Commissaire invité
Le Mois de la Photo à Montréal – 14e édition
La condition post-photographique
Commissaire invité : Joan Fontcuberta
En 1818, Arthur Schopenhauer publiait Le monde comme volonté et comme représentation, ouvrage considéré comme la manifestation la plus élaborée du pessimisme philosophique. Pour Schopenhauer, la connaissance du monde et de ce qu’il signifie doit venir de l’expérience esthétique. L’être humain est esclave de son désir, de sa volonté aveugle de vivre : « L’existence n’est qu’une suite de peines et de tourments. » Mais pour les surmonter, nous avons l’art : la contemplation esthétique détourne l’être de la chaîne infinie des désirs et des besoins.
En 2004, Roy Arden a repris le titre de cet ouvrage capital pour présenter à son tour un essai visuel qu’on peut considérer comme précurseur des fondements de la post-photographie. L’œuvre consiste en un diaporama austère, formé d’une succession vertigineuse de 28 144 images trouvées sur Internet, dont l’arbitraire choquant nous hypnotise devant l’écran pendant une heure, trente-six minutes et cinquante secondes. Ces séries d’images devaient servir à l’origine de matériau pour réaliser des collages. À partir de 1985, Arden a réorienté son approche documentaire pour travailler exclusivement avec des images d’archives afin de créer une nouvelle forme de «peinture d’histoire».
Le flux kaléidoscopique de The World as Will and Representation – Archive 2007 (2007) rend compte des manifestations les plus variées de la vie, formant ainsi un répertoire exhaustif basé sur des choix aléatoires qui nous laissent en proie à l’étonnement et à la confusion. Bien que cette œuvre puisse paraître une célébration du savoir encyclopédique et du triomphe de la culture de l’archive, elle révèle plutôt la subordination de toute volonté de classification et de connaissance à l’incontournable poétique du hasard.
Joan Fontcuberta
Commissaire invité
Montréal (Québec) H2T 3B2